Richard Wagner: Le Crépuscule des DieuxFrance Musique, du 23 au 27 mai 2011 à 14h

Crépuscule wagnérien

Avec le Crépuscule des dieux, Wagner peint la fin d’un monde barbare, maudit par lui-même à la destruction: par vanité, calcul, tromperie et duplicité, l’humanité court à sa perte. Sacrifice des héros (Siegfrid drogué et abusé, puis tué dans le dos par Hagen; Brünnhilde manipulée et trompée), intrigues et bassesses diverses du clan Gibichungen (Gutrune et Gunther, Hagen)… il n’est pas de théâtre plus cynique et inhumain que Le Crépuscule des Dieux: la musique a contrario du livret qui a été le premier texte écrit par Wagner dans sa conception globale de la Tétralogie, recueille les dernières avancées esthétiques et expressives de l’auteur. Fort de ses trouvailles dans Tristan, Wagner compose pour son Crépuscule, une partition éruptive et violente au diapason de cette vision crue et désenchantée. Tout cycle cohérent appelant nécessairement la redite de son commencement pour un retour éternel à une aube de promesses, le drame s’achève après la mort de tous, par la réapparition des filles du Rhin, le fleuve débordant même de son lit pour reprendre ce qui lui avait été honteusement dérobé: l’or, l’anneau, le pouvoir, la force axiale du monde dont dépend l’équilibre du cosmos. Pour autant, il n’est pas dit que les hommes soient sauvés, ou que, s’ils récidivent, la nature reprenne encore et toujours le cours initial de son essor pour sauver ce qui doit l’être. Ainsi Le Crépuscule se conclue sur une incertitude que les metteurs en scène soulignent avec bonheur ou dérapage…
Une chose est certaine, ceux qui font le jeu du pouvoir, de la richesse à tout prix, les marchands… méprisant tout amour et tout humanisme, sont condamnés à périr des erreurs qu’ils ont eux-mêmes commis.

Le prologue qui se déroule sur 40 mn, annonce le déferlement sonore qui va suivre: c’est une épopée lyrique dont personne ne sort indemne. Dans la 3è et ultime Journée du Ring se détachent, emblèmes de l’éloquence indépendante de l’orchestre, deux pages purement instrumentales: le lever du jour et le voyage de Siegfried sur le Rhin ( fin du Prologue et début du I); puis La mort de Siegfried, thème crucial de tout l’Oeuvre car il est la source poétique par laquelle toute la conception et le développement de la Tétralogie a commencé.
Dans le Crépuscule, Wagner ajoute encore de nouveaux personnages: les 3 Gibichungen (Gutrune et Gunther qui sont soeur et frère, et Hagen né de la même mère et d’un père différent, Albérich), puis les 3 Nornes, filles d’Erda et d’un anonyme: Dans le Prologue, les Nornes annoncent la rupture, la fin, la réalisation de la malédiction annoncée: tout s’effondre, Dieux mais aussi humanité.