jeudi 24 avril 2025

Hugo Wolf: lieder. Gerhaher, Erdmann France Musique, le 13 septembre 2009 à 19h

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Hugo Wolf
Lieder

(Italienisches Liederbuch)

En un récital donné à Schwetzingen, deux solistes abordent aux rives méditatives et harmoniquement audacieuses du roi du lied -après Schubert-, Hugo Wolf. Sur les traces de Dietrich-Fischer Dieskau (rien de moins), l’excellent baryton Christian Gerhaher impose son art de la diction poétique et allusive; lui donne la réplique, en alternance et en duo ineffable, la rayonnante soprano Mojca Erdmann… Récital de lieder événement.

France Musique
Dimanche 13 septembre 2009 à 19h

Le roi du lied

Hugo Wolf (1860-1903), compositeur autrichien d’ascendance slovène, occupe une place singulière dans le paysage musical germanique, entre romantisme, symbolisme et modernisme. Initié par son père musicien au piano et au violon, l’enfant rejoint le Conservatoire de Vienne (piano avec Wilhelm Schenner, harmonie et composition avec Robert Fuchs, puis Franz Krenn) entre 1875 et 1877. D’un tempérament atypique, l’adolescent affirme très tôt sa différence: il est congédié pour indiscipline. Frappé par Wagner que lui révéla Mahler au Conservatoire, Wolf décide de rencontrer l’auteur de La Tétralogie pour lui soumettre ses oeuvres. A 16 ans il compose son premier opéra König Alboin (1876), puis sa seule symphonie (1884). Avant Wagner, Wolf rencontre Brahms en 1879: le jeune homme de 19 ans qualifie l’auteur d’Un Requiem Allemand de « pédant du nord »: le courant n’est pas passé, définitivement. Susceptibilité de créateur, magnifié par l’impatience de la jeunesse…
Wolf ne cache pas ses préférences pour liszt et Wagner contre l’italianisme ambiant et le culte de … Brahms. Le jeune créateur approfondit encore sa formation musicale: l’aboutissement de cette période intense de travail où l’euphorie alterne avec la tentation dépressive, demeure son poème symphonique: Penthésilée (1887) qui est un échec.

Maître des drames intérieurs -véritable opéras miniatures-, dans la mouvance schubertienne, Wolf édifie après son aîné viennois, une oeuvre vocale d’une exceptionnelle exigence poétique et musicale, littéraire et lyrique. Chant et sens fusionnent: Wolf est passé maître dans l’art du lied (300 lieder composés) et tous les grands chanteurs, diseurs du verbe autant que de la note, se sont confrontés à ses mondes crépusculaires et flottants, tendus et passionnés, ciselure du verbe incarné, défi permanent sur le plan de la nuance et des connotations, où se dévoile sans épanchement le chant de l’âme…
Il prend soin de sélectionner les poètes mis en musique, tous en majorité germaniques: Eduard Mörike, Joseph von Eichendorff, Johann Wolfgang von Goethe.
Pensionnaire de la villa Perchtoldsdorf, près de Vienne, en 1888 , Wolf peut se consacrer à son oeuvre. La résidence se révèle bénéfique: il y compose une grande partie de son oeuvre. Sa dernière période de composition laissent plusieurs chefs-d’oeuvre dans tous les genres, le lied et l’opéra: Livres de lieder espagnols (1891) et italiens (2 volumes, 1891 et 1896 sur des poèmes allemands réunis en thèmes espagnols et italiens; Quatuor à cordes (1879-80), Sérénade italienne (1892), l’opéra Der Corregidor (Le Gouverneur, 1895). Non encore quadra, Wolf en 1897 doit se faire interner à l’asile en raison de l’effondrement moral et mental dont il est victime. Il meurt à Vienne à 43 ans.

Alchimiste des climats ténus, indicibles, artisan des modulations contrastées, poète de la dissonance, Wolf redéfinit le cadre du lieder, s’intéressant autant au piano qu’à la voix, et bien sûr au dialogue des deux… suscitant d’ailleurs la désapprobation de son ancien condisciple à Vienne, Gustav Mahler qui jugeait ses lieder indigestes car « informes ». Ses audaces inspirent évidemment Berg et Schoenberg, tout en étant même plus audacieux que ces derniers. Même admirateur de Wagner, Wolf sait s’en éloigner: aucun wagnérisme outrancier dans cette élégance intérieure, ce repli suggestif, cette liberté formelle totale, ses modulations imprévisibles… En expert de la prosodie, réalisant un chant spécifique aux inflexions et accents de la langue de Goethe, Wolf préfère parler de poème pour voix et piano: « Gedichte für Stingstimme und Klavier ».

Catalogue des lieder de Wolf

1875 – 1887 : 94 lieder (Gedichte) de Jeunesse écartés par l’auteur
1888 – 1891 : 197 Lieder
1886 – 1888 : 20 Eïchendorfflieder
1888 : 53 Mörikelieder
1888 – 1889 : 51 Goethelieder
1889 – 1890 : 44 lieder espagnols
1890 – 1896 : 22 lieder italiens
1890 – 1891 : recueil I (22 lieder)
1896 : recueil II (24 lieder)
1896 – 1897 : 33 lieder
1896 : 24 lieder inspirés par des tableaux de paysages

Progamme

Concert donné le 21 mai 2005 dans la Mozartsaal de Schwetzingen

Hugo Wolf
Italienisches Liederbuch
Première partie
Texte de Paul Heyse
Auch kleine Dinge können uns entzücken
Mir ward gesagt, du reisest in die Ferne
Ihr seid die Allerschönste
Gesegnet sei, durch den die Welt entstund
Selig ihr Blinden
Wer rief dich denn?
Der Mond hat eine schwere Klag’ erhoben
Nun lass uns Frieden schließen
Dass doch gemalt all deine Reize wären
Du denkst mit einem Fädchen mich zu fangen
Wie lange schon war immer mein Verlangen
Nein, junger Herr
Hoffärtig seid Ihr, schönes Kind
Geselle, woll’n wir uns in Kutten hüllen
Mein Liebster ist so klein
Ihr jungen Leute
Und willst du deinen Liebsten sterben sehen
Heb’ auf dein blondes Haupt
Wir haben beide lange Zeit geschwiegen
Mein Liebster singt
Man sagt mir, deine Mutter wollt’ es nicht
Ein Ständchen Euch zu bringen

Italienisches Liederbuch
Deuxième partie
Texte de Paul Heyse
Was für ein Lied soll dir gesungen werden
Ich esse nun mein Brot nicht trocken mehr
Mein Liebster hat zu Tische mich geladen
Ich ließ mir sagen und mir ward erzählt
Schon streckt’ ich aus im Bett die müden Glieder
Du sagst mir, daß ich keine Fürstin sei
Wohl kenn’ ich Euren Stand
Lass sie nur gehen, die so die Stolze spielt
Wie soll ich fröhlich sein
Was soll der Zorn, mein Schatz
Sterb’ ich, so hüllt in Blumen meine Glieder
Und steht ihr früh am Morgen auf
Benedeit die sel’ge Mutter
Wenn du, mein Liebster, steigst zum Himmel auf
Wie viele Zeit verlor ich
Wenn du mich mit den Augen streifst

Christian Gerhaher : baryton
Mojca Erdmann : soprano
Gerold Huber : piano

Illustrations: Hugo Wolf, Christian Gerhaher, Mojca Erdmann, Hugo Wolf (DR)

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