jeudi 24 avril 2025

Angelin Preljocaj: Eldorado, 2007 (Olivier Assayas) Arte, lundi 25 février 2008 à 22h35

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Angelin Preljocaj

Eldorado
, 2007




Arte
Lundi 25 février 2008 à 22h35


Film. Réalisation: Olivier Assayas (France, 2007, 1h30mn). Musique de Karl Heinz Stockhausen (Sonntags Abschied). Chorégraphie de Angelin Preljocaj.

Structurer une pensée incarnée
Angelin Preljocaj (né en 1957) travaille sur la musique de Stockhausen, depuis avril 2000, lorsque le chorégraphe adaptait « l’âpreté radicale » d’Helipkopter quartett » (ballet créé lors du festival Exit à Créteil)…
Une rencontre décisive a prolongé l’amorce de ce premier ouvrage. Les deux hommes se retrouvent même à partir de septembre 2005: le compositeur invite le créateur de ballets à le rejoindre dans son studio de Cologne pour écouter une pièce qui devrait à nouveau l’intéresser: Sonntags abschied, pièce informatique d’après une pièce écrite pour 5 choeurs. En défricheur sans limites, Stockhausen innove, expérimente, recule les conditions connues de la perception du son, de ses résonances: davantage qu’une quête du silence ou du rien, l’oeuvre du compositeur, tout en dilatant le spectre musical, porté par la quête d’expansion de l’espace, recherche à éprouver de nouveaux moyens de perception sensible… Preljocaj reste hypnotisé par la force de la musique qu’il a découvert: cette fascination liée à la lente compréhension d’un monde sensoriel nouveau, « forme sonore de vaudou », renouvelle son approche de l’espace et du mouvement.
Pour le film, le réalisateur Olivier Assayas choisit plans et mouvements de caméra comme s’il s’agissait d’exprimer au plus proche la vérité intime des corps dansants. Mais le travail du cinéaste sur la danse de Preljocaj fait ressortir ce que chacun a de commun: un même sens de l’intensité poétique, une même quête de l’espace, et ce dévoilement juste qui éclaire chaque style et manière, qu’Assayas définit en parlant de la création de Preljocaj, comme un acte de « clarté, crûe et précise », que le chorégraphe circonscrit à sa mesure en parlant de « pensée incarnée ». Au final, le regard d’Assayas sur la création du chorégraphe souligne combien les deux créateurs, comme révélés par la musique de Stockhausen, partagent une perception proche de l’espace et du mouvement.
Sous le filtre de la sensibilité de Preljocaj, Sonntags Abschied de Stockhausen, découvert en septembre 2005, devient Eldorado, nouveau ballet, créé en 2007, l’année où devait mourir le compositeur (5 décembre 2007). Pour le chorégraphe, Eldorado cristallise sa perception de la partition, tel un « paradis perdu », un eden à jamais inaccessible. Pour Olivier Assayas, filmer les répétitions des danseurs au moment de la création du ballet, est une manière familière car le réalisateur retrouve cet art de la fluidité et de l’espace qu’il aime interroger quand il dirige les acteurs de ses courts ou longs métrages.

Crédit photographique
Angelin Preljocaj: Eldorado, 2007 (DR)

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