La source de l’Opéra-Comique d’Auber est un personnage historique: Fra Diavolo, surnom de Michele Pezza (« Frère Diable », né le 7 avril 1771 à Itri, mort le 11 novembre 1806 à Naples) qui s’est imposé dans les mémoires comme l’un des chefs insurgés napolitains, audacieux opposant à l’armée napoléonienne. L’ancien voleur et chef de brigands sévissant au Latium et en Campanie, fut bientôt nommé colonel par le cardinal Ruffo, en 1799, afin de contrer l’avancée des armées françaises. Le mercenaire militarisé permit ainsi par son courage exemplaire, électrisant ses troupes, la reconquête de Naples par les Italiens. Fra Diavolo prit la tête de la rébellion contre Joseph Bonaparte, le roi dItalie. Il fut finalement arrêté et pendu à Naples en 1806, à l’âge de 35 ans.

Eugène Scribe fournit à Auber le livret de son ouvrage lyrique qui est produit sur la scène liègeoise pour la première fois. Daniel-François-Esprit Auber (1788-1871), dont l’écriture s’inscrit dans le sillon tracé par Boieldieu, fournit aux esprits chauffés par l’indépendance belge, un air fameux (Amour sacré de la patrie, extrait de
La Muette de Portici), manifeste musical adopté par les partisans du nouvel état belge, aboutissement de la révolte brabaçonne. Sur le mode plus léger, celui de l’opéra-comique, maîtrisant l’esprit et le délire raffiné de Rossini (qu’il estimait), Auber redouble d’inspiration et d’élégance facétieuse et offre dans
Fra Diavolo un pur chef-d’oeuvre, qui fut dès sa création parisienne (Opéra-Comique, 28 janvier 1830), un très grand succès. Sorte de Robin des bois, défenseur des opprimés contre les injustices, Fra Diavolo, épée dressée contre les tyrannies, est un courageux au grand coeur. Le rôle-titre est un défi pour les ténors, exigeant comme dans
Il Pirata de Bellini, puissance, articulation, agilité dans les aigus.