Siegfried II: « La Walkyrie » (bande-dessinée) Alex Alice. Editions Dargaud. 72 pages (août 2009)

Le mythe des Nibelungen et le cycle lyrique de Richard Wagner qui en découle (La Tétralogie), ne cessent d’inspirer les créateurs. Après « Siegfried » (volume I de la dite saga, intitulée « Siegfried », édité en octobre 2007), voici « La Walkyrie« , fille favorite d’Odin le dieu des dieux (quand Wagner préfère Wotan pour portraiturer le bâtisseur du Walhala)… Nous retrouvons en grand format et dans un dessin réaliste tout l’univers féerique et épique de la saga dessinée par Alex Alice (né en 1974). Au terme de cette « trilogie Alice », un film d’animation devrait voir le jour après la parution du 3è volume déjà très attendu.

L’inventeur de la BD ésotérique (Le troisième Testament, chez Glénat) se passionne depuis 2003 pour l’épopée de Siegfried, le fils orphelin de Siegmund et Sieglinde qui élevé par le nain bouffon Mime, terrassera le dragon et incarne avant de mourir l’avenir des dieux déchus (Crépuscule des Dieux). Ici, pas d’amour mais le destin simultané pour le moment, de la fille des Dieux, Brünnhilde (La Walkyrie) et du mortel, Siegfried.

Alice souligne la passé trouble et les intentions opaques de chaque protagoniste: double jeu de Mime (à la fois volontaire et lâche), héroïsme audacieux de Siegfried (auquel l’existence passée de ses parents est enfin révélée), courage de la Walkyrie qui tout en s’attachant peu à peu au destin de Siegfried, « ose » combattre l’ordre de son père… quitte à perdre son immortalité.

Le choix des images qui favorisent les grands espaces où se perdent les héros trop dérisoires, le mouvement de l’action qui cède souvent le pas à la figure invisible mais continue des géants, -façonneurs des mondes-, rétablissent dans l’approche graphique, le souffle de la saga germanique, en une heroïc fantaisy qui sait autant réussir le profil individuel que le rythme et la démesure de la fresque. Action, psychologie: l’équilibre atteint assure le niveau et la réussite de cette recréation graphique du mythe wagnérien… on en prend plein la vue sans perdre le fil des histoires mêlées. Alice sait nous éblouir par un crayon flamboyant comme nous expliquer vérité et expériences qui fondent l’identité des héros…

Le dessinateur scénarise avec précision la place de chaque personnage, chacun porteur d’un secret et d’une blessure: qu’il s’agisse d’Odin, dieu omnipotent finalement trop fragile, de la sorcière immuable en son marais traversé de visions et de créatures malfaisantes, des trois héros déjà cités: Siegfried, La Walkyrie, Mime (et son enclume)…

Au terme de ce 2è épisode, en 72 pages, on voudrait en connaître davantage sur le sort et les réelles intentions de la femme casquée, Walkyrie observatrice qu’Odin, malgré lui, dans les dernières pages, bannit dans un torrent de flammes… et qu’en sera-t-il de la course au dragon du fier et preux Siegfried?

La suite de cette passionnante épopée, dans le IIIè volume à venir chez Dargaud, Siegfried III: « Le Crépuscule des Dieux« .

Siegfried II: « La Walkyrie ». Editions Dargaud. 72 pages. Parution; le 28 août 2009.

Illustration: couverture du nouveau volume de la saga « Siegfried »: « La Walkyrie ». Sous la plume d’Alex Alice, les personnages fussent-ils des dieux contemplent l’immensité des éléments pour mieux ressentir la petitesse dérisoire de leur existence… ainsi Odin dans les premières planches du nouvel ouvrage édité par Dargaud (DR © Dargaud 2009 « La Walkyrie »). Alex Alice (DR).