mercredi 23 avril 2025

Antonio Caldara: Maddalena ai piedi di Cristo (1713) France Musique, jeudi 10 avril 2008 à 20h

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Antonio Caldara
Maddalena ai piedi di Cristo
, 1713



France Musique
Jeudi 10 avril 2008 à 20h

Enregistré à Paris, Salle Pleyel, le 20 octobre 2007.

12 ans après l’avoir enregistré et aussi révélé au disque (HM, janvier 1995, avec les troupes de la Schola Cantorum de Bâle, et Chiara Banchini en « konzertmeisterin »)), René Jacobs redirige l’oratorio clé du vénitien Antonio Caldara: Maddalena ai piedi di Cristo . Le public parisien en octobre 2007 pouvait même réentendre dans le rôle de la Madeleine, la même soprano, Maria-Cristina Kiehr.

Venise, Rome, Vienne
Mort en 1736, Caldara (né à Venise en 1670) reste l’une des figures les plus fécondes de la musique vénitienne, au tournant des deux siècles baroques. Sa réputation fut étincellante en particulier parce qu’il fournit la majorité de ses oratorios pour le prince cardinal Ruspoli à Rome dès 1710, puis pour la Cour Impériale Viennoise de Charles VI Habsbourg. Caldara compositeur adulé à Vienne, conçoit les partitions théâtrales et sacrées à partir de 1717, pour le Carême. Ce sans discontinuité (sauf en 1721), jusqu’à sa mort en 1736.

A Venise, Caldara écrit ses premiers oratorios pour la Fava et aussi les Incurabili. La Maddalena date certainement de la saison à La Fava, en 1697/1698. Elève de Legrenzi, Caldara s’impose tout autant à l’opéra (genre qui est la source de la notoriété des plus grands créateurs) que dans l’oratorio. Alors que Pallavicino occupe aussi la scène vénitienne, Caldara s’affirme également comme compositeur de drames sacrés, lui qui est aussi violoncelliste épisodique dans l’orchestre de San Marco. La Maddalena en datant des années de maturité vénitienne, s’inscrit surtout à l’époque où le compositeur quittant Rome, souhaite obtenir un avancement et un poste à Vienne: pour convaincre d’éventuels patrons, il réécrit en 1713, sa Maddalena crée en 1698. Défi gagnant puisqu’il s’attire les faveurs de l’Empereur, très féru d’oratorios, et grand amateur d’ouvrages italiens.

Une oeuvre vénitienne réécrite à Vienne
Dans La Maddalena, le compositeur invente un nouveau personnage, celui de Marthe, contrepoint expressif au portrait central de Madeleine dont il traite avec génie les déchirements intérieurs entre vanité et renoncement. Mais la Pêcheresse, être compatissant, se montre capable de sublimation: elle éprouve finalement la vanité des plaisirs terrestres et accomplit son destin de sainte. Amor terreno et amor celeste incarnent les deux facettes de cette âme déchirée, puis apaisée.

La version de René Jacobs s’appuie sur le seul manuscrit parvenu (l’autographe de 1713 écrit quand Caldara reprend son ouvrage pour sa reprise à Vienne). La restitution sonore soigne en particulier cette « euphonie sensuelle, typiquement vénitienne » qui caractérise le milieu et le contexte esthétique dans lequel le compositeur a produit son chef d’oeuvre sur le livret de Forni. La caractérisation dramatique et psychologique des personnages atteint un rare accomplissement. Le chef flamand choisit de confier le rôle de l’Amor celeste, angélique, à un contre-ténor, celui d’Amor terreno, à un contralto féminin. D’ailleurs, cette dernière d’entité séductrice finit à la fin de la partition en monstre diabolique, d’une sensualité vénéneuse, mais … vaincue. Et pour couronner symboliquement l’itinéraire vertueux de Madeleine, Caldara imagine un air du Christ, (dévolu à un ténor: tenue par Jacobs soi-même dans la version discographique de 1995), particulièrement moralisatrice et spectaculaire.

Maria-Cristina Kiehr, Maddalena
Stéphanie d’Oustrac, Marta
Marie-Claude Chappuis, Amor Terreno
Lawrence Zazzo, Amor Celeste
Sergio Foresti, Fariseo
Jeremy Ovenden, Cristo
Concerto Vocale
Akademie für Alte Musik
René Jacobs, direction

Illustration: Caravage, La conversion de Madeleine, vers 1598 (Detroit, Institute of art)

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