Alban Berg
Wozzeck, 1925
France Musique
Samedi 19 avril 2008 à 20h
Opéra en direct à l’Opéra Bastille. Voir la distribution de Wozzeck présenté par l’Opéra national de Paris. Vienne, 1914: Berg découvre
médusé la violence rentrée du drame Woyzeck de Büchner. 10 ans plus
tard, le fondateur avec Schönberg, de la 2ème Ecole de Vienne, présente
son Wozzeck, à Berlin en 1925. Opéra littéraire certes, surtout action
violente et sauvage, d’une construction musicale millimétrée qui
raconte la possession jusqu’à la folie meurtrière d’un impuissant
humilié… Comme Pelléas de Debussy (1902) marque l’avènement du drame
moderne, Wozzeck de Berg ouvre la voie de l’opéra régénéré, efficace,
fulgurant, captivant. En direct de l’Opéra de Paris, Sylvain Cambreling
dirige la production où domine l’excellente Angela Denoke dans le rôle
de Marie..
En mai 1914, Berg éprouve un choc en écoutant la pièce de théâtre intitulée Woyzeck de Georg Büchner (1813-1837) à Vienne. Berg, fondateur de l’Ecole de Vienne avec Schönberg dont il est l’élève, désire mettre en musique le drame de Büchner. Composé entre 1918 et 1921, l’opéra devenu Wozzeck est créé par Erich Kleiber à Berlin en décembre 1925. A l’origine, Büchner, étudiant en médecine, s’intéresse à un fait divers: le meurtre par Johann Christian Woyzeck en 1824 de sa fiancée, sous le coup de la jalousie et par dépit. Le thème de la possession d’un être irresponsable, amené à commettre l’irréparable et l’impardonnable marque l’esprit de Berg. Si Büchner laisse comme oeuvre dramatique, un ensemble d’esquisses sans ordre, que chaque metteur en scène, soucieux de produire une nouvelle version de Woyzeck, doit réarranger selon sa propre conception dramaturgique de l’oeuvre, Berg soigne quant à lui, spécifiquement la composition et la construction de son opéra. La concision formelle de Wozzeck en fait un chef d’oeuvre moderne et un superbe accomplissement comme opéra littéraire, après le premier joyau que demeure Pelléas et Mélisande de Claude Debussy (1902), lequel s’inspire de la même façon d’une pièce antérieure, signée du poète belge Maurice Maeterlinck.
Construction millimétrée
La méthode compositionnelle de Berg entend analyser de façon clinique le personnage de Wozzeck (baryton): être faible et possédé comme nous l’avons dit, bourreau et aussi victime. Le pauvre soldat doit suporter les moqueries et les humiliations prononcés en sa défaveur par le Tambour Major (ténor), la capitaine (ténor), le Médecin (basse). Seul, Andrès (ténor mozartien) reste l’ami de Wozzeck… A la figure de l’anti héros impuissant, objet des railleries de ses proches et de son milieu, répond le portrait sensuel, affirmé, provocateur de Marie (soprano dramatique ou mezzo). Fidèle à la construction ininterrompue de Wagner, Berg échafaude une série musicale de 15 tableaux correspondant chacun à 15 formes musicales héritées de la tradition classique. Le premier acte fait se succéder 5 pièces de caractère (de la suite en cinq parties à un quasi rondo), l’acte II est une Symphonie en 5 mouvements, enfin l’acte III, offre une nouvelle série de 5 « inventions », sur un thème, sur une note, sur un rythme, etc…
Illustration: Georg Büchner (DR)
