Arnold Schoenberg
Gurrelieder, 1913
Dimanche 25 mars 2007 à 18h
Monte Carlo, Grimaldi Forum
Orchestre Philharmonique
de Monte Carlo
« 150 ème anniversaire »
Rundfunkchor Berlin
Mitteldeutscher Rundfunchor Leipzig
Orchestre philharmonique de Monte Carlo
Marek Janowski, direction
Solistes
Alfons Eberz, Woldemar
Eva-Maria Westbroek, Tove
Petra Lang, Waldtaube
Kwahchul Youn, Bauer
Arnold Bezuyen, Klaus, Narr
François Leroux, récitant
Ancien et moderne
Est-ce parce que la partition écrite en 1900, ne fut créée que 13 ans après sa composition, en 1913, que Gurrelieder fait montre d’un certain anachronisme? Conçu quelques semaines après , le sextuor « La nuit transfigurée », l’ouvrage est entendu après la révolution atonale… comme un retour espéré au style classique.
Schoenberg illustre un monde de légende d’après les vers de Jens Peter Jacobsen (1868), prenant appui sur les héros de la mythologie nordique. Derniers feux romantiques et aube impressionniste se mêlent admirablement pour évoquer le destin tragique de Tove, rivale de la Reine, le blasphème du Roi qui en insultant Dieu, se condamne à un éternel voyage, celui de l’errance, blessure solitaire irrésolue. Le compositeur convoque le passé pour nourir son inspiration moderniste. Ancien, moderne: les sources de la création sont multiples, contradictoires. Elles suscitent un débat jamais éteint qui pose la question du sens et de l’enjeu du Gurrelieder. Oeuvre passéiste ou manifeste moderniste chargé d’histoire?
Le 23 février 1913, la création de la version orchestrale, dirigée par Franz Schreker à Vienne, suscite une passion enthousiaste de l’audience. Le néo-classicisme Haydnien de l’oeuvre chorale (trois solistes, trois cents exécutants), enchante critiques et public. Les opposants acerbes d’hier, reconnaissent enfin une oeuvre audible. Ils saluent l’assagissement du musicien, moins enclin aux scandales. C’était mal le connaître, ou présupposer de son travail sans discernement. Quelques jours après le triomphe des Gurrelieder, Schoenberg faisait jouer à Vienne, sa Symphonie de chambre et quelques oeuvres de ses élèves, Anton Webern et Alban Berg, suscitant l’un des scandales les plus retentissants de la vie musicale viennoise…
Illustration
Arnold Schoenberg, autoportrait (DR)