mardi 22 avril 2025

DVD, compte rendu critique. SOTELO : El Publico (Madrid, 2015 – 1 DVD Bel Air classiques)

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Sotello el publico gerard mortier madrid dvd EL PUBLICO clic de classiquenews 71u2owrpbkl._sl1200_DVD, compte rendu critique. SOTELO : El Publico (Madrid, 2015 – 1 DVD Bel Air classiques). Un directeur de théâtre est contre son gré, forcé par son amant, d’assumer son homosexualité… dévoilé, il doit faire face au regard des autres… l’intrigue inspirée de la pièce de Lorca (1930, El publico) est défendue par Gérad Mortier à Madrid, avant sa mort : on y retrouve un thème qui le concerne intimement et aussi, le goût des sujets de société qui « forcent » toujours l’étroitesse de la pensée bourgeoise et conformiste. En somme des sujets d’opéras qui rétablissent la connexion entre le théâtre lyrique et la société contemporaine. Aucun doute, l’opéra pour l’ex directeur n’est pas qu’un divertissement pour nantis, c’est plutôt un lieu de réflexion et de prise de conscience : on ne peut que souscrire à cette conception.

Pour donner consistance musicale à ce nouvel opéra créé en 2015, – parmi les nombreuses commandes pilotées par Mortier, promoteur de la création et d’une modernité toujours en connexion avec la société, (— cf. la création de The Perfect American de Philip Glass , ou en janvier 2014 également à Madrid, de l’opéra de Charles Wuorinen : Brokeback Mountain d’après la film de Ang Lee de 2005 inspiré du roman d’Annie Proulx ), regroupe une équipe qu’il connaît bien : les instrumentistes du Klangforum Wien, associé au choeurs de l’Opéra real de Madrid, dirigés par un chef complice lui aussi, Pablo Heras-Casado.
CLIC_macaron_2014L’univers tourmenté et surréaliste de Lorca, qui croise visions, réflexion sur l’écriture et l’incarnation théâtrale, comme onirisme et satire cauchemardesque, trouve une parure poétique et souvent enivrante grâce au scénographe, ex assistant de Sellars, Robert Castro, tandis que la musique de Mauricio Sotelo (né en 1961) mêle avec une suggestivité riche, accents pénétrants flamenco, et texture concrète et transparente d’un orchestre tissé dans l’allusion cotoneuse. Il en découle une oeuvre à la fois pilote (pour un nouvel opéra purement espagnol et moderne, selon les voeux de Mortier), une partition à la fois mordante, âpre et révélatrice : la scène théâtrale et ici lyrique, dévoile, rend visible le secret, favorise la transformation de la société comme l’immuabilité apparente, illusoire et bourgeoise des choses. Réputée injouable, la pièce de Lorca – révélée au Théâtre de la Colline à Paris par Lavelli en 1988, trouve une résolution musicale à son dessein expérimental et critique. Le propos scandaleux, – qui nous paraît bien acceptable aujourd’hui, pourtant dénoncé violemment par la société londonienne également en 1988, soit l’homosexualité et le travestissements d’hommes en femmes (!), inspire une musique juste, efficace, dramatiquement équilibrée (avec l’intervention du public / « El Publico ») dont il est question, soit le choeur du Teatro Real, dans la 2è partie). La danse pourvoit à l’unité des séquences parfois disparates qui s’enchaînent liées aux visions et fantasmes de Lorca. Il en découle un spectacle cohérent qui saisit par son caractère et son esthétisme. Sa capacité a favorisé l’imaginaire stimule notre réflexion. La défi de la création, en fidélité à l’esprit de la pièce originelle (pourtant jugée à sa découverte en 1988, « injouable ») y est donc totalement relevé.

LIRE aussi notre compte rendu critique de Brockeback Mountain, dvd, création Madrid janvier 2014 :
http://www.classiquenews.com/dvd-compte-rendu-critique-brokeback-mountain-de-charles-wuorinen-dapres-annie-proulx-1-dvd-bel-air-classiques/

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