Antonin Dvorak
Rusalka, 1901
Du 5 au 21 décembre 2008
Bruxelles, La Monnaie
Dès sa création à l’Opéra de Prague, le 31 mars 1901, la partition de Rusalka est ressentie et accueillie comme une oeuvre nationale. Dvorak a frappé fort et réussit à séduire son audience en utilisant de véritables mélodies tchèques sur le sujet légendaire qui puise dans la féerie traditionnelle de son pays. En langue Tchèque, comme La Fiancée vendue de Smetana, Rusalka offre au peuple tchèque, un étendard lyrique à ses revendications culturelles propres.
Dans la mythologie slave, une rusalka est une créature des rivières, associée à l’eau, apparaissant sous la forme d ‘une morte noyée vengeresse ou comme vierge aquatique éplorée, languissante. la figure serait une réminiscence du culte de Diane, déité lunaire certes (d’où le serment à la lune dans l’opéra de Dvorak) et qui recherche les ébats aquatiques avec ses compagnes, loin des regards des hommes (Actéon en paiera le prix cher). Tourgueniev se baignant dans une rivière de la région de Riazan (Russie), a témoigné avoir rencontré l’une des ses créatures fascinantes…
Jaroslav Kvapil adapte en 1899 pour Dvorak le Conte d’Andersen, La Petite Sirène. Fille de l’Ondin (instance habituellement maléfique mais ici bénéfique), Rusalka, créature des eaux, avoue son amour pour un mortel, le prince. La naïade se confie à la lune, en un air très célèbre (Acte I), visite la sorcière Jezibala qui lui accorde le pouvoir de séduire le prince mais en échange, la naïade devra perdre l’usage de la parole en devenant muette. Celle qui a tout donné pour le Prince subit un revers tragique: son aimé lui préfère une autre, et même s’il est pris de remords, la pauvre Rusalka, héroïne sacrifiée, meurt d’avoir ainsi prétendue au bonheur en changeant d’état.
Si l’oeuvre obtient un succès immédiat, elle ne sera pas connue du public français avant … 1982: première française à l’opéra de Marseille. Puis 2002, création parisienne.
Illustrations: Antonin Dvorak, Ondine (DR)
