Era la Notte
Anna Caterina Antonacci,
soprano
Paris, Théâtre des Champs Elysées
Les 2, 4 et 5 mai 2007
Caen, le 9 mai 2007
Toulouse, le 16 mai 2007
Diva tragica
Une tragédienne hors norme réalise sa tournée française. Elle fut Agrippina, impériale marâtre au pouvoir vorace, de Haendel sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées (septembre 2003, direction: René Jacobs); une toute aussi flamboyante et hallucinée Cassandre dans la production du Châtelet dirigé par Gardiner (octobre 2003), et dernièrement, Rachel, tendre et incandescente, dans La Juive de Fromental Halévy à l’Opéra Bastille (27 mars au 19 avril 2007): le parcours de la soprano italienne, née à Ferrare, Anna Caterina Antonacci, tient d’un sans-faute.
Le timbre opulent et soyeux, les registres stables, l’aigu comme le grave parfaitement placés, et ce supplément d’âme et de fragilité font pour chacune de ses incarnations, un moment d’embrasement vocal, et de présence dramatique.
Juliette Deschamps met en scène un spectacle taillé à la mesure de la diva ténébreuse. « Era la Notte »: performance a voce sola, marquée par les ombres et les contrastes, féerie nocturne conçue à partir des partitions composées par Claudio Monteverdi, père de l’Opéra et dont nous fêtons en 2007, les 400 ans de son premier chef-d’oeuvre, Orfeo. Mais Anna Caterina Antonacci chante aussi Giramo et Barbara Strozzi, contemporains du maestro vénitien. « Era la Notte », titre qui renvoie au XII ème chant de La Jérusalem délivrée du Tasse, dont est inspiré le Combattimento di Tancredi e di Clorinda de Monteverdi, a été créé au Grand Théâtre de Luxembourg, le 29 janvier 2006. « De la nuit, il faut aimer les surprises, les murmures, ce qu’elle renferme et de ne délivre pas toujours. Dans l’obscurité, comprendre l’histoire, deviner son chemin, se laisser tromper par la pénombre, se prendre au jeu des métamorphoses et des ambiguités« , précise la metteuse en scène. Dans ce dédale convoqué, où les masques alternent avec les révélations, où les passions humaines tissent la tapisserie inusable des aspirations, désirs et errances de la condition humaine, la soprano italienne, tragédienne et diseuse reconnue, « qui a la gravité des madones et la présences brûlante des femmes destinées« , apporte la dimension et le souffle humain, épique, légendaire, féerique des divines instigatrices.
Programme
Claudio Monteverdi: Lamento d’Arianna. Barbara Strozzi: Lamento. Pietro Antonio Giramo: La pazza. Claudio Monteverdi: Combattimento di Tancredi e Clorinda
Era la notte. Anna Caterina Antonacci, soprano. Le cercle de l’Harmonie, direction: Julien Chauvin. Juliette Deschamps, mise en scène. Le programme de ce récital est aussi le sujet d’un disque paru chez Naïve (Anna Caterina Antonacci interprète tous les rôles des extraits et partitions abordées. Elle y est accompagnée par Modo Antiquo, direction: Federico Maria Sardelli). Enregistré en octobre 2005, 1 cd Naïve , 44mn, V 5050).
Illustration
Anna Caterina Antonacci: Cassandre mémorable, torche humaine par son chant crépusculaire et incantatoire, dans la production des Troyens de Berlioz (Paris, Châtelet, 2003)