mercredi 23 avril 2025

Anton Bruckner: Symphonie n°8 (A 117). Philippe Herreweghe Bruxelles, Bozar. Jeudi 11 septembre 2008 à 20h

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Orchestre des Champs Elysées
Philippe Herreweghe
, direction

Jeudi 11 septembre 2008 à 20h
Bruxelles, Bozar

Anton Bruckner: Symphonie n°8 (version Haas)

Philippe Herreweghe et l’Orchestre des Champs Elysées, phalange sur instruments d’époque, poursuivent leur voyage brucknérien. En bâtisseur des plans sonores, Philippe Herreweghe prend soin de souligner la clarté formelle tout en saisissant sous l’impressionnante architecture étagée, la haute spiritualité de Bruckner. Chef et orchestre ont déjà abordé les Symphonies n°4, n°7, enregistrées au disque, et plus récemment donné en concert, la Symphonie n°5. Lire notre compte rendu du concert de février 2008 à Bruxelles où Philippe Herreweghe dirige la Symphonie n°5 de Bruckner.

En ut mineur (A 117), la 8ème frappe par sa monumentalité, l’ampleur de sa forme architecturée. La démesure et le vertige qu’elle produit, ont suscité de nombreux commentaires dont le fait qu’il s’agissait de la dernière grande symphonie romantique. Les choses ne sont pas aussi simples que cela. La composition fut longue, se déroulant sur trois années: amorcée en 1884, l’écriture en est achevée à Saint-Florian en août 1887. Bruckner désirait créer l’oeuvre avant la fin de décembre, mais le créateur de sa Symphonie précédente, n°7, Hermann Levi, traina des pieds, et même découragea l’auteur dans cette tentative: la nouvelle oeuvre ne plaisait pas au chef d’orchestre!

Désespéré, Bruckner tomba dans une période dépressive. Mais ce chavirement artistique s’avéra profitable. Profondément marqué par cette preuve de défiance sur son oeuvre, le compositeur frappé d’une intense remise en question, reprit ses partitions: il réécrit encore le manuscrit de la 8ème, mais aussi de la Troisième et de la Première. Il existe donc aujourd’hui 2 versions de la 8ème: celle des années 1884-1887, celle finalement achevée en mars 1890.

Dans cette dernière version (validée par Bruckner, et connue des spécialistes sous le nom de « Nowak », publiée dès 1959), l’oeuvre fut créée à Vienne, le 18 décembre 1892, portant la dédicace à l’Empereur François-Joseph. Sous la direction de Hans Richter, la 8ème Symphonie fut aussitôt acclamée. Toute l’oeuvre, remarquable édifice d’une concision formelle ciselée (en particulier la fugue du dernier mouvement), exprime le miracle divin. L’architecture de la symphonie est un miroir de l’oeuvre divine, et son développement, sous forme d’une lutte ardente, évoque les diverses étapes pour révéler ce prodige admirable, avec un souffle mystique qui porte l’engagement personnel de l’auteur.

Retour aux sources: la lecture de Philippe Herreweghe
En reprenant le travail d’analyse et de restitution des sources dans le respect des volontés de Bruckner, Philippe Herreweghe suit les pistes du musicologue Robert Hass, auteur de la première édition critique de la Bruckner Gesellschaft en 1938. Haas reprend le manuscrit de 1890 mais retire ce que Bruckner avait modifié sous la pression de son entourage, reprenant des idées pertinentes de la version antérieure: le fruit de ce travail méticuleux permet aujourd’hui de disposer d’une partition idéale, celle qui correspond aux voeux du compositeur. C’est la version Haas que le chef flamand défend aujourd’hui au concert, et souhaitons-le bientôt au disque.

La Symphonie se développe en quatre mouvements: Allegro moderato, Scherzo, Adagio, Finale.

Illustration: Anton Bruckner (DR), Philippe Herreweghe (DR)

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