Benjamin Britten
(1913-1976)
Portrait
Identité interdite
Mais rien n’est jamais simple et s’il existe une oeuvre frappante par le trouble psychologique qu’elle diffuse, l’écriture de Britten en serait emblématique. L’homme qui est né près de la mer, sur la côte Est de l’Angleterre, dans le Suffolk, demeure attaché à l’élément marin, comme source d’évasion et de ressourcement. Il se fixe, célèbre et adulé, le plus grand compositeur d’opéras anglais du XXème siècle, à Aldeburgh, où il fonde le festival qui prend son nom… (dont la direction artistique est assurée par Pierre-Laurent Aimard).
Peter Grimes, Billy Budd, dessinent la figure du héros brittenien: un être à part, libre, lumineux qui dérange. Owen Windgrave précise un autre engagement du compositeur: son pacifisme militant. Comme Objecteur de conscience, Britten et aussi Peter Pears, quitte l’Angleterre en guerre, pour rejoindre New York à partir de 1939 à 1942. Beaucoup de jaloux reprocheront aux deux hommes leur fuite et leur trahison.
Son dernier ouvrage, Death in Venice, composé alors qu’il était très malade, est un testament artistique: l’homme s’y dévoile en figure solitaire, contemplative, frappé et porté toujours par son idéal esthétique, jusqu’au terme de sa vie, alors qu’il est en perte d’inspiration. Dans le portrait de l’écrivain Aschenbach (d’après le roman de Thomas Mann qui lui-même se serait inspiré d’un épisode autobiographique et aussi d’un élément de la biographie de Tchaïkovski), Britten y dépose ses aspirations les plus intimes.
De toute évidence, et l’engouement des scènes lyriques actuelles pour ses opéras, de Peter Grimes à The turn of the screw, de Death in Venice au récent Albert Herring (d’après Maupassant), Benjamin Britten fait partie des compositeurs les plus essentiels du XXème siècle.
France Musique
Grands musiciens: Britten, l’inattendu
Du 23 au 27 février 2009 à 13h
Illustration: Benjamin Britten (DR)