CD. Carlo Bergonzi : the Verdi Tenor (17 cd Decca). On parle facilement du baryton Verdi… dont les rôles sur scène offrent des caractérisations pour l’interprète réellement stimulantes : Rigoletto, Boccanegra… Mais c’est oublier la place central sur le plan dramatique du ténor verdien : Rodolfo (Luisa Miller puis Traviata), Il Trovatore avec la comète fulgurante Manrico, Un Ballo in Maschera (Ricardo), Surtout Don Carlo, et évidemment Radamès chez Aida… Héroïsme et grâce, élégance et sanguinité : le ténor verdien doit tout maîtriser. Aussi bon Puccinien (son Rodolfo de La Bohème reste anthologique) que verdien, Carlo Bergonzi né en 1924 incarne l’élégance et le style dans une arène de ténors verdiens qui le plus souvent confondent expressivité et … puissance. Il a commencé à chanter Rossini (comme bayrton dans le rôle de Figaro!), perfectionnant ce bel canto saisissant propre au début du XIXème. Son expérience verdienne, capitale s’en ressent logiquement. Le sens du texte accordé à un legato (tenue et longueur de phrase sont mirifiques grâce à un souffle exceptionnel) et un phrasé d’une musicalité rayonnante font toute le prix d’un chant inspiré, subtil (qui fut aussi bon dans Monteverdi que dans les opéras postverdiens, véristes) : une suavité souple qui illustre au mieux ce bel canto verdien que d’autres caricaturent tant. En réalité, Bergonzi a précédé Pavarotti dont il partage cette couleur solaire et tendre, totalement irrésistible.
Pour les 90 ans de Bergonzi
Pour ses 90 ans en 2014, Decca réédite en un coffret de 17 cd, les intégrales verdiennes révélant aux côtés d’autres très grands interprètes, l’art du chant façon Bergonzi : Aida (avec Tebaldi), Un Ballo in maschera (avec Birgit Nilsson) La Traviata avec la Stupenda (Joan Sutherland), Don Carlo (avec Fischer-Dieskau dont il partage ce souci du verbe élégant et clair : il n’est guère étonnant que les deux chanteurs aient eu plaisir à se retrouver en récital, formant un duo légendaire : leur duo Carlo/Posa sen ressent ici), Rigoletto (avec Renata Scotto et le même Fischer Dieskau : une lecture sidérante que la direction de Kubelik transcende dramatiquement), enfin Il Trovatore (avec Fiorenza Cossotto, dans une gravure scaligène dirigée par Tullio Serfain).
Outre ce Rigoletto suprême de Kubelik (rare enregistrement du chef chez Verdi), deux autres maestros se révèlent stimulants pour notre ténor : Karajan (qui signe ici Aida) et surtout Solti dont Un Ballo in Maschera et Don Carlo restent les piliers de la discographie verdienne.
En complément, l’éditeur ajoute 4 cd additionnels regroupant les récitals titre où Carlo Bergonzi aborde différents rôles, élargissant son répertoire jusqu’à d’autres opéras : La Forza del destino, Giovanna d’Arco, I due Foscari, I Vespri Sicilianni, Il Corsaro, naturellement Luisa Miller, Macbeth, et surtout Otello auquel il apporte une couleur rayonnante enivrée d’une musicalité absolue… ; approfondissant aussi ses visions déjà éclairées dans les intégrales. Le dernier cd aborde en plus de Verdi: Puccini, Cilea, Giordano, Mayerbeer. Coffret événement donc incontournable pour l’été 2014.
CD. Carlo Bergonzi : the Verdi tenor 17 cd Decca 478 7373. Au programme du coffret Carlo Bergonzi : The Verdi Tenor :
Aida (Renata Tebaldi, Carlo Bergonzi, Giulietta Simionato, Wiener Philharmoniker, Herbert von Karajan)
+Un Ballo In Maschera (Birgit Nilsson, Giulietta Simionato, Carlo Bergonzi, Cornell MacNeil, Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, Sir Georg Solti)
+La Traviata (Joan Sutherland, Carlo Bergonzi, Robert Merrill, Orchestra del Maggio Musicale Fiorentino, John Pritchard)
+Don Carlos (Renata Tebaldi, Grace Bumbry, Carlo Bergonzi, Dietrich Fischer-Dieskau, Nicolai Ghiaurov, Orchestra of the Royal Opera House Covent Garden, Sir Georg Solti)
+Rigoletto (Renata Scotto, Carlo Bergonzi, Dietrich Fischer-Dieskau, Orchestra del Teatro alla Scala di Milano, Rafael Kubelik)
+Il Trovatore (Antonietta Stella, Fiorenza Cossotto, Carlo Bergonzi, Ettore Bastianini, Orchestra del Teatro alla Scala di Milano, Tullio Serafin)
+Tenor-Arien aus Oberto, Un giorno di regno, I Lombardi, I due Foscari, Alzira, Macbeth, Giovanna d’Arco, Attila, I Masnadieri, Il Corsardo, Luisa Miller, Simon Boccanegra, I vespri siciliani, Falstaff, Otello, La forza del destino
+Opern-Recital (Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, Gianandrea Gavazzeni)