Beverly Sills,
soprano
(1929-2007)
The » American’s Queen of Opera«
(Times Magazine)
En avril 2007, Deutsche Grammophon réédite en un double coffret, les enregistrements mémorables de celle qui reste la plus grande soprano colorature américaine. Portrait de l’artiste et critique du coffret.
Belle Miriam Silverman, de son nom de scène, Beverly Sills, reste la soprano colorature américaine, la plus connue, demeurée légendaire, depuis ses performances vocales époustouflantes, dont les plus exceptionnelles couvrent les décennies 1960 et 1970. Née à Brooklyn le 25 mai 1929, la cantatrice s’est retirée de la scène en 1980, pour diriger le New York City Opera, le Lincoln Center (1994), puis le Metropolitan Opera en 2002.
Beverly Sills débute sa carrière lyrique en chantant la comédie musicale avant de tenir le rôle de Frasquita dans Carmen de Bizet, à l’Opéra de Philadelphie (1947), Violetta Valéry, La Traviata de Verdi (1951), Michaëla, dans Carmen (1952). Le 15 septembre 1953, à 24 ans, elle fait ses débuts à l’Opéra de San Francisco dans Mefistofele de Boito (Hélène de Troy) et Don Giovanni de Mozart (Donna Elvira).
Les années 1960
Mariée au journaliste Peter Greenough (depuis 1956), Beverly Sills aborde en 1962, l’un de ses grands rôles, Manon de Massenet, à l’Opéra de Boston, avant de chanter sa première Reine de la Nuit dans La flûte Enchantée de Mozart, en janvier 1964.
C’est en 1966, à 37 ans, qu’elle est couronnée star internationale du chant après avoir incarné Cleopatra dans Giulio Cesare de Haendel au New York City Opera. Ce coup de projecteur sur une carrière déjà bien amorcée, n’est pas sans rappeler, six ans auparavant, le triomphe et la reconnaissance internationale qui suivit, le cas d’une autre colorature de génie, Dame Joan Sutherland qui fut couronnée « Stupenda » après avoir chanté également du Haendel (Alcina) à la Fenice de Venise en 1960. Haendel, révélateur des grandes chanteuses?
Les prises de rôles se multiplient pour Beverly Sills. Suivent alors Martha de Flotow, Manon de Massenet, Lucia di Lammermoor de Donizetti. La soprano enregistre aussi de nombreux rôles…
Alors à l’apogée de ses performances vocales, elle chante Zerbinetta (1969) dans Ariadne auf Naxos de Strauss, lors de la première américaine de la version de 1912. Et Pamira dans Le Siège de Corinthe de Rossini, à la Scala de Milan.
Les années 1970
Time magazine lui consacre sa couverture en 1971 avec le titre de « American’s Queen of Opera« .
En avril 1975, Beverly Sills fait ses débuts au Met: Pamira qui lui vaut une ovation légendaire; puis, Traviata, Lucia di Lammermoor, Thaïs, Don Pasquale. Attachée à l’autre maison New Yorkaise, le New York City Opera (NYCO), Bervely Sills y paraît aussi dans les rôles majeurs du Turc en Italie de Rossini, La Veuve joyeuse de Lehar, La Loca que Gian-Carlo Menotti a spécialement écrit pour elle.
Soprano colorature exemplaire, la chanteuse s’est orientée progressivement vers des emplois de spinto sopranos, Traviata bien sûr, mais aussi, les rôles des souveraines Tudor, dans les opéras de Donizetti: Anna Bolena, Maria Stuarda, Roberto Devereux. En plus de la ligne aérienne de la voix, de son timbre blessé et tendre, d’un vibrato remarquablement maîtrisé, elle a su imposer un talent dramatique d’une grande sensibilité. L’interprète avoue avoir sacrifié en partie sa voix dans Roberto Devereux, s’y donnant sans compter pour l’interprétation d’Elisabetta.
Aux côtés de ses prises de rôles sur les scènes lyriques, Beverly Sills a donné de nombreux récitals avec orchestre, contribuant ainsi à populariser l’opéra. Les téléphages se souviennent certainement de sa participation au Muppet Show en 1979, de son duo avec Miss Piggy (« Pigaletto »), une « formalité » pour une artiste qui dès sa jeunesse a été habituée à paraître dans talk show et plateaux télévision.
Après avoir accru le rayonnement du NYCO, dont elle fait une entreprise viable tout en constituant une équipe de chanteurs, Beverly Sills rejoint en octobre 2002, le Metropolitan Opera of New York comme présidente. Elle assurera l’avènement de l’actuel directeur Peter Gelb, depuis 2006. La soprano américaine nous a quitté le 2 juillet 2007.
Approfondir
Le site officiel de Beverly Sills
Voir et écouter Beverly Sills (video room)
CD« Beverly Sills and friends » (coffret 2 cd Deutsche Grammophon). Parution : avril 2007.
CD1: Jules Massenet (Manon), Donizetti (Lucia di Lammermoor, Anna Bolena, Roberto Devereux, Maria Stuarda), Bellini (I Puritani), extraits. CD2: Offenbach (Les contes d’Hoffmann), Douglas Moore (The Ballad of Baby Doe), Adam (Le Toréador), Schubert, Haendel, Arne, Caldara, Bishop, Lehar… extraits. Enregistrements 1970-1972.
Crédits photographiques
Beverly Sills (DR)
Beverly Sills dans la Fille du Régiment (DR)