Stefano Landi
(1586/87-1639)
Apparent paradoxe dans le cas de Landi, compositeur qui fit toute sa gloire à Rome: musicien d’église principalement, il a laissé de surprenantes oeuvres dramatiques et théâtrales. La ferveur tire bénéfice des affects du théâtre. et ce que l’on entend par piété ou prière n’est finalement pas si éloigné de l’expression des affects. Prière ou lamentation tragique, il s’agit bien, accent majeur de la musique baroque, de peindre les passions humaines, sacrées ou profanes. Landi incarne parfaitement ces modes réconciliés.
Fondateur de l’opéra romain
Le compositeur reçoit sa formation à Rome, dans les collèges jésuites, Collegio Germanico, et Seminario Romano. Education philosophique et maîtrise de la rhétorique alternent avec ses cours de musique auprès du maître Agazzari.
Son premier opéra, La morte d’Orfeo, est composé pour les Borghese, en 1619 et semble recueillir la tradition des pastorales florentines afin de constituer une tragicommedia d’un nouveau genre qui annonce l’opéra romain et vénitien, le premier par l’amplification des choeurs en conclusion de chacun des cinq actes; le second, en mêlant vis comica et vis tragica, mélange des genres qui enrichit l’intrigue principale d’une multitude d’actions et de personnages secondaires.
Alto, Landi est chanteur qui intègre grâce au soutien des Barberini pour lesquels il travaille, le choeur papal, en 1629, soit à circa 42 ans. Comme compositeur, Landi ne laisse pas indifférent: ses repons qui associe stile antico, de rigueur dans le contexte liturgique, mais aussi, ses audaces ou écarts dans le stile de la secunda prattica, déroutent les chantres du choeur pontifical, lesquels se montrent incapables de chanter ses partitions.
Quoiqu’il en soit, la place de Landi, comme fondateur de l’opéra romain, ne fait aucun doute.
Son oeuvre majeure demeure son oratorio Il Sant’Alessio, donné au Palazzo Barberini, à Rome, en 1632, premier opéra sacré historique, peignant non la passion des dieux et demi dieux mais l’histoire (exemplaire) d’un mortel sanctifié, avec une machinerie grandiose et des effets d’orchestre (premières symphonies introductives des actes, première ouverture à proprement parler), impressionnants.
Pour la Cour pontificale, Landi livre un cycle d’hymnes (1634), et met en musique le drame d’Ottaviano Castelli, I pregi di Primavera (1635) représenté dans le cadre de la résidence d’été du Pape à Castel Gandolfo.
CD
La Morte di Orfeo (1 cd Zig Zag territoires). Akadêmia, Françoise Lasserre. Lire notre critique du cd La Morte di Orfeo de Stefano Landi par Akadêmia
Illustration
Georges de La Tour, Saint-Alexis (DR)