Poitiers TAP. Temps forts de la saison 2015 – 2016. Elle est pas jaune la vie ? le TAP Poitiers, Théâtre Auditorium de Poitiers promet pour la saison musicale 2015 – 2016, le grand frisson et se pare d’une belle et lumineuse robe jaune (la couleur de ses façades qui surplombe la ville) pour porter sa nouvelle saison, une saison qui au moment où nous bouclons cet article, est marquée comme c’est le cas de tout le milieu culturel en France par les attentats survenus à Paris le 13 novembre 2015. L’attaque a ciblé des lieux de vie, de culture, l’art de vivre à la française. « Pour notre part précise le TAP dans un encadré spécial depuis sa homepage, « nous continuerons avec vous à favoriser l’intelligence, le partage, la pensée, l’art et la culture ». Résister en allant au spectacle… la culture, arme de résistance contre la barbarie ? L’idée nous plaît. A Poitiers, la culture vivante, différente, stimulante à partager tout au long des mois à venir, c’est au TAP. En voici les temps forts :
Saison 2015 – 2016 au TAP de Poitiers
La vie en jaune
La nouvelle programmation privilégie l’Allemagne comme une destination régulière à laquelle répondent présents évidemment les orchestres associés du TAP : Orchestre Poitou-Charentes, Orchestre des Champs-Elysées, Ars Nova ensemble instrumental. C’est à nouveau une fête orchestrale grâce à l’engagement et la passion des chefs qui dirigent chaque phalange respectivement Jean-François Heisser, Philippe Herrewghe, Philippe Nahon. Orchestre sur instruments modernes, sur instruments anciens et ensemble dédié à la création et à la musique contemporaine : le TAP propose une offre particulièrement complète, intégrant toutes les esthétiques et les types d’interprétation actuels. Le TAP joue aussi la diversité des formes (complémentaires : chorales, musique de chambre, symphonique, opéra, danse…). Dans son exceptionnel auditorium à l’acoustique somptueuse, les ensembles virtuoses tels Vox Luminis, le Quatuor Artemis, la pianiste Anne Queffélec entre autres sauront illuminer une saison à la fois exigeante et festive. Nouveauté cette année, l’événement hors normes annoncé le 19 mai 2016 (« concept vitaminé et original ») : un cycle festif d’un nouveau genre associant les orchestres associés en résidence au TAP dans plusieurs performances simultanées à 21h. Cerise attendue, liée à un beau souvenir produit de la saison dernière, l’opéra Macbeth : où le metteur en scène sud-africain Brett Bailey entouré de toute son équipe, instrumentistes, chanteurs-, revisite la partition shakespearienne de Verdi. Au total 14 dates à ne pas manquer pour une saison diversifiée, audacieuse, surprenante.
Jeudi 12 novembre 2015, 20h
Orchestre Poitou Charentes, Nicolas Dautricourt (violon)
Mendelssohn, Sibelius, Schumann
Lundi 7 décembre 2015, 20h
Orchestre des Champs-Elysées, Isabelle Faust (violon)
Philippe Herrewghe
Beethoven : Symphonies et Concerto pour violon. Superbe concert symphonique au Théâtre Auditorium de Poitiers, ce 7 décembre 2015 où la fine caractérisation des instruments d’époque renouvelle notre perception des deux premières Symphonies et du Concerto en ré de Ludwig van Beethoven. Philippe Herreweghe s’intéresse au Beethoven le plus fougueux, le plus libérateur celui qui des cendres encore
chaudes de la Révolution, bâtit un nouvel ordre musical, poétique et esthétique offrant
enfin au siècle romantique, un langage digne de ses ambitions et de ses défis. Partenaire de l’orchestre dans le Concerto pour violon, l’éblouissante violoniste Isabelle Faust, alliant finesse, pudeur, intériorité restitue au Concerto en ré majeur, son étoffe émotionnelle tissée d’élan et de promesse amoureuse car Beethoven est alors le fiancé secret de Thérèse de Brunswick. Présentation du concert, informations, réservations
Dimanche 20 décembre 2015, 15h
Concert de Noël – Orchestre Poitou Charentes
Adrien Perruchon, direction
L’opérette fait la fête : air des clochettes de Lakmé, La Traviata, le Chanteur de Mexico avec Isabelle Philippe (soprano) entre autres…
Vendredi 8 janvier 2015, 20h30
Théâtre Blossac
Neevermind. Couperin versus Bach : le clavecin délirant, insolent, percutant. Avec ses airs d’ado échevelé, le claveciniste français Jean Rondeau s’entoure de quelques amis instrumentistes pour jouer François Couperin (extraits des Nations) et Jean-Sébastien Bach (Sonate BWV 1039, extrait de L’Offrande musicale). Couperin, musicien proche de la Cour de Louis XIV et Bach, directeur de la musique de Leipzig (Cantor à Saint-Thomas) sont à la fois proches car contemporains mais aussi très différents…
Mercredi 20 janvier 2016, 20h30
Quatuor Artemis
Schubert, Chostakovitch, Brahms
Le TAP poursuit ses invitations aux grandes formations dédiées à la musique de chambre. Après les Modigliani, Diotima, Jerusalem, voici les Artemis : ils décochent leurs flèches /archets avec une maîtrise exceptionnelle de la sonorité chaude et intérieure et de la vivacité. Les quatre instrumentistes du Quatuor berlinois traversent en la ciselant la mélancolie chaleureuse et envoûtante de Schubert et Brahms (les grands romantiques allemands), mis en dialogue avec Chostakovitch.
Jeudi 4 février 2016, 19h30
Orchestre des Champs Elysées
Debussy, Magnard, Chausson
Louis Langrée, direction
Soirée de musique symphonique romantique et française avec l’Orchestre des Champs Elysées sous la direction de son premier chef invité, Louis Langrée. Au programme, scintillement liquide et impressionniste (sur instruments d’époque donc) : avec La Mer de Claude Debussy ; le Poème de l’amour et de la mer de Chausson dont la force poétique captive comme un parfum vénéneux ; mais aussi le rare Hymne à la justice de Magnard. Avec Gaëlle Arquez, mezzo-soprano (que l’on retrouve dans Les Nuits d’été de Berlioz, le 8 mars 2015).
Jeudi 11 février 2016, 20h30
Théâtre musical. Faust in the box
Ars Nova ensemble instrumental, le collectif créé et dirigé par Philippe Nahon porte l’intensité fantastique, dramatique d’un spectacle inédit (création) qui revisite le mythe de Faust ; qui est Faust? C’est un professeur désenchanté qui accepte de servir le Diable pour obtenir tout ce qu’il veut : vendre son âme au diable n’est pas un geste insignifiant et le spectacle conçu et mis en scène par Andrea Liberovici s’intéresse à la quête du philosophe, sa course à l’abîme qui est en fait sa quête de lui-même. La chanteuse Helga Davis (qui a participé à la récente recréation d’Einstein on the beach de Glass / Wilson) incarne à Poitiers un Faust, héros universel, mi homme mi femme qui traversant plusieurs scènes comme autant d’illusions troublantes (théâtre d’ombres en vidéo), indique ici la voie/voix intérieure profonde, déchirante et impuissante d’un solitaire désœuvré en recherche de sa propre identité.
Mercredi 17 et jeudi 18 février 2016
20h30, 19h30
Opéra. Macbeth de Brett Bailey d’après Verdi
Après son étonnant et mémorable Exhibit B présenté la saison passée au TAP, voici l’opéra Macbeth du metteur en scène sud-africain Brett Bailey. Le drame shakespearien, portrait bouleversant de deux bourreaux sanguinaires, se passe ici au Congo. L’ascension au pouvoir du couple Macbeth, ivre de pouvoir, dresse la satire du néo-colonialisme. Sociétés d’exploitation minières et seigneurs de guerre s’entendent pour confisquer et exploiter les ressources naturelles au mépris de la justice et de la loyauté. A partir de l’opéra de Verdi, composé au XIXè et source d’un réalisme dramatique violent et sauvage, Brett Bailey concocte un résumé flamboyant et lyrique des pulsions les plus terrifiantes de l’âme humaine. Atroce et grandiose à la fois. La production réunit 24 chanteurs et musiciens (No Borders Orchestra).
Mardi 8 mars 2016, 20h30
Orchestre Poitou-Charentes
Haendel, Berlioz, Schoeller, Haydn
Le chef néerlandais Arie Van Beek, grand virtuose des relectures sur instruments anciens, nous offre un programme éclectique, baroque (Water music de Haendel), romantique (Les Nuits d’été avec Gaelle Arquez, mezzo soprano), contemporain (2ème mouvement de Tiger, « concerto animal »), sans omettre pilier du répertoire des orchestres classiques en formation Mannheim propre à la fin du XVIIIè : la Symphonie n°73 La Chasse de Joseph Haydn, le père de la Symphonie viennoise y combine avec une science inégalée (sauf Mozart), élégance, raffinement et humour.
Joseph Haydn : Les 7 dernières paroles du Christ en croix
Orchestre des Champs Elysées / Collegium Vocale Gent
Philippe Herrewghe choisit une pièce plus connue dans sa version pour quatuor à cordes. Ici, l’orchestre et le chœur expriment chacune des stations de la Passion du Christ : musique ardente et dramatique, intérieure et spirituelle, ciselée avec une finesse pudique et une subtilité d’intonation inouïes. Haydn y affirme sa maîtrise de la mesure, de l’équilibre, de la profondeur. Avec point spectaculaire et final : le tremblement de terre qui conclue le cycle christique, quand expire et meurt Jésus crucifié.
Lundi 4 avril 2016, 20h30
Dans le cadre du Festival de danse Á corps
Bach / Passion / Johannes
Laurent Chétouane / Solistenensemble Kaleidoskop
5 danseurs et 7 instrumentistes expriment librement la force dramatique et mystique de la Passion de Jean-Sébastien Bach, la plus dramatique et la plus noire aussi, la Saint-Jean. Autant la Saint-Matthieu est humaine et tendre, fraternelle et portée par un sentiment de compassion, autant la Saint-Jean, plus resserrée, saisit par sa violence, ses éclairs intérieurs, l’âpreté du drame qui se joue. Les interprètes proposent une lecture libre de la partition de Bach : non pas lecture traditionnelle mais réappropriation originale pour « y rechercher le renouveau par un ascétisme profond ». Après une vision du Sacre du Printemps marquante en 2014, le nouveau spectacle de Laurent Chétouane, entre magie et liberté, poésie et fausse impro, s’annonce prometteur.
Vendredi 8 avril 2016, 20h30
Danse. Tragédie par Olivier Dubois.
Créé au Festival d’Avignon en 2012, la chorégraphie d’Olivier Dubois emmène spectateurs et danseurs entre transe et danse tribale. Au total 9 hommes et 9 femmes totalement nus, exposent leur nudité engagée dans une ronde universelle, dans une marche sublimée où le corps exposé affiche une humanité fière, militante, magnétique… où le mouvement collectif se fait hymne et révolution. Le corps dénudé veut dire la liberté et la fraternité, le miracle d’être et d’agir ensemble…
Mardi 26 avril 2016, 20h30
Vox Luminis. Lionel Meunier
Schütz et ancêtres de Bach
L’ensemble Vox Luminis porté par l’engagement et l’énergie de son créateur le baryton basse Lionel Meunier aborde les compositeurs qui ont fait son succès et nourri sa réputation : les auteurs baroques d’un mysticisme accessible, franc et direct. Ancien élève du flûtiste Hugo Reyne, venu par passion et révélation au chant en écoutant / découvrant Peter Kooy dirigé par Philippe Herreweghe dans Bach justement, Lionel Meunier joue à Poitiers le programme de son récent album dédié aux pré-baroques germaniques, aux ancêtres de Jean-Sébastien : non pas ses fils de mieux en mieux connus tels Carl Philipp Emanuel, mais ses aînés virtuoses dans le genre du motet. Au programme également, la Bible musical sacrée de tout amateur du Baroque allemand : Musikalische Exequien de Schütz, cathédrale chorale d’une absolue poésie, entre ferveur et méditation collective.
Jeudi 19 mai 2016
COKTAIL avec l’Orchestre Poitou Charentes
L’enjeu est passionnant : le TAP propose au public de renverser les codes et les traditions habituelles du concert classique. Plusieurs espaces (surprenants, donc engageant un rapport public / musiciens, différent ; une réalité sonore inhabituelle aussi) sont investis par les orchestres et ensembles associés au TAP, en résidence in situ, dans plusieurs performances gratuites et payantes. Pour ce rendez-vous hors normes promis à ce renouveler chaque année (pour chaque fin de saison), un orchestre en particulier est mis à l’honneur : en mai 2015, il s’agit de l’Orchestre Poitou-Charentes dont les musiciens s’ils font tomber la cravate, n’oublient pas leurs instruments, invitants des solistes extérieurs pour des joutes nouvelles et stimulantes (accordéon, piano, violoncelle…). Un cocktail spécialement conçu et servi pour l’occasion sera proposé aux spectateurs, d’où le nom de l’événement. C’est une forme de spectacle conviviale et décomplexée où les musiciens entendent renouveler la relation au public. Le chef Jean-François Heisser pourrait bien jouer le maître de cérémonie et égrener au piano, les airs enivrants que l’on joue au bar d’un grand hôtel…
déroulé indicatif de la soirée COCKTAIL au TAP Poitiers :
19h15 : Concerto pour piano n°2 de Camille Saint-Saëns
TAP Auditorium
Bertrand Chamayou joue l’un des Concertos les plus passionnés de la musique romantique française (composé par Saint-Saëns en 1868), vrai défi pour le soliste, le chef et les instrumentistes de l’orchestre. Un récent enregistrement du Concerto par le pianiste virtuose sinosuisse Louis Schwizgebel (1 cd Aparté) avait particulièrement convaincu révélant la ferveur virtuose et fantaisiste, parfois délirante de l’inspiration d’un saint-Saëns lui-même prodige pour le clavier… Le début du Concerto plagie Bach en une sublime phrase introductive puis sa savante et libre architecture s’inspire aussi des grands romantiques allemands (Chopin, Schumann, Liszt), Jean-François Heisser et son orchestre Poitou Charentes devraient défendre avec autorité et expressivité ce sommet du Concerto romantique français, si rarement joué, justement en raison de ses difficultés.
21h : Quintette pour piano et vents de Mozart
TAP Auditorium
21h : Solo Vincent Peirani, accordéon
TAP Quai de livraison
21h : Duo Bertrand Chamayou, piano et François Salque, violoncelle
TAP Plateau B
21h45 : Samuel Strouk, grand invité de l’Orchestre Poitou Charentes
TAP Théâtre. Samuel Strouk entre jazz et World music compose spécialement une pièce pour l’Orchestre Poitou Charentes, sachant exploiter au mieux toutes les nuances expressives, les couleurs, les timbres des instruments. François Salque au violoncelle et Vincent Peirani à l’accordéon participent activement à ce bain bouillonnant d’accents et de nuances, éléments d’une World Music symphonique d’un nouveau genre dont la résonance inédite sera inaugurée au TAP pour l’événement COCKTAIL 2016. En prélude à cette création orchestrale, la Création du Monde, très jazzy de Darius Milhaud.
La saison musicale au TAP de Poitiers 2015 – 2016
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