Benjamin Britten
A Midsummer night’s dream, 1960
Nancy, Opéra
Du 20 au 29 juin 2008
Valcuha/Martinoty
Opéra-ballet qui mêle la mythologie à l’esprit de la nuit, A midsummer night’s dream
permet aussi à Britten de traiter la pure poésie fantastique de
Shakespeare. La partition qui suppose la participation d’un ballet,
d’une troupe de chanteurs-acteurs, et un orchestre relativement
important, représente sur le plan interprétatif, un réel défi. En juin 2008, l’ouvrage, créé en 1960, occupe l’affiche de l’Opéra de Nancy après celle des Opéras de Lyon
puis de Nice (en avril 2008).
Sommeil et rêve
Approche du rêve,
laissant par la musique, à l’onirisme suggestif, tout son pouvoir
d’expression, Britten aborde le thème du sommeil ou du songe éveillé,
propice à un égarement bénéfique, bénéfique car il suscite une
révélation et des prises de conscience. Composé à partir de 1958, A midsummer night’s dream,
est conçu en fonction du poème de Shakespeare, avec son compagnon le
ténor Peter Pears. Les deux hommes coupent, resserrent afin de ne
conserver que l’essentiel du cadre propice aux apparitions et
métamorphoses. L’oeuvre a toujours fasciné Britten qui y reconnaît la
sensibilité du Shakespeare jeune. L’intrigue qui mêle rustres, fées et
amants offre une large palette de possibilités scéniques et
dramatiques. Le compositeur a élaboré un choix précis dans
l’instrumentation selon les groupes de personnages: instruments
« magiques » pour les fées (célesta, harpes, clavecin, percussions dont
vibraphone et glockenspiel), pour les amants: instruments à cordes;
pour les rustres: bassons et trombones. Les fées, troupe d’élite qui
assure la protection de la Reine Titania, sont parfois des choeurs
militaires. D’emblée, Britten n’a pas souhaité inscrire son oeuvre
comme un pastiche de la Renaissance: « Je n’ai aucunement ttenté de
donner un ton élisabéthain à mon ouvrage. Il n’est pas plus
élisabéthain que le texte original de Shakespeare n’est athénien« .
Le compositeur souhaite surtout des chanteurs sachant jouer, doués
d’une véritable présence scénique. Pour la création, c’est Alfred
Deller qui incarne le rôle d’Obéron, quant à Puck, à la fois innocent
et amoral, qui n’a que 15 ans, c’est une incarnation non chantée de la
force inconsciente et agissante, propre à semer la catastrophe: le rôle
dès l’origine est destiné au fils de Leonid Massin. A la première, le
11 juin 1960, les critiques font la fine bouche, mais le rôle d’Obéron,
tenu par la haute-contre Deller éblouit par la justesse de sa tenue
vocale: sa tessiture et son timbre spécifique restituent au rôle son
essence fantastique et surnaturelle.