jeudi 24 avril 2025

Vincenzo Bellini: Norma (1831) Paris, Châtelet. Du 18 au 28 janvier 2010

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Vincenzo Bellini

Norma

version inédite de 1831


Paris, Théâtre du Châtelet
Du 18 au 28 janvier 2010

Jean Christophe Spinosi, direction
Peter Mussbach, mise en scène

Norma originelle ?

Monter Norma à Paris relève-t-il d’un défi insurmontable? De fait, l’opéra n’a pas été présenté eux parisiens depuis … 10 ans. Etonnant constat pour un ouvrage majeur du bel canto romantique italien et certainement l’une des partitions les plus fouillées de Bellini. A l’heure où Chopin est fêté, Bellini le mérite tout autant: sa Norma marqua profondément le milieu musical de son temps, dont les compositeurs à Paris… comme Chopin. Bellinien admiratif. Voilà au début du XXIè, une partition légendaire, servie par des interprètes mémorables dont Callas que la lecture actuelle tend à revisiter vers son état originel, celui de la création par Bellini lui-même: effectif allégé, équilibre instrumental plus délicat, rapport voix et orchestre révisé… Le Châtelet entend dévoiler la version originale, sublimée encore par le regard acerbe, voire cynique de Peter Mussbach qui souligne l’antagonisme des protagonistes, le débordement des intérêts publiques au détriment de la sphère intime et affective.

Contrebasses autonomes
Le travail musical s’appuie sur l’exigence de Bellini faisant répéter l’orchestre pour obtenir le phrasé exact, la précision rythmique juste. Dans la fosse, l’orchestre restitué comprend le même nombre de contrebasses que de violoncelles: les contrebasses, placés dans la fosse de La Scala à l’époque de Bellini, en 2 groupes latéraux, assurant l’assise rythmiques et harmonique de tout l’édifice orchestral. En son autonomie recouvrée, le groupe de cordes ainsi « rétabli » selon l’usage des orchestres italiens du premier romantisme, devrait sonner d’une nouvelle manière: rappelant la vitalité des crescendos rossiniens (précis et dansants comme dans le jazz), ou assumant l’esprit solennel et majestueux de certains épisodes du choeur (Guerra, guerra, dans l’acte II). Et le chef de la nouvelle production parisienne reprend les annotations du manuscrit original des Puritains lequel regorge d’indications métronomiques et agogiques. Apport bénéfique pour la conception des tempi et des phrasés, comme pour la construction d’ensemble.

La Banda en bonus
De même, la lecture souhaite rétablir la fanfare ou banda sul palco des instrumentistes surnuméraires, jouant en « bonus » dans les opéras héroïques depuis le XVIIIè, sur le plateau ou dans la coulisse.

La version de 1831 comporte les épisodes souvent supprimés par la « tradition » du XXè. Il s’agit d’exprimer au plus près, la complexité de Norma, les facettes caractérisées de ses tiraillements de femme publique, d’amoureuse trahie. La figure légendaire devrait gagner en profondeur et en poésie mélancolique, souvent atténuée pour faire resplendir (à outrance) la diablesse sauvage et rauque, capable de furies vocales et surdramatiques. En ce sens, la lecture défendue par Maria Callas aussi intense et cohérente soit-elle, s’appuie sur des options inexactes, sur un état non historique et originale de la partition.

reportage vidéo
Sur la scène parisienne, l’allemand Peter Mussbach
assure une mise en scène forte et violente qui cependant laisse toute
sa place à la profondeur humaine, tendre et hautement morale du
rôle-titre.
Les rapports de force entre les protagonistes (relation tripartite
entre la grande prêtresse gauloise Norma, le proconsul romain Pollione,
et la jeune novice Adalgisa…) mais aussi la réalité crue d’un peuple
soumis et aliéné par la force, sont particulièrement mis en relief.




Vincenzo Bellini: Norma (1831). Opera
seria en deux actes. Livret de Felice Romani. Créé à la Scala de Milan,
le 26 décembre 1831. Jean-Christophe Spinosi, direction. Peter
Mussbach, mise en scène. Paris, Théâtre du Châtelet, 6 dates, du 18 au 28
janvier 2010
.


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