Léo Delibes
Sylvia, 1876
Mezzo,
Dimanche 30 septembre 2007 à 20h45
Opéra National de Paris, 2005. Chorégraphie: John Neumeier. Réalisation: Thomas Grimm, 1h50mn. Chorégraphe américain né dans le Wisconsin (Milwauke, le 24 février 1942), John Neumeier remarqué à Londres par Marcia Haydée, en 1993, rejoint John Cranko à Stuttgart dont il devient le premier danseur. A la tête du ballet de Francfort, Neumeier crée ses premières chorégraphies, en adaptant les ballets « classiques »: Roméo et Juliette de Prokofiev, ou le Sacre du printemps de Strawinsky. En 1973, il prend la direction du ballet de Hambourg et y poursuit ses relectures du classicisme, ballets de Tchaïkovski (Lac des cygnes, La Belle au bois dormant…), mais aussi On the Town et West side Story de Bernstein… Béjart lui écrit un solo « Les Chaises » d’après Ionesco, en 1984. Sylvia, commande de l’Opéra de Paris en 1997 marque ses débuts sur la scène parisienne. Le spectacle repris en mars 2005 à l’Opéra Bastille bénéficie des étoiles du ballet de l’Opéra. Le couple des amants Aminta/Sylvia (Manuel Legris/Aurélie Dupont) s’impose par sa noblesse élastique. L’amour/Apollon de François Leriche est époustouflant de facétie et de grandeur analytique. Dans la vision très néoclassique de Neumeier, les chasseresses, compagnes de Diane, ont une raideur fluide, tendue comme leurs arcs. Le premier tableau, un nocturne lunaire qui exprime l’empire de l’amour et les entrelacs des couples de bergers est le plus poétique. Les pas de deux du couple Legris/Dupont enchantent par leur rayonnement. Neumeier, même s’il a avoué rendre hommage à la danse française, rafraîchit la chorégraphie, à l’origine composée par Delibes qui après le triomphe de Coppelia (1870) écrit pour l’inauguration de l’opéra Garnier, un nouveau ballet, Sylvia en 1876. L’expression des sentiments de la compagne de Diane pour le beau berger est simplifiée, presque à l’épure, renouant avec une certaine sévérité dorique, qui inscrit la ballet dans une action tirée de l’Antiquité. Le passage du monde de la chasse à l’empire de l’amour (réalisé par un Leriche souverain de grâce et d’intelligence), quand Sylvia quitte sa robe d’archère pour revêtir la robe pourpre du divin amour, est superbement représenté. Lisibilité des sentiments, souplesse des corps magnifiés par l’abstraction des décors, assez froids de Yannis Kokkos. Incontournable.
Leo Délibes (1836-1891): Sylvia (1876), ballet en deux parties. Avec Sylvia (Aurélie Dupont), Marie-Agnès Gillot (Diane), Manuel Legris (Aminta), Nicolas Le Riche (Amour/Apollon) et José Martinez (Endymion). Ballet et orchestre de l’Opéra national de Paris. direction, Paul Connely. Chorégraphie: John Neumeier. Décors: Yannis Kokkos. Film réalisé par Thomas Grimm.
Approfondir
Lire notre chronique du dvd La dame aux camélias, ballet de John Neumeier (1986), en hommage à son ancienne professeur Marcia Haydée. Comme réalisateur, qui avait filmé quelques années auparavant, son propre ballet en 1977, John Neumeier avait recu la médaille d’or au Festival de télévision de New York.