mercredi 23 avril 2025

Camille Saint-Saëns: Samson et Dalila Opéra des Flandres. Anvers et Gand, du 28 avril au 26 mai 2009

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Nouvelle production

Camille Saint-Saëns
Samson et Dalila

Opéra de Flandres, Vlaamse Opera
Anvers, du 28 avril au 10 mai 2009
Gand, du 17 au 26 mai 2009

Opéra en trois actes et quatre tableaux, sur un livret de Ferdinand Lemaire d’après Samson, un livret de Voltaire destiné à la tragédie lyrique du même nom de Jean-Philippe Rameau, et le Livre des Juges, XVI, 16-30. Création: Weimar, le 2 décembre 1877. Puis en français: Paris, Opéra Garnier, le 23 novembre 1892.
Le Vlaamse Opera frappe un grand coup, pour la paix des peuples et la réconciliation des frères ennemis. En permettant aux metteurs en scène Omri Nitzan et Amir Nizar Zuabi, respectivement Israëlien et Palestinien, d’aborder ensemble la thématique de la foi manipulée dans Samson et Dalila de Saint-Saëns, la scène flamande souligne combien l’opéra tire bénéfice dans l’engagement et les lectures en connection avec notre époque. Le genre lyrique y réussit sa modernité, et les consciences en sortent d’autant plus affûtées quant au danger de notre espèce à répéter toujours les mêmes erreurs tragiques et barbares… Que donnera à voir leur travail concrètement, vision d’horreur ou scène réenchantée? Réponse à partir du 28 avril à Anvers puis le 17 mai 2009 à Gand…


Equipe combative

« Ce travail en équipe est notre mode de contestation ». Voilà une démarche plurielle dont les membres n’hésitent pas à rompre la fatalité des antagonismes. Si pour Camille Saint-Saëns, l’amour impossible entre l’Hébreu Samson (Torsten Kerl) et la Philistine Dalila (Marianna Tarasova) offre un cadre idéal pour dépeindre le conflit mortel entre cultures et religions ennemies, l’équipe des metteurs en scène de la production de Samson et Dalila présentée par le Vlaamse opera, à Anvers (le 28 avril) puis à Gand (à partir du 17 mai 2009) promet a contrario de réconcilier des frères que l’on dit inconciliables.

Samson, qui doit diriger la révolte des Hébreux contre les Philistins, cède à Dalila, qui le livre à ses ennemis. Humilié et rendu aveugle, Samson finit par détruire le temple de Dagon, entraînant la chute des Philistins. Par son attentat suicide sanglant, Samson libère le peuple d’Israël, mais une réconciliation entre les deux peuples restera à jamais utopique.
L’Israélien Omri Nitzan et le Palestinien Amir Nizar Zuabi se penchent sur le récit biblique de Samson et Dalila. En témoins de la réalité quotidienne du conflit au Proche-Orient, les deux artistes engagés humanistes apportent à l’Opéra de Flandre, un autre regard sur un conflit qui s’éternise depuis trois mille ans. Le passé et le présent, l’histoire et l’actualité sont réunis sur scène. Placée sous le haut patronage de la Commissaire européenne aux Affaires étrangères, Benita Ferrero-Waldner, la production flamande n’est pas sans se rapprocher du travail du chef (qui a les deux nationalités!), Daniel Barenboim pour lequel les deux nations affrontées doivent vivre ensemble, sans quoi il n’y a pas d’issue pacifique à leur lutte fratricide. Accepter l’autre, c’est déjà être capable d’entendre ses souffrances et ses blessures.


Resituer l’opéra dans notre monde actuel


Omri Nitzan et Amir Nizar Zuabi voient Samson et Dalila comme un récit sur les interactions complexes entre l’oppresseur et l’opprimé. Au-delà du conflit entre Israël et la Palestine, ils s’intéressent à toutes les dissensions entre peuples de religion ou de culture différente, tant en Europe qu’ailleurs. « Dans notre approche de cet opéra, nous souhaitions nous éloigner de l’interprétation quasiment biblique, pour resituer le récit dans le monde actuel, afin de mieux en éclairer les aspects politiques », précisent-ils. « C’est le récit d’une société d’une telle suffisance qu’elle est devenue aveugle au désespoir et aux humiliations qu’elle provoque, aux sentiments de vengeance grandissants envers cette société et à la colère qui monte et qui finira par exploser, avec les terribles conséquences que cela implique. Le climat de terreur créé par un État suscite des actes terroristes dirigés contre cet État, qui entraîneront à leur tour un climat de terreur encore plus intense – et le cercle vicieux est bouclé. »

Reconnectant la scène lyrique à l’actualité la plus brûlante, l’Opéra de Flandre envoie un signal d’espoir, l’espoir que des individus appartenant à deux cultures ennemies sont capables de collaborer de façon constructive au lieu de s’autodétruire. Les deux scénographes précisent « Ce travail en équipe est notre mode de contestation » . La direction musicale est assurée par un jeune chef prometteur Tomáš Netopil, (photo ci-dessus) qui vient de terminer une tournée avec le Philharmonique d’Israël.

La production événement, dont l’engagement politique inscrit la culture et le spectacle vivant dans un sillon critique exemplaire est diffusée en direct par la VRT, radio télévision flamande publique, le 8 mai 2009 à 20 heures.

Distribution

Samson: Torsten Kerl
Dalila: Marianna Tarasova
Le grand-prêtre: Thomas Mayer et Nikolas Mijaloviz
Abimélech: Milcho Borovinov
Un vieillard hébreu: Tijl Faveyts

Direction musicale: Tomas Netopil, Yannis Pouspourikas
Mise en scène: Omri Nitzan et Amir Nizar Zuabi
Choréographie: Stijn Celis
Décor: Ashraf Hanna, Amir Nizar Zuabi
Costumes: Ashraf Hanna

Orchestre et choeurs de l’Opéra de Flandres

Illustration: Omri Nitzan et Amir Nizar Zuabi, respectivement Israëlien et Palestinien (DR). Tomas Netopil (DR)

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