jeudi 24 avril 2025

Weber: Der Freischütz, 1821. Robert Wilson Arte, en direct de Baden Baden. Lundi 1er juin 2009 à 19h

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Carl Maria von Weber

Der Freischütz
, 1821

Arte

Festival de Baden Baden, en direct
Lundi 1er juin 2009 à partir de 19h

En simultané et streaming sur Arte.tv

Feux romantiques et fantastiques

Dans le sillon tracé par le singspiel allemand, brillamment illustré par Mozart dans L’Enlèvement au sérail, comprenant propre au genre lyrique, airs chantés et dialogues parlés (l’équivalent de notre opéra-comique), Der Freischütz de Weber, créé à Berlin en 1821, place l’orchestre au devant de l’action. C’est bien les instruments qui explore pour la première fois, les gouffres et vertiges de l’horreur et du surnaturel. Magie noire, mélodies et sonorités horrifiques, coups de théâtre spectaculaire dans la fameuse scène de la gorge aux loups, Weber en virtuose de l’orchestre comme Berlioz, réinvente la scène théâtrale portée désormais par un orchestre foisonnant qui exprime, palpite, se languit comme un personnage sur la scène. Dès l’ouverture, véritable préambule dramatique saisissant de force, de violences, de contrastes comme d’immenses vagues tendres et lyriques, l’ouvrage est un chef-d’oeuvre fondateur pour l’opéra romantique. En précurseur de Wagner (qui d’ailleurs puisera abondamment dans les oeuvres de son prédécesseur), Weber invente l’opéra de l’avenir en recherchant une forme où l’orchestre joue en permanence et assure désormais la continuité scénique de l’action. Plus de césure mais un flot sans discontinuité où les mouvements de la psyché peuvent enfin courir, s’enfler, se développer, fluctuer… Comme Sporh, Weber prolonge l’ampleur de l’orchestre du Freischütz, en 1823 avec Euryanthe: l’opéra est durchkomponiert, sans césure, la musique s’y déverse désormais en flux continu portant les paroles des personnages sans rupture.

En trois actes, Der Freischütz saisit l’imagination des spectateurs: Weber y peint le paysage légendaire et mystérieux des forêts profondes où s’abîment les chasseurs superstitieux. Le compositeur construit l’action en tableaux contrastés qui alternent épisodes collectifs et miniatures individuelles, en soignant particulièrement la partie de l’orchestre. Autant de « recettes » de l’opéra romantique allemand que Wagner saura méditer, assimiler puis dépasser pour sa propre conception du théâtre musical.

Acte I. Max participe au concours de tir car le gagnant pourra épouser la belle Agathe, fille du forestier Kuno. Dévoré par le désir que lui inspire la jeune femme, Max qu manque d’assurance, s’assure la complicité du sombre et manipulateur Kaspar, mage inquiétant qui sait communiquer avec les esprits.

Acte II. Dans la gorge aux loups (mélodrame mêlant voix parlées et musique), Kaspar invoque Samiel, personnification du Diable, et fond sous tutelle satanique, les 7 balles magiques qui permettraient à Max de vaincre dans toute situation.
A chaque balle ainsi conçue correspond une apparition spectrale et effrayante: l’orchestre dépeint une véritable bacchanale terrifiante…

Acte III. Pendant le concours, Kaspar met en branle l’odieux stratagème mais un saint ermite met à mal ses plans: Max se repent, et après une année d’épreuves, pourra épouser Agathe.


Le Freichütz version Wilson

Arte diffuse en direct depuis le Festival de Pentecôte
de Baden-Baden, la première de la nouvelle production du Freischütz, mise en scène par Robert Wilson. Direction musicale : Thomas Hengelbrock Avec le Mahler Chamber Orchestra. Présenté par Annette Gerlach.

Carl Maria von Weber: «Der Freischütz»
Robert Wilson: scénographie, décors et lumières
Ann-Christin Rommen: co-metteur en scène

Viktor und Rolf: costumes
Wolfgang Wiens: dramaturgie
Klaus Kuttler: Ottokar
Reinhard Dorn: Cuno
Juliane Banse: Agathe
Julia Kleiter: Ännchen
Dimitry Ivashchenko: Kaspar
Steve Davislim: Max
Paata Burchuladze: Ein Eremit
Ronald Spiess: Samiel
Matjaz Robavs: Kilian

Philharmonia Chor Wien
Mahler Chamber Orchestra

En langue allemande, surtitré en allemand et anglais.
Première de la nouvelle mise en scène

Arte se rend au Festival de Pentecôte de Baden-Baden pour deux soirées musicales en direct du Festspielhaus. Robert Wilson présente sa nouvelle mise en scène du «Freischütz» de Carl Maria von Weber, avec Juliane Banse dans le rôle d’Agathe.


« Un artiste n´écrit pas l´histoire comme un historien mais comme un poète », c´est ainsi que le metteur en scène texan Robert Wilson expose ses intentions. Pour le Festival de Pentecôte du Festspielhaus Baden-Baden, il monte pour la première fois le « Freischütz » de Carl Maria von Weber. Le New York Times a défini un jour Wilson comme « une figure éminente dans le monde du théâtre expérimental ». Depuis que Wilson a révolutionné en 1991 le théâtre allemand avec la comédie musicale « The Black Rider », inspirée du Freischütz, et qui ouvrit des horizons nouveaux, il a réalisé des mises en scène pour toutes les grandes maisons d´opéra comme la Scala de Milan, le Metropolitan Opera de New York, l´Opéra-Bastille de Paris, le Lyric Opera de Chicago ainsi qu´au Festival de Salzbourg. Thomas Hengelbrock dirige l´Orchestre de Chambre Gustav Mahler et le Chœur Philharmonique de Vienne qui sont les garants d´une sonorité authentique. Jusqu´ici, Hengelbrock a été très apprécié au Festspielhaus dans « Cosi fan tutte », « La Somnambule », « Rigoletto » et tout récemment dans la production fort acclamée du « Barbier de Séville » de Rossini.

Notre avis sur la production: en résumé, la beauté florale des costumes de Viktor & Rolf avec la maison Swarovski ne fait pas tout le spectacle: la direction d’acteurs et les options de la mise en scène montrent aujourd’hui les limites du « système » Wilson: gestes de BD suspendus dans l’espace sans guère de lien avec l’action; mouvements saccadés aux poses impossibles… vision d’ensemble confuse, qui semble ne chercher qu’à surprendre à force d’êre « originale » et décalée. Mais la beauté des lumières certes. Côté voix, la distribution reste honnête sans décoiffer cependant et la direction de Thomas Hengelbrock, disposant cependant d’un très bon orchestre, n’arrive pas à décoller ni à insuffler la force et la violence des climats fantastiques. Bonne Ännchen de Julia Kleiter. Terne cependant, l’Agathe de Julian Banse. Des hommes, seul le Kylian de Matjaz Robavs se distingue par son abattage et sa présence.


Approfondir

Lire aussi le dossier spécial de l’opéra der Freischütz de Carl Maria von Weber, sur le site d’Arte.tv. Dispositif spécial: plusieurs caméras fixes, retransmission en direct et en streaming du spectacle et reportages, entretiens dans les coulisses avant, après, pendant les entractes. A suivre sur le site d’Arte.tv, le 1er juin 2009 à partir de 18h30

Illustrations: portraits de Carl Maria von Weber (DR)

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