Actes Sud célèbre le bicentenaire de la naissance de Robert Schumann (1810-1856), le 8 juin 2010 précisément. Le texte biographique souligne chez le compositeur ami de Mendelssohn, révélateur et soutien de Brahms, ce « goût de l’ombre« , instabilité de l’état psychique et perte progressive des facultés mentales, qui finiront par atteindre le créateur et ruiner la fin de sa vie…
A contrario de nombreux compositeurs, il reste beaucoup de documents sur Schumann (à commencer par les écrits du maître) pour établir un portrait juste de l’homme (qui consignait jusqu’à la fréquence de ses rapports sexuels avec son épouse Clara!). L’oeuvre pour piano est évoquée (celle d’un génie précoce qui à 27 ans, en 1837, produit des sommets: Variations Abegg, Papillons, Davidsbündlertänze, Kreisleriana…), mais aussi ses réalisations magistrales dans l’opéra (Genoveva), l’écriture symphonique, la musique de chambre et aussi l’oratorio (Le paradis et la péri, Faust...), autant de partitions méconnues qui méritent évidemment une réévaluation. L’amour pour Clara, -exclusif, précoce, tenace-, n’empêche pas l’époux comblé de sombrer dans la solitude et l’inadaptation aux autres: Schumann échoue dans sa fonction de pédagogue au Conservatoire de Leipzig, ruine sa carrière de chef d’orchestre à Dusseldorf… alors qu’il reste convaincu de son aptitude comme maestro… Curieux et même étrange trait de cet esprit condamné à la folie et à l’enfermement, qui à ses débuts se décortique en deux facettes des humeurs et de la sensibilité: Eusebius quand il est songeur et nuancé; Florestan s’il cravache sa monture, se montre conquérant et affirmatif (contre les faux prophètes de l’art à son époque, contre les Philistins abusifs…).
Conçue comme une journée de la vie de Schumann, les 6 chapitres de cette biographie explicative (« matin, midi, après-midi, soir, la nuit et lendemain ») se lisent d’une traite, faisant le bilan des éléments clés dans la vie de Robert Schumann. Fidèle au concept de la collection Classica, la biographie est complétée par les repères bibliographiques, la chronologie et les « miroirs » discographiques. C’est un texte concis et dense qui ne pouvait mieux rendre hommage au créateur romantique, véritable génie de son temps dont l’écriture raffinée et lumineuse s’est développée en dépit de son mal-être et sa lente destruction psychique irréversible.
Alain Duault: Robert Schumann. Editions Actes Sud. Collection Classica. Parution : mars 2010. 172 pages.
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