Alban Berg
Concerto pour violon
A la mémoire d’un ange, 1936
France Musique
Jardin des critiques
Dimanche 20 mai 2012 à 14h
Analyse de l’oeuvre et bilan discographique
A la veille de la guerre, composé entre avril et août 1935, le Concerto pour violon de
Berg est créé, 3 mois après la mort du compositeur, à Barcelone, le 19
avril 1936 avec le soliste Louis Krasner sous la baguette d’Hermann
Scherchen.
L’ange s’appelle Manon…
C’est Krasner qui a proposé à Berg l’idée de ce Concerto dodécaphonique 1. L’andante allegretto 2. Allegro ma sempre rubato:
pour écouter comment sonne l’instrument dans cette écriture. Mais Berg,
affecté par la mort soudaine de la fille d’Alma Mahler et de Gropius,
Manon à l’âge de 18 ans, décide d’écrire la partition à sa mémoire. Né
en 1885, Berg a la cinquantaine lorsqu’il écrit son oeuvre.
De la Symphonie n°9 de Mahler, Berg reprend le schéma des
quatre sections, dont la première et la dernière sont lentes. Les
quatre sont reliées deux à deux, d’où une architecture en deux
mouvements: dix mesures forment une série dodécaphonique, motif
conducteur et matriciel.
hommage à sa beauté et sa grâce, à sa bonne humeur (allegretto en forme
de scherzo à deux trios). Berg glisse même un air populaire, laendler
de Carinthie, mélodie pleine de finesse nostalgique adaptée au cor et
deux trompettes.
âpre: le drame surgit et fait paraître la maladie qui conduit à la mort.
Martèlement, fatalité: le tutti concluant l’allegro (tutti terrifinat).
L’Adagio final est une manière d’apothéose dans la douleur
intériorisée, dont le motif reprend le choral de la cantate BWV 60 de
Bach (O ewigkeit, du Donnerwort! « O Eternité! toi, parole du tonnerre« ):
Berg y alterne le soliste (violon) et l’audience des croyants (harmonie
des bois). Un accord de si bémol longuement tenu indique la profondeur
du deuil, l’excellence de la jeune âme trop tôt fauchée, l’intensité du
sentiment de regret et de renoncement. Durée indicative: 23-25 minutes.
Illustration: Alban Berg (DR)