CD, annonce. HELENE GRIMAUD : MEMORY. Mémoire / Memory : le nouvel album de la pianiste Hélène Grimaud s’affiche déjà et s’annonce pour une parution prévue fin septembre 2018. Le bleu des yeux, profonds et transparents comme son toucher sur le clavier, s’expose toujours et encore, à croire que le marketing use et abuse des mêmes recettes et effets… faciles. Pourtant, à notre époque où l’image a autant d’importance (et parfois plus) que le talent, l’interprète a d’autres qualités, elles mieux enchanteresses : elle s’est taillée une belle réputation (légitime) grâce à la finesse de son approche, la subtilité du style et le souci de l’articulation (jamais strictement technicienne comme beaucoup de pianistes plus jeunes, et pourtant dans la même écurie Deutsche Grammophon). Cheveux courts, féminité plus discrète, l’aixoise, presque quinquagénaire (née en 1969), nous réserve là encore un beau voyage intérieur, dont le programme (ciselé, conçu comme un journal ou un miroir intime) a soigné des enchaînements propices à la méditation et au questionnement poétique. Réitération, réexposition, filiations souterraines, citations allusives… la mémoire musicale tisse un cheminement personnel – presque impudique, dont la pianiste fait son miel d’album en album. Ici l’interprète en solo échafaude une série aux éclats particuliers qui naissent et se développent dans une succession riche en couleurs et connotations, en somme un album de souvenirs au principe proustien, … « un album élaboré comme une séquence de miniatures cristallines qui capturent le temps qui passe ; …
Chaque pièce est évocatrice à sa manière et inspire la contemplation »… les jalons en sont Silvestrov, Debussy (Arabesque L66, La plus que lente, Clair de lune, suite Bergamasque, Rêverie), Satie (Gnossiennes 1, 4, Gymnopédie 1), Chopin (Nocturne opus 72 n°1, Walse opus 34, Mazurka opus 17…), et pour finir Nitin Sawhney. « La musique a un rapport profond à la nostalgie, à l’évocation du temps qui passe, à des mondes révolus, à tous ceux qui nous manque, qui ont fui, à des souvenirs qui ne reviendront pas, à des êtres qui ne reviendront plus. Alors grâce à la musique, tout ce qui était perdu, semble sauvé », précise la pianiste très inspiré par la quête d’un temps retrouvé. A l’évocation d’un passé ressuscité, Hélène Grimaud, mûre et presque grave ajoute la notion de sélection naturelle et de tri personnel : « la mémoire est ce qui nous permet de faire le tri entre ce qui est important et ce qui l’est moins, ce qui est proprement mémorable s’établit par opposition à ce qui mérite d’être oublié ». Guide, poétesse, Hélène Grimaud nous promet une plongée en eaux profondes, claires et colorées. Prochaine critique complète du cd Memory par Héléne Grimaud, piano (1 cd Deutsche Grammophon) à venir dans le mag cd dvd livres de classiquenews.com