CD, critique. JS BACH : Daniel Lozakovich, violon (Concertos BWV 1042, 1041 – Partita n°2 BWV 1004 – DG Deutsche Grammophon 4799372). Il n’avait que 17 ans… Il est encore un enfant mais comme chez … Mozart, il y a une grâce enfantine qui d’emblée pose et affirme l’artiste. Malgré son très jeune âge, le violoniste prodige Daniel Lozakovich (né suédois, en 2001 à Stockholm) impressionne par sa grande maturité artistique, une musicalité inouïe qui creuse la puissance sonore a contrario des bateleurs démonstratifs et un rien agités que l’on entendait jusque là : son intériorité et sa gestion d’un temps émotionnel, nous touchent infiniement; une telle économie pourtant éloquente et véhémente irradie dans la Partita n°2, jouée évidemment solo, dont l’exposition du jeu solitaire, sans aucun artifice subjugue de bout en bout. La lumière irradiante qui émane de son archet, sa pudeur incandescente, la tenue et la ligne de sa sonorité en font l’égal de Menuhin immédiatement mais avec une sensibilité, et une pensée qui renouvellent aussi considérablement le geste violonistique, la projection du son, comme l’énoncé des phrases. Sa Chaconne en ré mineur du même Bach avait impressionné par la hauteur de la conception, la fragilité vibratile de l’émission, l’intensité d’un geste habité, souverain, non par sa certitude mais sa justesse et sa vérité (Verbier été 2016).
Daniel Lozakovitch, le Menuhin du XXIè ?
Premier cd d’un déjà très grand du violon
Tout découle d’une conscience ample, et d’une compréhension parfaite de l’architecture des oeuvres. En signature exclusive pour 3 albums chez DG (contrat signé en juin 2016), voici donc le premier album de la série : jouer JS BACH en ouverture est un pari fou à son âge mais totalement réussi, si l’on en juge par les idées que le jeune interprète nous transmet. La maîtrise et la retenue distante que le jeune inteprrète sait maintenir dans son jeu lui évite minauderie, détails, maniérisme et démonstration de toute sorte.
La probité distingue son jeu d’une clarté et d’une simplicité exceptionnelles. N’écoutez que les 5 épisodes enchainés de la Partita BWV 1004 : l’enchaînement des deux derniers est à pleurer par le miracle d’une lecture évidente, habitée, d’une flexibilité émotionnelle sans fard (Gigue puis Chaconne). Ce premier disque est celui d’un futur très grand du violon. Et l’on se félicite qu’un si grand artiste, n’ait pas suivi le voeu de ses parents qui voulaient en faire un tennisman.
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CD, critique. JS BACH : Daniel Lozakovich, violon (Concertos BWV 1042, 1041 – Partita n°2 BWV 1004 – DG Deutsche Grammophon 4799372). Parution : le 8 juin 2018