vendredi 9 mai 2025

Bruxelles. Théâtre royal de La Monnaie, le 16 septembre 2006. Die Entführung aus dem serail

A lire aussi

Le Théâtre royal de La Monnaie inaugure sa saison 2006-2007 avec Die Entführung aus dem serail. Singspiel en trois actes mis en scène par Christof Loy et dirigé par Paul Daniel.

Les décors, contemporains et minimalistes font place à une mise en scène qui privilégie le rôle des acteurs. Les récitatifs maintenus intacts ponctuent la musique de réels moments d’un très beau théâtre. Le metteur en scène accentue certains traits antipathiques chez les occidentaux et brise l’image caricaturale de la pièce (Belmonte essayant de régler la situation avec de l’argent alors qu’il s’agit pour le pacha d’une question d’honneur et de vengeance).

Dans la production de ce soir, Constanze est incarnée par la soprano suisse Rachel Harnisch qui fait ses débuts à La Monnaie. Elle compte à son actif plusieurs rôles dans des opéras de Mozart (Zerlina (Don Giovanni) en 2001 avec Harnoncourt, Fiordiligi (Così fan tutte) sous la direction de Claudio Abbado et Pamina (Die Zauberflöte) à Berne en 2004 …). On sent dans son premier air Martern aller Arten l’artiste dans une situation inconfortable lors des passages délicats. La pression de la tête de Selim contre elle n’a sans doute pas favorisé un épanouissement physique afin d’aborder cet air de bravoure. Ses autres interventions nous font vite oublier ce petit incident. Son rôle d’actrice dans le second acte lors du dîner en tête à tête avec Selim, est poignant. On sent Constanze séduite par la personnalité, les charmes orientaux et l’intelligence de Selim. Elle désire garder sa promesse de fidélité mais ne peut s’empêcher de tomber sous le charme du pacha Selim. Belmonte la retrouve littéralement métamorphosée et fait naître le doute en lui. Le pacha Selim, le seul rôle parlé de l’opéra, est joué de main de maître par Christophe Quest. Il offre des moments de grande intensité théâtrale et incarne un personnage qui s’impose par sa classe et son élégance. Il est un adversaire qui met en défaut Belmonte.

Blondine (Alexandra Lubchansky), intrépide et plein d’audace est impressionnée par les attraits du monde oriental et tente de résister à la tentation d’Osmin. Sans l’arrivée de Belmonte, on l’imagine aisément céder aux avances maladroites du gardien du sérail. Dissimulé derrière quelques éclats de violence, Osmin est présenté comme un être soigné et riche en émotions mais qui peine à les exprimer. Harry Peeters est d’une grande stabilité vocale, la mise en place de ses divers airs est sans faille.

Volontairement ou involontairement la lecture qui favorise le portrait des orientaux séducteurs avait d’autant plus de crédit que la tenue vocale de leurs rivaux n’étaient pas aussi convaincante.

Pedrillo, incarné par Peter Marsh est espiègle mais son jeu est parfois caricatural et finit par agacer. Belmonte est visiblement fatigué vocalement : il assure difficilement son air d’introduction. Tout au long de l’opéra, son investissement s’avère limité et ne convainc pas.

A l’heure où se posent les questions de l’adhésion de la Turquie dans l’UE et que certains voient d’un bon œil la notion de choc des civilisations, le message de paix de Mozart réconciliant Orient et Occident est plus que d’actualité.

Bruxelles.
Théâtre royal de La Monnaie, le 16 septembre 2006. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Die Entführung aus dem serail. Rachel Harnisch (Konstanze), Blagoj Nacoski (Belmonte), Alexandra Lubchansky (Blonde), Peter Marsh (Pedrillo), Harry Peeters (Osmin), Christoph Quest (Bassa Selim). Orchestre symphonique et chœurs de la Monnaie. Paul Daniel, direction. Christof Loy, mise en scène. Herbert Murauer,décors et costumes. Olaf Winter, éclairages. Piers Maxim, chef des choeurs.

Derniers articles

LILLE PIANO(S) FESTIVAL 2025, les 12, 13, 14 et 15 juin 2025. Orchestre National de Lille, Jean-Claude Casadesus, Orchestre de Picardie, Antwerp Symphony Orchestra,...

La 22e édition du Lille Piano(s) Festival promet d'être mémorable : festive, diversifiée, accessible… Au programme : une soixantaine...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img