CD, coffret, compte rendu critique. THE GREAT LUCIANO PAVAROTTI (3 cd Sony classical). Le coffret qu’édite pour l’anniversaire de la mort de Luciano Pavarotti, – ce 6 septembre 2017 marque les 10 ans de sa mort-, Sony classical vaut bien des archives majeures dévoilant l’exceptionnel instinct dramatique du ténor légendaire décédé en 2007. Le triple coffret se rend même indispensable pour tous ceux qui souhaitent encore découvrir et explorer ce répertoire ciselé par le ténorissimo italien. De fait aux côtés de ses Donizetti et Bellini d’anthologie, il restera toujours ses premiers Verdi, avec ici un chef digne de sa lyre solaire, de son timbre stylé, de ses phrasés uniques, de son legato irradiant et incandescent, de sa souveraine musicalité, de sa justesse exemplaire, de son vibrato si finement contrôlé… Voici donc en volet 1 (cd1), un récital anthologique qui vaut autant pour l’intelligence solarisée d’un timbre verdien de première qualité, que par le tempérament orchestral et dramatique prêt à le soutenir sans aucune faute de goût, soit la baguette vive, affûtée, calibrée, subtile de Claudio Abbado (les Pappano, Muti, Chailly… et autres verdiens autoproclamés, devraient réécouter cet équilibre fusionnel, d’une infinie subtilité entre le chef et son soliste : un duo amoureux d’une finesse irrésistible). L’ouverture d’Aida (version de 1872 – ultime séquence de ce récital anthologique, un rien trop court) impose une sensibilité wagnérienne chez un Abbado doué plus que tous les autres (hormis Karajan) pour l’intériorité : couleurs, accents, dynamique favorisent un théâtre de l’introspection qui désigne immédiatement (par les thèmes à venir), ce huit clos psychologique, à la fois étouffant, passionnel, tragique, dans une version moins jouée, mais dans sa continuité, formidable résumé symphonique de tout l’opéra. Là aussi, à travers la sensibilité du maestro, une leçon de très haute musicalité, entre détail et souffle volcanique.
MILAN avec CLAUDIA ABBADO, 1978 et 1980. CD1. « PAVAROTTI PREMIERES » : l’album ici réédité regroupe plusieurs airs verdiens dans leur version historique rarement chantée. A Milan en janvier 1978 et avril 1980, voici l’Everest vocal, le dieu des ténors (après Caruso), lui-même admirateur de Giuseppe di Stefano (le partenaire si difficile de Maria Callas, et son amant lunatique), l’immense Luciano Pavarotti dans une série de quatre opéras verdiens où rayonnent son intensité, sa couleur, insignes. Voici l’ardent « Odi il voto, o grande Iddio » d’ERNANI, mais dans une variante historique pour le ténor Nikolai Ivanov (1844). D’ailleurs tous les airs sont des versions aménagées pour l’ampleur vocale et dramatique de chaque interprète du XIXè ; Pavarotti et Claudio Abbado partagent ce goût pour les couleurs et les timbres spécifiques, un format et une balance ciselés où éblouit le relief spécifique de l’italien verdien, si ciselé, du grand diseur Pavarotti. Les chefs sur orchestre d’instruments d’époque devraient là aussi y puiser une source d’intelligence expressive sans limites… A Bon entendeur.
Ardeur, ivresse sensible, caractère extatique (ATTILA), goût et sens du verbe… tout indique l’excellence du chanteur, apte à caractériser par sa seule voix, une situation, une atmosphère émotionnelle (cf les deux airs d’I DUE FOSCARI, dont la cabalette « Si lo sento, Iddio mi chiama », dans sa version alternative de 1846 – une rareté d’une remarquable subtilité : phrasés ductiles, passage en voix de tête d’une fluide résolution, atteignant des aigus angéliques et céleste et d’une tendresse plus que stylée). En prime, complément indispensable pour tous ceux qui pensaient que Pavarotti ne savait pas chanter en Français, qu’ils écoutent ici: « A toi, que j’ai chérie », air alternatif pour Pierre-François Villaret de 1863, extraits des VEPRES SICILIENNES- quand Verdi était un compositeur que souhaitait et applaudissait le Second Empire : sur le tapis instrumental, tragique et digne, esquissé par Abbado, la chaleur fulgurante du timbre fait entendre l’éclat nuancé de la prière amoureuse, ce travail sur la ligne, la hauteur, la justesse et surtout la sobriété d’élocution. Un modèle de tact, de goût, de suggestivité extatique (la caresse sombre des cordes de l’Orchestre de la Scala milanaise). Une perle parmi d’autres, sublimées par l’entente chef et ténor. Rien que pour ce cd1, le coffret opportunément édité par SONY est un must absolu. En complément, l’éditeur ajoute le concert live à Modena / Piazza Grande d’août 1985 ; et offrande parmi d’autres du fameux trio vocal, « des Trois Ténors », – soit Pavarotti et ses confrères Placido Domingo et José Carreras, leur live intitulé « The THREE TENORS CHRISTMAS », réalisé à Vienne, au Konzerthaus en décembre 1999. Le coffret comblera tous les goûts, dont les plus connaisseurs d’un Verdi bellinien, grâce au cd1 scaligène.
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CD, coffret, compte rendu critique. THE GREAT LUCIANO PAVAROTTI (3 cd Sony classical). CD1 : PAVAROTTI PREMIERES : airs rares en première mondiale (1978 / 1980 – Claudio Abbado, Orchestre de la Scala de Milan, … CLIC de CLASSIQUENEWS de septembre 2017.
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