Anton Bruckner
Symphonie n°7
France Musique
Lundi 19 novembre 2007 à 20h
Orchestre National de France
Kurt Masur, direction
La Symphonie de Bruckner est couplée avec le Concerto pour piano n°23 KV488 de Mozart (soliste: Louis Lortie, piano). Concert enregistré le 10 novembre 2007 à Paris, Salle Pleyel
Au cours de l’été puis jusqu’en septembre 1881, Bruckner s’attèle aux premières esquisses de sa 7ème Symphonie. Le Scherzo est tout d’abord achevé en octobre 1882. Puis, les premier mouvement, adagio et finale sont « conclus » en septembre 1883. L’incendie survenue avant la représentation des Contes d’Hoffmann au Ringtheater de Vienne, dans la nuit du 8 décembre 1881 (qui fit plus de 300 victimes) frappa vivement l’imagination du compositeur dont la maison proche du théâtre, risquait à tout moment de prendre les flammes. Le compositeur était d’autant plus impressionné qu’en entendant les cris des victimes, il craignait pour l’ensemble de ses partitions conservées à son domicile. En juillet 1882, Bruckner assista à la création de Parsifal de Wagner à Bayreuth, et en fut bouleversé jusqu’à la fin de sa vie. D’ailleurs tout en improvisant jusqu’à ses derniers jours, à l’orgue sur les thèmes parsifaliens, Bruckner se rendra plus de sept fois sur la Colline Verte, après la création, réécouter Parsifal, comme s’il s’agissait d’un retour aux sources, et parfois, écoutant plusieurs représentations! Aussi lorsqu’il apprend le 13 avril 1883 de Venise, la mort de Wagner, le deuil le submerge, le plongeant dans l’affliction et la mélancolie. Ces trois événements, incendie de 1881, création de Parsifal en 1882, mort de Wagner en 1883 composent comme une trilogie fondatrice pour la genèse de la Septième Symphonie. Pour rendre hommage à Wagner, Bruckner jouera la marche funèbre de Siegfried, suivie d’une improvisation sur les thèmes de sa Septième Symphonie. De fait l’adagio qui utilise tubas ténors et basses comme dans l’orchestre de Wagner, rend un hommage explicite au maître de Bayreuth.
Arthur Nikisch dirige la création de la Symphonie wagnérienne de Bruckner, le 30 décembre 1884 à Leipzig: l’oeuvre du compositeur sexagénaire remporta un succès éclatant et déclencha une vague d’enthousiasme à l’égard de son auteur, au-delà des frontières autrichiennes. Bruckner négocia afin de faire accepter sa dédicace de l’oeuvre nouvelle à Louis II de Bavière qu’il rencontra à Bayreuth dès 1876, alors que le jeune souverain qui finança en partie le théâtre de Wagner, était âgé de 29 ans. La dédicace au bienfaiteur de son maître, permettait à Bruckner de réactualiser l’ancien hommage adressé à l’auteur du Ring, quand, après l’avoir rencontré à Bayreuth en 1873, il lui dédiait sa Troisième Symphonie. De fait, Louis II de Bavière et le souvenir de Parsifal comme la vénération revivifiée à Wagner nourrissent le propos de la Septième Symphonie de Bruckner.
La science contrapuntique comme l’architecture harmonique souple de Bruckner explose littéralement dès le premier mouvement où le compositeur tout en tissant un portrait allusif du jeune roi efféminé, développe dans la « période finale », une ample divagation personnelle qui mêle quelques citations contrastées: Héroïque de Beethoven, Carmen de Bizet! L’adagio quant à lui, tout en citant (encore) Beethoven (andante moderato du troisième mouvement de la Neuvième Symphonie), est explicitement une marche funèbre en mémoire de Richard Wagner, et aussi un hommage rendu aux victimes de l’incendie du Ringtheater.
Plan: Allegro moderato (18mn). Adagio, Sehr feierlich und sehr langsam (20mn). Scherzo, sehr schnell (9mn). Finale. Bewegt doch nicht schnell (12mn). Nos précisions de durée sont indicatives.
Crédit photographique: Anton Bruckner (1824-1896) (DR)