The Rake’s progress, 1951
France Musique
Dimanche 22 novembre 2009 à 10h
La tribune des critiques de disques
Que pensez de l’opéra satirique et mordant de Stravinsky, The Rake’s progress, créé à Venise par le compositeur en 1951? Quelle en est la version discographique de référence aujourd’hui? Voici les questions auxquelles répond la tribune des critiques de disques de ce dimanche.
A défaut de connaître la référence au disque, reportez vous sur la
production mise en scène par Robert Lepage (créée à Bruxelles, La Monnaie en 2007
puis reprise en octobre 2009, enregistrée au dvd chez Opus
Arte), une merveille de finesse tendre et caustique… (Stravinsky: The Rake’s progress. Kazushi Ono, Robert Lepage. 1 dvd Opus
Arte).
Opéra désenchanté?
The Rake’s Progress ou “les aventures d’un libertin” est le premier opéra qu’Igor Stravinski compose en anglais. Il écrit l’opéra entre 1948 et 195.
Le 11 septembre 1951, Stravinsky soi-même, en dirige la création à la Fenice de Venise. Il en avait trouvé le sujet dans des peintures anglaises qu’il découvre à l’occasion d’une exposition à Chicago en 1947. Il est très impressionné par ce cycle de huit peintures et gravures du peintre du 18e siècle William Hogarth, illustrant la vie dissolue de Tom Rakewell, fils d’un riche commerçant qui dilapide sa fortune.
La veine picaresque et délirante, parodique et bouffonne des tableaux est volontiers mordante et descriptive, c’est l’allégorie de la chute d’un couple de riches naïfs, victimes de la duplicité de leur milieu… Au coeur du sujet de l’opéra, Stravinsky place la crédulité du héros, son innocence coupable: sans jugement critique, Tom se laisse berné par le diable et nombre de parasites accrochés à sa fortune. Seule, la douce Anne (Trulove, la bien nommée) le suit sans faiblir et au comble de la solitude et du dénuement, lui offre la rémission finale.
Le livret est écrit par le poète britannique Wystan-Hugh Auden (1907-1973. La musique s’inspire du style musical du 18e siècle, avec clavecin pour les récitatifs et petit orchestre pour chaque solo, ensemble et chœur. Mais on a tort de réduire l’ouvrage à un pastiche: les formes utilisées servent une vison désenchantée et critique de la société qui détruit le héros, ses rêves, son ambition. Est-il en réalité trop naïf, comme l’est Siegfried dans Le crépuscule des dieux? Stravinsky lui-même a-t-il signé là, l’une de ses participations qui parlant du genre humain, se révèle désenchantée?
Dossier réalisé par Stéphanie Bataille et Adrien de Vries. Illustrations: Igor Stravinsky (DR)