mercredi 16 avril 2025

CRITIQUE, concert. PARIS, Auditorium de la Maison de la Radio, le 18 février 2025. HAENDEL / LECLAIR / CORELLI… William Christie (clavecin), Théotime Langlois de Swarte (violon)

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Brigitte Maroillat
Brigitte Maroillat
De formation juridique, et passionnée de musique et d’opéra depuis l’adolescence, Brigitte Maroillat a collaboré à Opera Online en 2017/2018 puis à Forumopera.com de 2018 à 2024 avant de rejoindre ClassiqueNews. Elle est aussi administratrice de la page Facebook du baryton-basse José van Dam.

On sait à quel point William Christie aime côtoyer la jeune génération d’artistes, avec laquelle, du haut de ses 80 ans, il semble naturellement être au diapason. De cette accointance avec la jeunesse, le Maître tire le meilleur pour mettre en lumière tout un répertoire oublié. L’album Générations enregistré avec Théotime Langlois de Swarte en est une brillante illustration. Une expérience qu’il a d’ailleurs réitérée avec le jeune violoniste, hier soir mercredi 18 février, à La Maison de la Radio. Il a ainsi démontré une nouvelle fois qu’entre générations le plaisir de faire de la musique ensemble, dans une sensibilité et un regard convergents, n’est pas une parenthèse éphémère gravée sur un disque.

 

Au cœur du programme d’hier soir, on retrouve Senaillé et Leclair que William Christie et Théotime Langlois de Swarte ont déjà défendus avec brio dans l’album précité. A ces deux compositeurs dont il est des plus heureux ici de poursuivre l’écoute, s’invitent Haendel et Corelli, avec pour le premier, la Sonate HWV 371 en Ré majeur, réminiscence d’un séjour transalpin et pour le second les variations sur La Folia, un des sommets de l’art violonistique baroque. Un programme qui séduit par une expressivité sans effusion inutile, parfait équilibre entre fougue et finesse. Un programme qui magnifie tant l’énergie que les mouvements virtuoses.

Toutefois, proposer des sonates mettant en lumière Sénaillé et Leclair, deux compositeurs de la première moitié du XVIIIe siècle, pourrait encore paraître aujourd’hui un défi à relever. Mais pas pour les deux complices qui maîtrisent avec talent cette palette d’écriture et d’émotions alternant tout à la fois gravité et exubérance, panache et cantabile. Et dans ce registre, l’archet de Théotime Langlois de Swarte émerveille par une éloquence portée par le jeu stimulant d’un William Christie heureux d’être là, en complète synergie avec son jeune partenaire. Et l’on sent à quel point le maître est galvanisé par ce partage. L’opus 4 no. 5 en mi mineur de Senaillé est un temps fort pour le violon de de Swarte, magnifiquement accompagné par la précision du clavier de William Christie. La Sonate en sol mineur op. 1 n°6 en sol mineur, étiquetée Allemande, a incontestablement une sensibilité toute française : « Une musique dont il faut s’emparer » comme le dit Théotime. Et nos deux interprètes en font ici la parfaite démonstration au fil d’un dialogue musical à la poésie entêtante.

En véritable Maître de cérémonie de la soirée, le jeune violoniste semble aussi à l’aise pour présenter le programme qu’il commente avec humour, que pour se lancer dans l’improvisation d’un magnifique prélude pour violon, riche d’arpèges, dont il nous fait l’offrande comme un trait d’union entre le lyrisme poétique de Senaillé et les vigoureux accents de Leclair. Mais si les compositions de ce dernier montrent davantage d’exubérance à l’italienne, telle que cette Sonate op.2 n°2 en fa majeur, elles mettent toutefois également en lumière, à l’instar Senaillé, une mélancolie et une poésie à la française.

La complicité de William Christie et Théotime Langlois de Swarte atteint un sommet lors de La Follia d’Arcangelo Corelli qui clôt le programme. Les couleurs expressives surgissent en arc en ciel de l’archet fougueux du violoniste, et les basses galopent sur le clavier de William Christie. Et c’est ensuite un véritable duo d’humoristes que forment les deux compères, au cours des bis prolongeant le programme, dont l’irrésistible Coucou de Senaillé. Ils donnent ici libre court, dans une émulation collective, à leur prodigieuse capacité de se réinventer sans cesse dans la fantaisie partagée d’un instant. L’affinité élective des deux artistes est, d’enregistrement en concert, un plaisir dont on ne se lasse pas.

 

 

 

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CRITIQUE, concert. PARIS, Auditorium de la Maison de la Radio, le 18 février 2025. HAENDEL / LECLAIR / CORELLI… William Christie (clavecin), Théotime Langlois de Swarte (violon). Crédit photo © Brigitte Maroillat

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