Bruno Montovani
Grand millesime
Mezzo
Le 3 décembre 2007 à 21h15
Le 4 décembre 2007 à 14h15
Le 16 décembre 2007 à 10h44
Le 19 décembre 2007 à 3h45
Film documentaire de Benjamin Bleton, réalisé par Karl More. 2007, 26 mn.
Par amour du son, mais parce qu’il était trop fainéant pour apprendre et travailler les partitions des compositeurs anciens, Bruno Mantovani avoue s’être tourné vers l’écriture.. L’improvisation l’a un temps passionné mais il s’agit de répéter « des réflexes et des formules ancrées ». Le risque est donc trop fort de tourner en rond. Tout commence à Perpignan lorsque le jeune musicien participe et observe la nouvelle classe d’électroacoustique qui vient d’ouvrir. Nourri par ses écoutes de Boulez et de Varèse, il assimile, analyse, acquiert sa propre culture et ses propres imaginaires.
Le sens de l’immédiateté l’a ensuite conduit à cultiver les passerelles entre musique, gastronomie, eunologie. En « gourmet », amateur des saveurs autant que des sonorités rares, Bruno Mantovani explique pourquoi il a aimé associer la dégustation des crus (vins et champagnes) et la musique, au cours d’improvisitions libres. Le commentaire des disciplines est souvent le même: sons ou saveurs liquides, épicées, denses… Pendant le documentaire, l’auteur de L’Autre côté évoque la genèse de ses oeuvres ainsi que son rapport à la voix: tout en servant l’intelligibilité du texte, le musicien préserve aussi un certain éclat abstrait dans la portée du verbe. Et pour réussir la prosodie, le musicien précise qu’il fait chanter ses solistes plutôt vite pour « régler » les difficultés spécifiques à la prosodie. Rencontre avec Laurence Equilbey, influence de la virtuosité et du jazz, surtout l’expérience du travail avec l’autre sont les éléments clés d’une écriture ouverte, qui cherche avant tout à trouver des solutions, car « rien n’est impossible ». Dans « Streets », dédiée à Boulez, la partition imagine les bruits et les rumeurs d’une rue à New York. La harpe y déploie des cadences virtuoses, en écho de la densité urbaine de la ville américaine… C’est donc logiquement au cours de la répétition que le travail du compositeur avec ses inteprètes s’avère le plus passionnant: tout est encore possible (chacun, auteur et interprète, peut suggérer la révision vivante de l’idée première), car après, au moment du concert, l’oeuvre étant calée, elle échappe à son auteur. C’est l’enjeu et l’enseignement des répétitions avec deux instrumentistes complices, la pianiste Odile Auboin et le violoncelliste Hideki Nagano…
Et quelle est la place du compositeur dans la société? Elle est libre donc capitale. A nouveau l’analogie avec la gasronomie s’impose. C’est une liberté qui comprend une dose de risques. Voyez les grands chefs espagnols qui renouvellent aujourd’hui la gastronomie européenne et titille la réputation des chefs français… « les cuisiniers espagnols recherchent aujourd’hui les déséquilibres pour créer une nouvelle harmonie. C’est comme lorsque vous marchez dans la rue: chaque pas est sous contrôle sans quoi vous trébuchez. Finalement il n’y a pas de hasard dans la recherche.