jeudi 24 avril 2025

Marco Marazzoli,La Vita HumanaFrance musique, le 25 octobre à 10h

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Mercredi 25 octobre à 10h
Concert enregistré
au Festival d’Ambronay,
le 15 septembre 2006
en l’abbatiale d’Ambronay

Marco Marazzoli
La vita humana,
1656
Rome, Palazzo Barberini

Claire Lefilliâtre, la vie humaine
Camille Poul, l’Innocence
Isabelle Druet, la Faute
Jean-François Lombard, la Raison
Arnaud Marzorati, le Plaisir
Le Poème Harmonique
Vincent Dumestre, direction

Comme ce fut le cas de leur spectacle triomphal, le Bourgois Gentilhomme de Lully et Molière, le directeur du Poème Harmonique et le metteur en scène Benjamin Lazar, propose en abordant l’oratorio de Marazzoli, « La vita humana« , un nouveau travail fondé sur la rhétorique.
Cette volonté d’expliquer et de rendre vivant, grâce à un ensemble de signes et de figures agissantes, est d’autant plus pertinente que l’oeuvre a été conçue dans l’Italie de premier Baroque (XVII ème siècle ou Seicento en Italien), dans le contexte de la Contre-Réforme, où l’église avait besoin de « remplir les lieux de culte » souligne Vincent Dumestre. Une musique exclamative et spectaculaire, expressive et gestuelle, était alors à la mode.

La Vita Humana est une partition au carrefour de l’opéra et de l’action sacrée : son dramatisme permet de relier chant et geste. Et les interprètes ont articulé leur approche sur l’éloquence et l’amplitude spatiale de l’oeuvre. Ainsi, en 1656, la partition, sans avoir les dimensions d’un véritable opéra qui met en scène de nombreux personnages, offre un huit-clos de 5 protagonistes dont chacun est superbement caractérisé : les airs et les récitatifs sont équilibrés. L’invention et la liberté de l’écriture musicale empêche tout temps mort.
L’apport du compositeur est d’autant plus intéressante, que harpiste de formation, il s’ingénie à enrichir la texture et les effets du discours musical, et pensait « de manière contrapuntique plutôt qu’harmonique » précise Vincent Dumestre.
Le point de vue des auteurs, Marazzoli et son librettiste Giulio Rospigliosi, est humain : même s’il s’agit d’allégories, chaque incarnation est intensément vécue et leur texte d’une grande simplicité dont la vérité renvoie à l’opéra vénitien qui à l’époque, recueille la leçon du génie Montéverdien.

La Vita Humana interroge le fond de l’âme : c’est bien le parcours d’une existence qui est ici « décortiquée », pour reprendre le terme des interprètes. Comme les leçons d’anatomie, illustrée par exemple par Rembrandt, le parcours de l’âme est analysé, le poids de ses vertus et de ses fautes, évalué et disséqué à mesure qu’elle est confrontée aux grandes tentations de la vie :celle du Plaisir en particulier.
Pour rendre palpitant une leçon de morale chrétienne, Marazzoli emprunte à l’opéra ses ficelles dramatiques, comme le sommeil de la Raison à l’acte III, prise au piège car elle boit un breuvage qui la fait dormir. La limite avec l’opéra est d’autant moins évidente que l’oeuvre fut représentée au Teatro Barberini, haut lieu de l’art lyrique et des déploiements fastueux de la Rome baroque.
Séduire et enchanter, exprimer la divine sensualité et l’expression languissante pour mieux captiver, informer, édifier, évangéliser.
Les illusions vertigineuses du théâtre baroque sont ici synthétisées. Si l’expérience du spectacle et de la musique s’avère troublante et captivante, le but final n’en est pas pour autant écarté : il s’agit toujours d’élever l’âme.

Approfondir
Découvrez notre entretien avec le baryton français, Arnaud Marzorati qui chante le rôle du Plaisir dans la Vita Humana. Nous avions rencontré l’inteprète en juin 2006 après un concert au théâtre de Poissy.

Illustrations
Guido Reni, l’union de la couleur et du dessin (Paris, musée du Louvre)
Caravage, La Madeleine Pénitente (Rome, Palazzo Doria Pamphili)

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