mercredi 23 avril 2025

CD. Richard Strauss : An Alpine Symphony, Ein Alpensinfonie. Daniel Harding, direction

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Strauss_alpine symphony Daniel hardingCD. Richard Strauss : An Alpine Symphony Ein Alpensinfonie. Daniel Harding, direction. A la tête de l’Orchestre Saito Kinen au Japon le chef britannique s’attaque à un monstre symphonique qui à son époque égale les fusées mahlériennes, aspirées depuis leurs premières notes, vers la cime des étoiles. C’est une formidable machine qu’un bon chef habitué des grands effectifs doit faire décoller… comme un vaisseau spatial. Malgré son prétexte anecdotique (les étapes d’une ascension dans les Alpes avec en point culminant la magnificence des sommets enneigés, la tempête comme catastrophe, puis la descente dans un climat d’apaisement extatique), l’œuvre comme c’est le cas de la Symphonie pastorale de Beethoven (comptant elle aussi un orage) est moins descriptive que hautement symbolique, son propos exprimant tous les sentiments suscités par le miracle de la nature : une admiration non dépourvue d’inquiétude voire de surprise.
Hardin comme Jordan et l’orchestre de l’Opéra de Paris, dans une version récente (2012), se montre à la hauteur d’une partition impressionnante, convaincant par son sens de l’architecture comme de la clarté de la polyphonie. La baguette veille à chaque entrée, soigne l’éloquence majestueuse des thèmes, mesure la brume de la texture orchestrale sans noyer les timbres, avec une évidente préoccupation de clarté dans les étagements et la spatialisation (cors lointains, bois, cloches…). Il y manque cependant un vrai souffle capable de tirer le développement et l’enchaînement des séquences (parfaitement décrites) au delà d’un simple catalogue d’effets et d’idées (certaines géniales) strictement réaliste. Harding expose la totalité des composantes du très riche flux musical, sans vraiment prendre parti, or il faut cependant une vision mystique et panthéiste voire à défaut poétique, pour assurer ce lien organique qui fait l’unité de la partition. Jordan par exemple savait travailler avec une réelle sensibilité chambriste la transparence et la lumineuse activité de l’œuvre. Cependant l’honnêteté du chef britannique qui fait effectivement tout entendre, reste louable.
Terminée en 1915, Une symphonie Alpestre recueille l’expertise du Strauss narratif doué d’un remarquable tempérament dramatique dans ses nombreux poèmes symphoniques. S’y amplifie ce flot impétueux d’essence philharmonique au très grand format qui rappelle souvent la démesure et le flamboiement spirituel de l’opéra contemporain La Femme sans ombre (qui sera d’ailleurs créé après la guerre). Le déluge et les vertigineuses portées orchestrales dépassent de loin tout ce qui a été entendu, soulignant le Strauss bâtisseur à l’échelle du cosmos. Sans vraiment s’imposer cette nouvelle lecture, apporte la preuve d’une partition de haute valeur qui exige précision et profondeur.

Richard Strauss : Eine Alpensinfonie, An Alpine Symphony. Saito Kinen Orchestra. Daniel Harding, direction. Parution : le 3 mars 2014. 1 cd Deca 0289 478 6422 6 CD DDD DH

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