jeudi 8 mai 2025

Bruxelles. Bozar, le 10 décembre 2006. Récital Frank Braley et Augustin Dumay

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Après son récital électrisant de la veille au Conservatoire de Bruxelles, Frank Braley revenait ce dimanche 10 décembre 2006 dans la grande salle Henry Le Boeuf du Palais des Beaux-Arts, en compagnie de son compatriote le violoniste Augustin Dumay. Deuxième étape de la « résidence » de Frank Braley à Bozar Music, mettant en évidence une autre facette de son talent, celui d’un chambriste accompli. Au programme, l’intégrale de l’oeuvre pour violon et piano de Brahms.
 
La musique de chambre a accompagné Brahms toute sa vie, du Trio pour piano Op. 8 (1854) aux deux Sonates pour piano et clarinette Op. 120 (1894). Toutefois hésitations et incertitudes ont fait que ce n’est qu’à 45 ans qu’il a jugé digne de publication une première sonate pour violon et piano. Plusieurs esquisses antérieures ont été détruites, n’ayant pas trouvé grâce aux yeux du compositeur. Pour le plus grand malheur du mélomane, puisque les trois sonates qui ont survécu n’ont eu aucune peine à entrer d’emblée au panthéon du répertoire.
 
Interprétation sans parti-pris de la part d’Augustin Dumay et de Frank Braley, si ce n’est celui de mettre de côté toute esbrouffe et tout esprit de virtuosité. Une approche faite de pudeur, de modestie, et d’un grand respect pour la musique, caractérisent l’entente des deux musiciens. C’est une vision qui a tout pour nous enchanter, car elle met en valeur tout ce qu’il y a de mélodieux et de séduisant dans cette musique, que l’on a parfois interprétée avec moins de simplicité, ou avec plus de sévérité. Sur le plan formel les trois sonates sont construites sur un plan sensiblement comparable, deux mouvements vifs – mais jamais trop : chez Brahms l’allegro sera amabile ou moderato, le vivace sera ma non troppo – entourant un mouvement lent – andante ou adagio. Seule la troisième sonate intercale un court scherzo entre le mouvement lent et le final. Les allegros et les prestos sont restitués avec verve et inventivité. Les mouvements lents – tant attendus, car c’est eux qui expriment le Brahms le plus secret -sont magnifiquement servis par le violon ample et grave d’Augustin Dumay. On admire la maîtrise de son phrasé, la souplesse de son archet, manifestations évidentes de sa filiation avec le maître Grumiaux. Le toucher aérien de Frank Braley fait lui aussi merveille dans la partie de piano, rendue avec intelligence et retenue, ce qui n’exclut d’ailleurs nullement la puissance et la force, dans la coda du premier mouvement de l’Op. 78 par exemple, ou dans le final de l’Op. 108. Le Scherzo composé en 1853 pour la Sonate F.A.E., oeuvre collective composée en hommage au violoniste Joseph Joachim, vient compléter le programme. Oeuvre de jeunesse, sa fraîcheur légèrement sarcastique complète avec bonheur cette soirée intimiste et expressive, privilégiant l’échange, le dialogue, dans la semi-lumière automnale si typique de l’art du maître de Hambourg. La prestation d’Augustin Dumay et de Frank Braley est accueillie chaleureusement par un public de toute évidence conquis.

Bruxelles. Bozar, le 10 décembre 2006. Johannes Brahms (1833-1897) : Sonate pour violon et piano n° 1 Op. 78, Sonate pour violon et piano n° 2 Op. 100, Sonate pour violon et piano n° 3 Op. 108 ; Scherzo de la Sonate F.A.E. Augustin Dumay, violon. Frank Braley, piano.
 
Approfondir
L’agenda et le programme complet du cycle Frank Braley à Bozar Music
Notre compte-rendu du récital de Frank Braley au Conservatoire de Bruxelles le 9 décembre 2006
  
Illustrations
Carl David Friedrich, Le soir, huile sur toile, Hannovre, Niedersächsiches Landesmuseum
Augustin Dumay (DR)

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