Acis et Galatée, 1732-1741
France Musique
Mercredi 1 er juillet 2009 à 20h
Dimanche 11 juillet 2009 à 14h30
(version Mozart par Trevor Pinnock)
Acis, un mythe amoureux
Le mythe d’Acis inspire à Haendel un « masque » en trois actes (HWV 49a), composé en mai 1718 pour le comte de Carnavon, à Cannons, en petit effectif (dite « version de Cannons »). Le texte est de John Gay, John Hugues et peut-être Alexander Pope, d’après une traduction, par John Dryden, des Métamorphoses d’Ovide (Livre XIII). John Gay (1685-1732) poète, auteur dramatique et directeur de théâtre devait ensuite obtenir le droit d’édifier le premier théâtre de Covent Garden, dès 1732.
Haendel, maître du « masque » anglais
Après avoir été l’hôte du Comte de Burlington à Piccadilly, Haendel rejoint à l’été ou l’automne 1717, Cannons (Middlesex), à quelques lieues de Londres, dans le château construit en 1720 pour son nouveau patron, James Brydges, comte de Carnavon, baron puis duc de Chandos (1674-1744). John Christopher Pepusch, puis Haendel dirige l’orchestre ducal.
Sur les modèles des masques légués par les compositeurs britanniques Pepusch ou Galliard, Acis and Galatea connaît un réel succès public, à Drury Lane et au Lincoln’s Inn Field entre 1715 et 1718. L’ouvrage qu’en conçoit Haendel s’inscrit dans cette tradition populaire: la partition est créée au Lincoln’s Inn Fields, à Londres, le 26 mai 1731.
Suivant un processus critique visant à améliorer encore la partition, Haendel modifie complètement l’oeuvre (HWV 49b) : nouveau texte (signé John Hugues avec « lyrics » de John Gay, A. Pope et J. Dryden, nouveaux airs dérivés de manuscrits précédents tels les cantates italiennes et certains motifs de la Brockes Passion).
Autocritique permanente
Pour ces reprises dans la nouvelle mouture de juin 1732, Haendel (qui dirige l’orchestre depuis la clavecin) fait appel aux meilleurs vocalistes de l’heure: la soprano Anna Strada del Po (Galatée), le castrat soprano Senesino (Acis), la basse Antonio Montagnana (Polifemo). Le succès se confirme et Haendel en dirige de nouvelles sessions en 1733 et 1736. Trois ans plus tard, le compositeur restructure l’oeuvre en 2 actes avec orchestre étoffé. Le 28 mars 1740 eut lieu une exécution au bénéfice du Fund for the Support of Decay’d Musicians. Exigeant, perfectionniste, Haendel améliore encore la partition en 1741 pour de nouvelles représentations: preuve est ainsi faite de l’affection du maître pour cette oeuvre intense et chambriste, véritable opéra en miniature, mais dont l’équilibre et l’efficacité dramatique renoue avec les madrigaux opératiques de… Monteverdi (Le Combat de Tancrède et Clorinde, par exemple de 1628).
La qualité de la partition n’échappa aux amateurs historiques qui dès 1788 (Gottfried van Swieten, diplomate et mélomane, ami de Haydn, à Vienne), puis Mendelssohn, invité par son professeur, l’intraitable Zelter, d’arranger une orchestration prélable (1828) avant de diriger la Passion selon Saint-Matthieu de Bach (!), approuve le statut de chef d’oeuvre s’agissant d’une partition encore trop rare au concert. Il est vrai que les opéras de même auteur tendent à éclipser ses autres ouvrages.
Synopsis
Acte I. En une scène arcadienne d’un pastoralisme bienheureux, le choeur (des bergers et des nymphes) chante l’harmonie d’un séjour idyllique. Acis, inspiré par la contemplation de Galatée, exprime son amour tendre pour la jeune femme (Love in her eyes sits playing, Amour en ses yeux s’amuse). Galatée répond et chante le pur bonheur d’être auprès de son aimé.
Acte II. Le tableau s’obsurcit lorsque le géant Polyphème descend de sa montagne et chante, en rival présomptueux, à la fois comique et ridicule, sincère et bouffon (subtilité du rôle), son amour pour… Galatée (O ruddier than the cherry, Ô plus vermeille que la cerise). Acis est prêt à défier le monstrueux colosse. Trio des amants fiers et du géant enragé: Polyphème lance un rocher qui écrase le pauvre mortel. Galatée émue jusqu’aux larmes par la perte d’Acis, chante sa douleur mais se réconforte en écoutant le choeur: Acis mort est éternel: il est devenu un dieu par son sacrifice à l’amour.
En soignant autant les airs virtuoses des solistes parfaitement caractérisés, et le chant du choeur de plus en plus important, Haendel assimile les genres en faveur auprès du public. Il réussit en particulier sur le plan de l’écriture, le passage du masque purcellien à l’oratorio anglais dont le compositeur demeure un maître sans équivalent.
Concert donné le 12 juin 2009 au Teatro Regio de Turin,
et en simultané avec l’Union européenne de radios
Georg Friedrich Haendel
Aci, Galatea e Polifemo
Cantate dramatique pour 3 voix solistes et petit orchestre
sur un livret de Nicola Giuvo
Sara Mingardo : contralto, Galatea
Ruth Rosique : soprano, Aci
Antonio Abete : basse, Polifemo
Cappella della Pieta dei Turchini
Direction : Antonio Florio
Il existe sur le même sujet, un drame sousestimé de Jospeh Haydn, Acis (récemment mis à l’honneur par la label Bis (juin 2009)
Cycle Haendel sur France Musique
Juillet 2009
Mardi 28 juillet 2009


2009 oblige, est le champion de la série de diffusion live sur la
chaîne radiophonique. Dommage qu’il n’en va pas de même pour les opéras
de Haydn, tout aussi fêté en 2009.
Ezio fait partie d’un cycle d’opéras à succès propres aux années 1730 à
Londres: Haendel se taille une réputation de génie lyrique, non
usurpée. Après Partenope (1730), Poro (1731), Ezio, créé en 1732
s’inscrit dans la tradition du seria classique, inspiré par l’Histoire
Romaine: vaste continuum d’arias da capo. La partition fait figure de
réserve d’airs écrit dans la stricte observance de l’alternance
recitativo/aria (da capo). Ezio est ensuite suivi d’opéras plus
audacieux et novateurs tels Sosarme (1732), l’excellent Orlando (1733),
Samedi 11 juillet 2009


Al Ayre Espanol. Eduardo Lopez Banzo, direction
Créé à Londres au Haymarket, le 20 février 1724, Giulio Cesare fit un
triomphe avec les chanteurs vedettes: Senesino (le castrat qui chanta
tous les rôles majeurs dans cette tessiture écrits par Haendel), la
Cuzzoni et la Durastanti… Lopez Banzo quant à lui a choisi une
distribution avec laquelle il poursuit son exploration du théâtre
haendélien: outre la justesse des portraits psychologiques parfaitement
individualisés, le chef espangol sait articuler et varier les
récitatifs, seccos ou accompagnatos. Cette vigilance dans le menu
détail sans rien diluer de l’urgence dramatique, est decvenu peu à peu
sa marque de fabrique.
Samedi 4 juillet 2009


Modo Antico. Federico Maria Sardelli, direction. Haendel aborde le
mythe du chevalier chrétien Ariodante dans un opéra
seria en 3 actes d’après l’opéra antérieur de Perti dont il reprend le
livret originel en l’adaptant. Perti s’était inspiré du texte de
L’Arioste, Le Roland Furieux (1516). Créé à Londres à Covent Garden, le
8 janvier 1735, Ariodante marque un premier sommet dans l’écriture
londonienne de Haendel. Un destin contraire voire cynique remet en
cause les noces de Ginevra, fille du roi d’Ecosse et du prince
Ariodante…
Mercredi 1er juillet 2009
France Musique. 20h: Concert donné le 12 juin 2009 au Teatro Regio de Turin, et en simultané avec l’Union européenne de radios. Georg Friedrich Haendel: Georg Friedrich Haendel: Aci, Galatea e Polifemo (Cias et Galatée).
Cantate dramatique pour 3 voix solistes et petit orchestre sur un
livret de Nicola Giuvo. Avec: Sara Mingardo : contralto, Galatea. Ruth
Rosique : soprano, Aci
Antonio Abete : basse, Polifemo. Cappella della Pieta dei Turchini.
Direction : Antonio Florio. En soignant autant les airs virtuoses des
solistes parfaitement
caractérisés, et le chant du choeur de plus en plus important, Haendel
assimile les genres en faveur auprès du public. Il réussit en
particulier sur le plan de l’écriture, le passage du masque purcellien
à l’oratorio anglais dont le compositeur demeure un maître sans
équivalent.