dimanche 20 avril 2025

CD, compte rendu critique. Schumann: Das Paradies und die Peri (Rattle, LSO live, 2015).

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CD, compte rendu critique. Schumann: Das Paradies und die Peri (Rattle, LSO live, 2015). Miroir d’un concert donné au Barbican à Londres en janvier 2015, voici le cas édifiant d’une prise qui aurait du s’abstenir tant la tenue des interprètes déçoit de bout en bout, confinant à l’exécution scrupuleuse et sans risques.Perdant malgré son sursaut final, le fil avec ce Schumann rêveur et languissant définitivement absent.

 

 

schumann peri paradis un der peri rattle lso cd live critique review classiquenewsComme exténué avant même de débuter l’ouvrage, le chef vedette, aujourd’hui ex primus du Berliner, Sir Simon Rattle dirige le LSO London Symphony Orchestra avec une attention qui confine souvent à l’exténuation de toute expressivité ; un Schumann plus que dépressif : exsangue. Direction molle, qui réussit certains passages pianissimi et murmurés, comme la langueur indicible du CD1, plage 14 : Im Waldesgrün am stillen See, révélant aussi chez les solistes des timbres fatigués, au grain usé qui glisse sur le texte sans en restituer l’âpreté linguistique ni les vertiges poétiques (l’alto Bernarda Finck dont le timbre et le chant sont l’ombre de ce qu’ils ont été) : le cas de Mark Padmore (le narrateur) et de Sally Matthews (Péri) se confirme en cours de soirée : ligne heurtée et aléatoire, texte articulé du bout des lèvres (en style shamalow pour le chanteur), et vibrato envahissant pour compenser un manque manifeste d’éclat comme de précision avec évidemment pour la chanteuse britannique, une justesse parfois limite (son Verstossen! Verschlossen aufs neu dans la IIIème partie, confine même à la minauderie : le texte est gâché par un style contourné et voilé trop fortement vibré. Et même le choeur dans le dernier morceau de la Partie II (Schalf nun und ruhe in Träumen voll Duft) dialoguant avec la Péri manque de nerf, de vivacité : problème évident de projection et d’articulation du texte. Faille absente chez la basse autrichienne Florian Boesch, mais à nouveau c’est la tenue globale, ralentie qui finit par se diluer à l’orchestre même si le chanteur, fin diseur, garde le fil linguistique. Les passages les plus forts de cette fresque lyrique inclassable entre opéra et oratorio, selon le voeu de Schumann, restent les deux dernières séquences : où l’éprouvée connaît la rémission et le salut tant recherchés, accomplissement d’une quête harassante mais conduite coûte que coûte au delà de la souffrance et du sacrifice. Aux couleurs onctueuses de l’orchestre, répond la voix éreintée des deux voix défraîchies et sans nerf de Matthews et Padmore, de toute évidence les maillons faibles de cette lecture bancale. Et curieusement, Rattle semble se réveiller dans les dernières mesures, pilotant avec nervosité choeur, soprano, orchestre. C’est un peu tard.

Triste Péri

Au début de la partie III, avec les voix plus caractérisées et nerveuses du Quatuor de la Guildhall School, soudain la tension reprend de la vigueur. Mais retombe vite par la direction étrangement désincarnée du chef.

Hors des exigences de la pratique historiquement informée, souvent imprécise et donc molle, la lecture peine à conserver un semblant de tension. C’est essentiellement un problème avec l’allemand qui pénalise l’expressivité globale, et aussi une vision continument molle dans la direction. On a connu l’Orchestre londonien plus mordant et a contrario définitivement expressif et clair… (avec Gergiev par exemple : Elektra de Strauss. Goerne, Gergiev LOS Live, 2012). Casting perfectible, protagonistes en difficultés et dépassés, orchestre grisâtre… Quel dommage. Enegistré avec les dernières avancées de la technologie (en DSD 128fs), le présent enregistrement, artistiquement, reste faible et bien peu représentatif des capacités de l’illustre phalange londonienne. Annoncé et présenté comme un événement, le coffret est source de déception. A éviter.

 

 

CD, compte rendu critique. Schumann: Das Paradies und die Peri. Sally Matthews, Mark Padmore, Kate Royal, Bernarda Fink, Andrew Staples, Florian Boesch. London Symphony Orchestra, London Symphony Chorus, Quatuor vocal Guildhall School. Sir Simon Rattle. 1 cd LSO Live LSO0782. Enregistrement live au Barbican Center de Londre en janvier 2015.

 

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