mardi 22 avril 2025

Arthur Rubinstein (1887-1982), piano Portrait. « The Chopin collection » (11 cd, RCA)

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Arthur Rubinstein
(1887-1982)

En mai 2007, Rca publie un coffret réunissant quelques perles chopiniennes enregistrées de 1946 à 1966 par le pianiste polonais Arthur Rubinstein. Carrière du pianiste et présentation du coffret.

Piano enchanteur

Selon son fils John, Arthur Rubinstein était doué d’une vaste culture, qui lui permettait de lancer des passerelles entre les arts, et de « faire parler » par exemple, un Tintoret comme personne, passant de la peinture à la littérature dont il était un fervent défenseur, lisant aussi plusieurs quotidiens par jour, chacun dans leur langue respective. Rubinstein, facétieux éveillé, avait l’esprit affûté, aux aguets, maniant la parole comme les doigts sur le clavier avec une élégance volubile désormais universellement reconnue. L’artiste de son côté a laissé un témoignage essentiel et toujours disponible, grâce au disque. Son jeu très équilibré s’appuie sur un art naturel, souple, ductile dont la musicalité et l’instinct, la clarté rythmique, revigorante, se reconnaissent immédiatement. Phénomène en concert, on a dit à tort que ses récitals étaient meilleurs que ses enregistrements… Sa discographie suit pas à pas les avancées techniques: 78 tours, haute fidélité puis stéréophonie. Il s’agit d’abord d’un pianiste qui a enregistré sur le tard. Rubinstein commence le studio, à partir de 1928, à 41 ans pour le 78 tours: Chopin déjà, Schubert et surtout Brahms que l’on joue alors très rarement. Le juif polonais ne tarde pas à sa tailler une réputation immédiate en interprétant son compatriote. Quand Fischer se voue à Bach, et Schnabel à Beethoven, Rubinstein dédie de nombreuses gravures, entre 1930 et 1937, à Frédéric Chopin. C’est qu’il sait dépoussiérer le son de Chopin, hors des sucreries linéaires, en affirmant des respirations nouvelles, régénératrices offrant comme il aimait le préciser un « vrai Chopin, mozartien et simple« .

United States, années 1940

Après la Guerre, Rubinstein qui s’est exilé aux States, enregistre dès lors pour le label Rca Victor. Sonate les Adieux de Beethoven (1940), mais aussi Grieg ou Liszt.
Avec l’évolution du marché, le perfectionnisme des auditeurs américains, le pianiste révise et rééduque sa technique, voire la philosophie de son jeu: articulation, pédale, phrasés… Les enregistrements des années 1940 fixent cette période de renouvellement de l’interprétation (Préludes et Sonate « funèbre » de Chopin, joués en studio en mars et juin 1946, deux documents présents dans le coffret 2007). Sonates mais aussi concertos et musique de chambre sont réenregistrées avec une ardeur jamais affaiblie par un quinqua au sommet de sa maturité.

Les années 1950: essor de la stéréophonie

Lorsque la stéréophonie paraît, l’artiste suit le mouvement: il comprend l’intérêt de réenregistrer encore bon nombre de morceaux déjà mis en boîte. De 1958 à 1976 (année de ses 89 ans où il joue le Concerto n°1 de Brahms avec l’Orchestre Philharmonique d’Israël et Zubin Mehta), Rubinstein retrouve un second âge d’or où il tente d’approcher au plus près de son idéal musical: si le jeu reste toujours d’un naturel flamboyant, le diseur articule comme jamais, soucieux du moindre accent. C’est pourtant l’époque où les critiques lui reprochent un son moins franc et vif que ses prises d’avant-guerre: une atténuation voire un « affadissement » de l’expressivité, spécifiquement américain: ses Beethoven, Brahms ou Liszt, entre 1959 et 1963, sont décrétés « endormis ». Mais personne aujourd’hui ne contesterait la magie de son récital de Bologne de 1970, ni certains récitals à Carnegie Hall en 1961, à Moscou en 1964…

CD

En mai 2007, le coffret de 11 cd « Arthur Rubinstein, The Chopin collection », paraît 8 ans après le monument discographique que Rca avait édité en 24 cd, en octobre 1999. Si « L’édition Rubinstein » comportait déjà Chopin, aux côtés de bien d’autres compositeurs, de Beethoven, Brahms, Mendelssohn, à Mozart et Grieg (musique de chambre, concertos…), entre autres, les Chopin du présent coffret regroupe aux côtés des bandes déjà publiées en 1999 (les 19 nocturnes de 1965, ou les 24 préludes de 1946), de véritables inédits tels les Polonaises de 1964, les deux Sonates n°2 et n°3 de 1961, les concertos n°1 et n°2 de, respectivement, 1961 et 1958. Lire notre critique de l’Edition Chopin par Arthur Rubinstein

Dates clés

1887
Naissance à Lodz le 28 janvier

1899
Joue le Concerto n°23 de Mozart sous la direction de Joseph Joachim, à Berlin

1903
Critique les interprétations chopiniennes de son compatriote Paderewski

1904
Amitié avec Szymanowski. A Paris, rencontre Ravel, Dukas, Saint-Saëns

1906
Tournée américaine

1916
Tournée en Espagne avec Eugène Ysaÿe

1924
Récitals au Théâtre des Champs Elysées à Paris

1925
Se fixe à Paris

1937
Tournée internationale: Europe, Amérique du Sud, Australie, Etats-Unis

1939
Exil aux Etats-Unis

1946
Devient citoyen américain

1947
Tournée européenne

1951
Tournée en Europe et en Israël

1958
Retour triomphal en Pologne

1960
Membre du jury du 6 ème Concours Chopin de Varsovie: Maurizio Pollini remporte le Premier Prix

1970
Tournage du film « L’amour de la vie » réalisé par François Reichenbach

1973
Publie ses mémoires « Mes jeunes années » (volume I)

1975
Enregistre les concertos pour piano de Beethoven sous la direction de Daniel Barenboim

1976
Derniers concerts à Paris, en Israël et aux Etats-Unis

1982
Arthur Rubinstein s’éteint le 20 décembre, à l’âge de 95 ans

1983
Ses cendres sont dispersés à Jérusalem

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