Violoniste impressionnant. Henning Kraggerud est non seulement un musicien doué d’une grande sensibilité, mais aussi un compositeur dont nous avons pu observer le talent dans les cadences qu’il a écrit pour le concerto n°5 de Mozart. Les cadences étaient à la hauteur de celles de Mozart avec quelques innovations harmoniques dans le style d’Ysaÿe.
Kraggerud a une merveilleuse sonorité, une articulation délicate et un timbre chaud. Tout au long du Concerto, le violoniste s’est montré tantôt passionné, tantôt menant son jeu avec une pointe d’humour comme il en va souvent dans l’écriture mozartienne.
L’entente avec le chef canadien Kwamé Ryan était exaltante: complices, les deux musiciens avaient visiblement beaucoup de plaisir à jouer ensemble. Véritable relation de courtoisie l’un envers l’autre, les deux partenaires savent s’amuser, se comprendre même quand il s’agissait d’ironie ressentie dans la musique.
L’ouverture de Weber précédant le Concerto, qui malheureusement à très peu souvent rencontré le succès, est une œuvre géniale. Très complexe sur le plan harmonique, souvent inattendue et également dynamique. Jouer la partition est judicieux. Saluons le chef de nous de nous faire connaître de tels joyaux méconnus au sein du répertoire pour orchestre.
Le concert s’achève par la très longue Symphonie n°9 de Schubert (50 minutes). Rappelons que l’ONBA a enregistré cette symphonie récemment pour le label Mirare, et l’a joué aux dernières Folles journées de Nantes ainsi que dans sa tournée internationale jusqu’à Tokyo.
L’approche de l’ONBA était très clair. Malgré une petite lassitude dans certains pupitres, pourtant absente dans les deux œuvres précédentes, productrice de certains décalages, chef et orchestre ne cessent de monter leur exigence: le résultat s’en ressent. La symphonie malgré sa longueur et ses répétitions, se réalise sans ennui et même, son déroulement se montre divertissant: diversité des couleurs, conclusion surpenante. Les interprètes ont su saisir l’auditoire.
Bordeaux. Palais des Sports, Jeudi 15 mai 2008, 20h. Carl Maria von Weber (1786-1826): Ouverture d’Euryanthe; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791): Concerto pour violon n°5 en La majeur, K219 ; Franz Schubert (1797-1828): Symphonie n°9 en Ut majeur « La Grande », D.944. Henning Kraggerud,
violon. Orchestre National de Bordeaux Aquitaine. Kwamé Ryan,
direction.
