Le Théâtre du Châtelet continue à éblouir et divertir par des productions inattendues et des partenariats de choc ! Nous retrouvons ce soir l’équipe artistique de My Fair Lady, avec le bien-aimé de la maison Robert Carsen pour la mise en scène, Anthony Powell aux costumes et Tim Hatley aux décors. L’oeuvre est une nouvelle version scénique du film musical mythique « Singin’in the Rain ». Grand favori des amateurs de la comédie musicale cinématographique, le spectacle parisien captive l’auditoire avec un mélange savant de danses inspirées de Gene Kelly (protagoniste du film), de talents concertés de tous les artistes engagés, danseurs, chanteurs, comédiens portés par un Orchestre de Chambre de Paris au meilleur de sa forme.
Gaîté, humour, beauté sont au rendez-vous
Singin’ in the Rain est à l’origine une œuvre qui parle de son propre milieu, un film des années 50 qui traite de la célébrité et de la transition du cinéma muet au cinéma parlé. Un film musical d’une fraîcheur inextinguible avec la forte et belle présence de la danse. La musique consiste en chansons plus ou moins à succès des années 20 et 30. Dans les mains de Robert Carsen en 2015, il devient une version scénique respectueuse de l’œuvre originelle avec une appropriation subtile du metteur en scène qui y déploie astuces et techniques qu’on a appris désormais à aimer. Nous avons ainsi un Singin’ in the Rain qui suit le film original, avec le théâtre dans le théâtre cher à Carsen ; un concert de paillettes et de lumières, une danse réduite par rapport au film- inspiré de Gene Kelly (signée Stephen Mear), une troupe de chanteurs, danseurs et comédiens au service de l’humour qui cultivent surtout la joie légère du spectacle.
Dan Burton dans le rôle principal de Don Lockwood est tout à fait habité par la joie généralisée de la musique. Il offre à l’auditoire une performance pleine d’entrain, avec des danses redoutables qu’il interprète solidement, avec un grand sourire contagieux et une attitude charmante, pétillante. Le duo qu’il compose avec Daniel Crossley dans le rôle de son répétiteur Cosmo Brown, est une réussite. Le dernier campe un Cosmo drôle et acrobatique à souhait. Il a aussi quelque chose de touchant, mais impressionne surtout par sa réactivité. La Kathy Selden de Clare Hasle rayonne de piquant comme de caractère. Elle est à la fois humble et altière, idéaliste et pragmatique, attendrissante et comique. Remarquons également la Lina Lamont d’Emma Kate Nelson. Elle est fabuleuse dans son interprétation de l’actrice méchante et capricieuse, avec la voix la plus fausse du monde (bien évidemment électroniquement modifiée), des répliques pleines de panache, et une allure élégante qui contraste superbement avec le personnage plus prétentieux que distingué. Jennie Dale dans les rôles de Dora la présentatrice et du Coach de diction de Lamont est un tour de force théâtral, musical et dansant ! Elle régale l’auditoire de ses talents, toujours avec cette grande joie à laquelle personne ne peut rester insensible.
La prestation de l’Orchestre de Chambre de Paris s’inscrit dans le bonheur global qu’offre cette création mondiale. Nous sommes très rapidement éblouis par le travail du chef Gareth Valentine. Les musiciens font preuve d’un sens théâtral indéniable et d’une grande adaptabilité. La musique toujours plaisante est jouée avec gaîté et justesse. Un spectacle qui est déjà un grand succès populaire et que vous pourriez (re)voir à la saison prochaine à partir du mois de novembre ou essayer de decouvrir maintenant au Théâtre du Châtelet tous les jours du 12 au 26 mars 2015. Vivement recommandé.