Benjamin Britten
Phaedra, opus 93
Les 24, 26, 28 et 30 septembre 2008
Opéra de Bordeaux
Catherine Wyn-Rogers, mezzo
Jaap ter Linden, direction
Yannis Kokkos, mise en scène
A Bordeaux, la cantate Phaedra est couplée avec Didon et Enée de Purcell, avec Mireille Delunsch, Didon; et Thomas Dolié, Enée.
Britten a toujours été subjugué par le chant incarné des grands interprètes. Son compagnon, Peter Pears, s’il n’avait pas une grande voix, puissante ou timbrée, possédait l’art de dire le texte et d’articuler avec conviction. Pour lui, le compositeur a conçu son premier opéra: Peter Grimes (1965)… Ainsi, Vishnevskaïa ou Fischer-Dieskau ont inspiré au Maître, des cycles créatifs composés dans l’admiration immédiate. Le cas de Janet Baker est tout autant emblématique: Albert Herrings, Owen Windgrave, The Rape of Lucretia lui ont permis d’aiguiser ce parlar cantando en langue britannique qui est le fait le plus marquant de l’art vocal conçu par Benjamin Britten. Sous le charme de la mezzo, le compositeur souhaite lui dédier une oeuvre propre: et ce fut Phaedra, opus 93, d’après le poème de Robert Lowell qu’il a fréquenté à New York à la fin des années 1960, et qui fut lui-même inspiré par la pièce de Jean Racine.
Cantate pour voix solo, il s’agit d’un lamento arioso dont l’intensité porte toute l’ampleur tragique du personnage. Si la harpe et le violoncelle accompagnent le récitatif, le prologue et les deux arias sont auréolés par un orchestre à cordes avec percussions (en particulier le tambour dont la vibration saccadée évoque la palpitation du coeur à sang et à vif, de l’héroïne). Le feu qui embrase et consume la Reine, épouse de Thésée, amoureuse tiraillée de son beau-fils, Hippolyte surprend de la part d’un compositeur sexagénaire qui lutte avec la vie, terriblement affecté par la maladie. Pendant la composition (Britten écrit directement la partie d’orchestre, aidé de Colin Matthews au piano). L’ouvrage, véritable opéra chambriste, est achevée le 15 août 1975.
Illustration: Benjamin Britten (DR)
