Bourg en Bresse. Théâtre, le 23 septembre 2010. Les Indes Dansantes. Ballet contemporain d’après Les Indes Galantes de Rameau. 17è Académie Baroque d’Ambronay. Chorégraphie de Nathalie Pernette. Hervé Niquet,

Pour sa 17è Académie Baroque Européenne, le festival d’Ambronay offre sa première réalisation dédiée à la danse… contemporaine. Prenez les Indes Galantes de Rameau, opéra ballet flamboyant à la Cour de Louis XV, retirez toutes les parties vocales, soignez particulièrement la fusion de l’orchestral et du chorégraphique, préparez et formez instrumentistes et danseurs: le résultat est ce nouveau corps sonore et dansant: Les Indes Dansantes.

Programmé à Bourg en Bresse pour sa création, intégré dans la programmation de la Biennale de Danse à Lyon, le spectacle tourne ensuite en 6 autres dates (voir calendrier ci après). Les 31 jeunes instrumentistes y sont chauffés et sensibilisés à la magie expressive et rythmique de Rameau par le chef Hervé Niquet. Sur la scène les 10 danseurs, après un cycle d’ateliers et de conférences préalables, réalisent le projet de la chorégraphe Nathalie Pernette.

Facétie et poésie

D’une succession de tableaux « exotiques », à l’origine sans lien fort, la chorégraphe imagine un voyage rythmiquement millimétré, riche en gags et poésie. La fluidité du ballet ainsi recomposée, doit sa pleine vitalité à l’engagement des jeunes danseurs dont certaines personnalités se distinguent, mais aussi à un travail spécifique sur la relation de la danse à la musique, du rapport des danseurs à leurs partenaires. Le talent de Nathalie Pernette n’est pas seulement dans la création d’épisodes et de saynètes hauts en couleurs, expressions mordantes à l’appui dont ne sont pas exclus cris et onomatopées: le corps du danseur se fait aussi corps sonore. La créatrice évite dilution et simple assemblage artificiel grâce à sa capacité à exprimer des états intérieurs qui circulent et se nourrissent en cours de performance. En outre, la chorégraphe née au Creusot en 1965 n’en est pas à sa première immersion baroque: elle s’est déjà frottée à la mécanique suggestive des Inventions de Jean-Sébastien Bach en un ballet précédent.

Souvenirs d’enfance, hakka revisité, signes et personnages de bande dessinée, ours sur la banquise et insectes crépitants, et même, référence dans le final à Michael Jackson, surtout relecture décalée et si poétique de certains airs comme par exemple la danse du Grand Calumet de la Paix qui devient un solo délectable au porte-cigare…, la chorégraphe sait combiner un joyeux manège personnel dont la succession des images foisonnantes réactive ce flamboiement inventif qui est la marque de la partition ramélienne.

Instrumentistes et danseurs portés par leurs mentors et préparateurs respectifs produisent un spectacle au fini impeccable, aux gestes précis, à la vitalité rayonnante, à l’imaginaire vitaminé.
Défi réussi pour la 17è Académie Baroque qui fait désormais entrer par la grande porte la danse dans ces multiples champs de recherche.

Bourg en Bresse. Théâtre, le 23 septembre 2010. Les Indes Dansantes. Ballet contemporain d’après Les Indes Galantes de Rameau. 17è Académie Baroque d’Ambronay. Chorégraphie de Nathalie Pernette. Hervé Niquet, direction

Tournée des Indes Dansantes: le 25 septembre à Villefranche sur Saône (Théâtre); le 28 septembre à Saint Etienne (Opéra), le 1er octobre à Vich (Opéra), le 5 octobre (Château Rouge d’Annemasse), le 7 octobre à Clermont Ferrand (Comédie), le 9 octobre 2010 à Besançon (Opéra).

Illustrations: © Bertrand Pichène 2010