CD, réédition événement. BEETHOVEN : Misas Solemnis, KARAJAN, Berliner 1966 (1 cd DG Deutsche Grammophon). Il existe déjà une version antérieure (1958) avec le Philharmonia Orchestra et déjà Christa Ludwig parmi les solistes (aux côtés de Gedda, Schwarzkopf, Zaccaria et les Wiener Singverein) audible ici :
https://www.youtube.com/watch?v=5bI9-DTloKU
La version réalisée à Berlin en 1966 avec les chers Berliner Philharmoniker affine encore la grande séduction formelle, les équilibres entre choeur, orchestre, solistes de cette cathédrale sonore au souffle inimitable. Karajan aussi criticable soit il par son côté hédoniste poli solaire reste indiscutable cependant par la ferveur impérieuse, une atténuation fraternelle de la prière qu’adresse ici Beethoven à tous les hommes de bonne volonté. Entre appel à la fraternité générale – thème ultime et si cher à Ludwig qui inerve son opéra Fidelio et surtout le final de la 9è Symphonie, et la volonté de construire un monde neuf, Beethoven édifie une arche de réconciliation et de sublimation active, véritable machine de rédemption ; en témoigne le recueillement du Sanctus, suspendu, vrai cœur de la prière collective où les solistes agissent comme intercesseurs. Le plateau des chanteurs est superlatif, et la direction d’une économie réelle, laissant respirer le tissu orchestral et choral, sachant surtout dessiner avec clarté chaque ligne tout en précisant son enjeu, au sein du cycle entier. Le maître mot de Beethoven est la compassion fraternelle : elle se déploie ici sans entrave avec propre au Karajan de l’après guerre, et l’esprit de reconstruction après la guerre qui s’y cristallise, une épaisseur parfois tendre qui sous tend toute la basilique symphonique. Le geste est sûr et la vision d’un recueillement profond : écouter ici la sidération pacificatrice du Benedictus, appel au désarmement total et à l’amour des autres, miraculeuse fontaine salvatrice qui console, rassure, exauce… comme l’adagio de la 9è. Remastérisée 24 BIT / 192 kHz, la lecture de 1966 réalisée à Berlin marque la carrure de l’immense chef salzbourgeois… qui ne cesse alors de conquérir la planète classique (à 58 ans). Un must absolu (avec la version de Klemperer le véritable maître avant Karajan, lui aussi directeur musical du Philharmonia, mort en 1973). Karajan se livre dans cette archive à connaître absolument : intériorité, passion, architecture.
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DOSSIER BEETHOVEN 2020 : 250 ans de la naissance de Beethoven. L’anniversaire du plus grand compositeur romantique (avec Berlioz puis Wagner évidemment) sera célébré tout au long de la saison 2020. Mettant en avant le génie de la forme symphonique, le chercheur et l’expérimentateur dans le cadre du Quatuor à cordes, sans omettre la puissance de son invention, dans le genre concertant : Concerto pour piano, pour violon, lieder et sonates pour piano, seul ou en dialogue avec violon, violoncelle… Le génie de Ludwig van Beethoven né en 1770, mort en 1827) accompagne et éblouit l’essor du premier romantisme, quand à Vienne se disperse l’héritage de Haydn (qui deviendra son maître fin 1792) et de Mozart, quand Schubert aussi s’intéresse mais si différemment aux genres symphonique et chambriste. Venu tard à la musique, génie tardif donc (n’ayant rien composé de très convaincant avant ses cantates écrites en 1790 à 20 ans), Beethoven, avant Wagner, incarne le profil de l’artiste messianique, venu sur terre tel un élu sachant transmettre un message spirituel à l’humanité. Le fait qu’il devienne sourd, accrédite davantage la figure du solitaire maudit, habité et rongé par son imagination créative. Pourtant l’homme sut par la puissance et la sincérité de son génie, par l’intelligence de son caractère pourtant peu facile, à séduire et cultiver les amitiés. Ses rencontres se montrent souvent décisives pour l’évolution de sa carrière et de sa reconnaissance. Pour souligner combien le génie de Beethoven est inclassable, singulier, CLASSIQUENEWS dresse le portrait de la vie de Beethoven (en 4 volets), puis distingue 4 épisodes de sa vie, particulièrement décisifs…
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