jeudi 24 avril 2025

Frédéric Chopin: portrait. Dossier Chopin 2010 Après George Sand, les 2 dernières années (1847-1849)

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De la rupture avec George Sand à la mort
(1847-1849)

La fin de la liaison avec George Sand, femme « inhumaine » dira Delacroix à propos de l’amoureuse dominatrice, est encore tachée par les frasques de la fille de l’écrivain: Solange… que Chopin affectionne comme sa propre enfant. Son époux récent, le sculpteur Clésinger -qui réalisera le buste posthume du pianiste-, aux agissements passionnés et parfois frustres, s’en prend au frère de Solange, Maurice, le fils adulé de George.
S’ensuit une scène de famille qui confine au tragique ridicule: Clésinger menaçant avec un marteau Maurice qui est défendu par sa mère, George, laquelle finit par claquer son gendre. Celui rétorque en assénant un coup de poing à sa belle-mère sur le buste… Maurice revient en brandissant un pistolet pour tuer son beau-frère… Solange ne devait plus reparaître à Nohant avec son mari, définitivement fâchée avec sa mère.

Chopin dont la santé décline et qui même éprouve de violentes attaques, prend le parti de la fille. George Sand lui en voudra beaucoup, écrivant comme souvent une version romancée (et à son avantage) de sa vie amoureuse: après 9 années de vie commune, la rupture approche, et l’amante feindra la blessure dans la dignité, celle d’une femme généreuse frappée par l’ingratitude de son jeune amant (qui soit disant serait tombé amoureux de sa propre fille Solange!). L’écrivain soucieuse de ne pas perdre la face écrira même: « … Pour moi, quel débarras ! quelle chaîne rompue! Toujours résistant à son esprit étroit et despotique, mais toujours enchaînée par la pitié et la crainte de le faire mourir de chagrin, il y a neuf ans que pleine de vie, je suis liée à un cadavre. »


Quoiqu’il en soit, l’ambiance familiale plaît au pianiste: elle se montre même propice à son écriture et à son inventivité. A Nohant, le compositeur vit certainement les années les plus heureuses de son existence loin du foyer polonais… Chopin y compose les pièces majeures de son catalogue et privé du havre pastoral et affectueux, en 1847, il n’écrit quasiment rien.

Revenu à Paris, il se laisse convaincre par quelques amis (Albrecht, Léo, Perthuis, Pleyel) de donner un nouveau concert. Ce qui advient le 16 février 1848 (juste avant la Révolution qui éclata le 22 février suivant), à la Salle Pleyel. 300 places pour accueillir le tout Paris, c’est peu. Chopin qui interprète des Préludes, Mazurkas, Valses… retrouve aussi un partenaire familier, le violoncelliste Auguste Franchomme avec lequel il joue sa Sonate avec violoncelle. Quelle différence avec son premier concert à Paris, au 9 rue Cadet, dans les salons Pleyel, le 16 février 1832: où Chopin, alors élève et protégé de Kalkbrenner joua son cher Mozart (Variations sur un thème de Don Giovanni) et son Concerto pour piano en mi mineur.

Séjour londonien

Avec l’été qui approche et la tourmente révolutionnaire de 1848 qui sévit à Paris, Chopin décide de quitter le sol français pour Londres (le but original de son voyage depuis la Pologne, avant qu’il ne se fixe à Paris).
Le choix du compositeur-pianiste est vivement soutenu voire inspiré par son ancien élève, amoureuse en secret de son professeur, l’écossaise Jane Stirling (qui à 44 ans, prenait des leçons depuis 8 ans avec Frédéric). Mais, malgré tant d’attentions (et de marques d’estime), l’expérience londonienne (à partir du 20 avril 1848), à contrario de Haendel ou de Haydn, n’est pas heureuse. Pourtant, Chopin guère seule et abandonné retrouve ses admirateurs et soutiens fidèles dont le comte de Perthuis (réfugié depuis la Révolution en Angleterre, avec l’entourage de Louis-Philippe), Pauline Viardot (qui chantera lors du concert du 23 juin, ses propres transcriptions de six Mazurkas), son ami Szulczewski, et même le facteur de pianos Broadwood, qui comme Erard, lui a fait installer un piano gracieusement pour ses exercices, leçons et compositions.
Même s’il joue « trop bas », Chopin est sollicité pour un cycle de concerts avec la Philharmonie de Londres, dans ses deux Concertos pour pianos, en présence de la reine Victoria (à peine trentenaire alors). Le musicien se laisse attendrir par une cantatrice suédoise à succès, Jenny Lind, rival de Pauline Viardot dans La Sonnambula de Bellini.
S’en suit une tournée éreintante en Ecosse, la patrie de Jane Stirling et de sa soeurs, sous la coupe desquelles le pianiste compositeur se laisse embrigader avec une docilité apparente qui finit par porter des fruits amers. Alors que celle qui fut son élève patiente et adorante, attend un signe de rapprochement des coeurs, Chopin qui n’éprouve aucune attirance pour Jane, écrit à ses amis à Paris qu’il est « plus proche du cercueil que d’un lit nuptial ».

Dernier retour à Paris

En dépit de l’échec de ce séjour londonien et écossais, Jane Stirling continue d’être fidèle à Chopin. Revenu à Paris, en novembre 1848, le compositeur retrouve son appartement de Chaillot mais les élèves se font rares et il doit surtout se prémunir contre les dangers du surmenage: pas trop d’activité et surtout pas trop d’élèves. Les rentrées d’argent s’épuisent. C’est Jane Stirling encore elle, qui garantira un certain confort en allouant au compositeur un dont d’argent substantiel (près de 25.000 francs)…
Au printemps 1849, Chopin qui a passé l’hiver chez lui, se sent mieux. Il applaudit avec Delacroix à la création du Prophète de Meyerbeer (avec Pauline Viardot). Pourtant Chopin demeure chétif et fragile, s’économisant: son Nocturne en mi mineur (classé opus 72 dans l’édition posthume) en témoigne: langueur élégiaque et triste, profonde, sertie comme une miniature crépusculaire de la fin… Or le 22 juin, une terrible attaque survint: on diagnostiqua la phtisie en phase finale: Chopin crachait du sang. Lui qui avait toujours aimé se sentir en famille, Frédéric Chopin demande à sa soeur demeurée à Varsovie de venir le rejoindre avec ses enfants et son mari. Les Jedrzejewicz arrivent enfin le 9 septembre 1849. Puis Solange, la fille de Sand, ne manque pas de visiter celui qui la considérait comme sa propre fille.
Mais le malade doit trouver un nouveau logement plus chaud et plus pratique: il emménage fin septembre avec de nombreux soutiens, au 12 place Vendôme. Mais le mal ronge les forces restantes et le 7 octobre, Chopin garde le lit. Le 15, la cantatrice Delphine Potocka chante à son chevet les airs qu’il a aimé: ceux de Bellini, Stradella, Marcello… Le 16 octobre, après une terrible crise de toux, Chopin fixe le service de ses funérailles: que l’on joue le Requiem de Mozart et que son coeur soit envoyé en Pologne (à Cracovie). Chopin s’éteint dans la nuit du 17 octobre 1849. Le peintre Teofil Kwiatkowski, intime du compositeur dans ses dernières années, laisse un portrait du compositeur. Le corps est acheminé en cortège de la Madeleine au Père-Lachaise: Clésinger à partir d’une empreinte sur le visage du défunt, réalise le monument funéraire qui financé par un comité présidé par Delacroix, est inauguré pour le premier anniversaire de la mort du musicien, le 17 octobre 1850.

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