La Saison symphonique 2007 / 2008
A Paris, à partir de septembre 2007, quels sont les concerts à ne pas manquer ? Quelle est la place réservée au répertoire français ? Continue-t-il d’être moins joué que la musique germanique ? premier bilan.
Encore une saison sans Shéhérazade de Rimski-Korsakov ? Pas tout à fait. Si vous voulez l’entendre, vous devrez guetter le concert de l’Orchestre Pasdeloup le 20 octobre. Sinon, point de Shéhérazade de Rimski-Korsakov. Une constatation s’impose : cette œuvre archi-célèbre continue d’être ignorée des programmateurs de concert. Malheureusement des pans entiers du répertoire symphonique, autrefois régulièrement à l’honneur, sont aujourd’hui oubliés. A vivre dans la crainte de ressasser le passé, on oublie de vivre au présent. On essaie de comprendre, il n’y a rien à faire : le répertoire de base de nos orchestres parisiens est le répertoire français, on ne voit pourtant rien qui manifesterait de la part des autorités concernées une volonté de nous le faire redécouvrir. Pourquoi si peu de Roussel (ONF, Bacchus et Ariane, suite n°2, le 27 mars 2008, direction : James Conlon). Ne pourrait-on pas envisager un jour d’offrir au public parisien une intégrale de ses Symphonies ? Quant à Pierné, il est totalement oublié ; La Péri de Dukas est à l’honneur lors d’un seul concert à Dijon (ONF, le 16 mai 2008, direction Fabien Gabel), donc tout aussi absent des salles parisiennes. En regard de leur importance historique, Debussy et Ravel sont assez peu présents dans les programmes de la prochaine saison des orchestres parisiens – loin est l’époque où l’intégrale de Daphnis et Chloé était donné plusieurs fois par an, mais on n’en demande pas tant -, beaucoup moins que Stravinsky, mais déjà beaucoup plus que Sibelius, dont le cinquantième anniversaire de la mort a été passé sous silence par la Direction de la Musique de Radio France (Mikko Franck dirige néanmoins le National dans la Cinquième le 6 décembre 2007) mais pas par la Salle Pleyel qui a invité au mois de novembre l’Orchestre Philharmonique de Los Angeles et son Finlandais de directeur musical, Esa-Pekka Salonen, pour une intégrale des Symphonies. Evidemment l’un des événements les plus marquants de la saison prochaine (du 4 au 8 novembre, Salle Pleyel). A l’avenir, Radio France doit impérativement penser à nous offrir plus régulièrement des concerts Sibelius. Elle en a la possibilité : Mikko Franck et Eivind Gullberg Jensen sont très appréciés des deux orchestres de la maison. De même, il faudra compter sur l’infatigable Pierre Boulez et un hommage à sa musique et à sa carrière par l’Orchestre de Paris pour voir apparaître un peu plus le nom des Viennois Schoenberg, Webern et Berg. Signalons aussi l’initiative courageuse de l’Orchestre Philharmonique de nous offrir un cycle Mozart – Messiaen qui devrait confirmer les affinités de Chung avec le compositeur français.
Peut-on dire alors que le répertoire romantique germanique est privilégié ? Pas si évident que cela. L’Orchestre National de France a prévu un cycle Beethoven pour parachever le mandat de Kurt Masur entre le 26 juin et le 12 juillet 2008. Nos papilles sont alléchées. Les noms de Bruckner et Mahler, que l’on croit être les nouveaux héros de nos programmations, sont-ils si fréquents ? Masur dirigera deux symphonies de Bruckner avec l’ONF, les 10 novembre 2007 et 16 février 2008 ; la seule symphonie de Mahler de la saison du National est quant à elle dirigée par Gatti, prochain directeur musical de l’orchestre et grand amoureux de Mahler (Sixième Symphonie, le 13 décembre 2007). Quant au Philharmonique de Radio France, il jouera deux symphonies de Bruckner, dont la Neuvième avec Paavo Järvi (le prochain directeur musical de l’Orchestre de Paris) le 22 février 2008 et la Huitième le 19 juin 2008 avec Myung-Whung Chung. Aucune de Mahler n’est prévue. Avec l’Orchestre de Paris, une Septième de Bruckner, les Première et Huitième (très rare) de Mahler sont programmées avec Eschenbach (successivement les 26 mars 2008, 10 octobre 2007 et 6 mars 2008). Raisonnable, bien sûr ! En regard du nombre de concerts donnés à Paris par « les » trois orchestres parisiens (25 programmes différents – souvent doublés – pour l’Orchestre de Paris, 32 pour le Philharmonique, 30 pour le National), cela nous semble tout de même beaucoup. Peut-être faudrait-il augmenter le nombre de leurs concerts à Paris pour que les différents répertoires (français, germanique, anglais, espagnol, etc.) puissent être représentés à leur juste place ? De nos jours, les orchestres veulent rayonner à l’étranger, et de la musique française leur est alors demandée. Devons-nous, mélomanes parisiens, nous faire étrangers pour entendre à nouveau notre musique ?
Les sites des orchestre
http://www.radiofrance.fr/concerts/accueil/
http://www.radiofrance.fr/chaines/orchestres/national/accueil/
http://www.radiofrance.fr/chaines/orchestres/philharmonique/accueil/
http://www.orchestredeparis.com/actu.htm