Ludwig van Beethoven
Quatuor n°16
en fa majeur, opus 135
Prima la musica
Lundi 30 avril 2007 à 10h
Quatuor Zehetmair
Concert enregistré le 1er avril 2007
Paris, Théâtre du Châtelet
Le Quatuor n°16 de Beethoven est couplé au
Quatuor à cordes de Bruckner en ut mineur.
« Le faut-il vraiment? », « Il le faut !«
Esquissé fin juin 1826, le dernier quatuor de Beethoven est terminé en octobre suivant. Livré à l’éditeur berlinois Schlesinger, la partition ne fut publiée qu’en 1827. Le Quatuor porte la dédicace à Johann Wolfmayer. Energique, tranchant, exalté, l’oeuvre se montre parfois insaisissable. Au préalable, Beethoven sembla se satisfaire d’une oeuvre tripartite quand son éditeur lui demandait un cycle en quatre mouvements. Le compositeur écrivit donc le mouvement lent.
Le destin improbable pointe son nez dans le premier mouvement, mais il est vite étouffé, comme oublié dans le développement formel. Le deuxième mouvement s’apparente à un scherzo au « mécanisme détraqué », selon André Boucourechliev.
« Lento assai, cantabile e tranquillo », le troisième tableau (qui est sur le plan de la chronologie, le dernier mouvement composé par le compositeur) est plein de sérénité confiante parfois nostalgique mais d’une tranquillité lumineuse.
Le mouvement de fin a donné lieu à diverses interprétations: les annotations en marge de la partition, « Muss en sein? Es muss sein! » que l’on traduit par « Le faut-il vraiment? », « il le faut! » sont toujours le sujet de débats critiques. Invitation par Beethoven adressée à ses débiteurs pour qu’ils leur versent ce qu’ils lui doivent, ou plus héroïquement, accomplissement par le compositeur de son destin en une formule qu’il se déclare à lui-même ? Peu importe! l’intensité du message est claire. Déterminé, radical, définitif, Beethoven reprend un motif emprunté à Bach (Clavier bien tempéré, fugato de la Passion selon Saint-Matthieu…). Trois simples notes posent l’interrogation. Leur sens inversé tient lieu de réponse. Liszt puis Franck se souviendront de cette succession légendaire, question/réponse, désormais adulée, qui porte le sceau d’une conscience romantique pleinement assumée.
Illustration
Ludwig van Beethoven (DR)