mercredi 16 avril 2025

CD, DVD, Livres – les CLICS de CLASSIQUENEWS ( critiques )

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CD, DVD, Livres – les CLICS de CLASSIQUENEWS – retrouvez ici notre sélection des meilleures réalisations récentes cd, dvd, livres distinguées par la Rédaction de CLASSIQUENEWS – chacune s’est vue décerner une très bonne notation voire la récompense suprême : le CLIC de CLASSIQUENEWS   –   Pour lire la critique complète, cliquez sur le visuel de couverture du titre concerné (cd, dvd, livres).

 

 

 

 

 

 

 

 

Octobre et novembre 2022

sélection cd, dvd, livres

 

 

 

 

 

Coup de cœur spécial automne 2022

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CD événement. BRUNO PROCOPIO : Variations Goldberg / 1 cd PARATY   –   C’est pour Bruno Procopio, l’enregistrement qui sonne comme un accomplissement, prolongeant un long travail sur Bach, précédemment réalisé à travers l’Intégrale des Partitas, l’intégrale des sonates pour viole de gambe et clavecin, sans omettre l’intégrale des sonates Württemberg de son fils, C.P.E. Bach. Il était nécessaire de couronner ce cheminement personnel et artistique par le sommet pour clavecin, les Variations Goldberg.
Enregistré à l’Abbaye de Royaumont, le claveciniste et chef d’orchestre – heureux et récent fondateur du JOR, Jeune Orchestre Rameau, affirme une compréhension spécifique de JS Bach, en particulier à travers les Goldberg ; jouant sur un Ruckers double à petit ravalement (A. Kilström, 2000, Suède), Bruno Procopio aborde Bach avec éloquence et sérénité, soulignant l’équilibre et l’urgence de la forme musicale ; la simplicité articulée du geste l’emporte sur tout fausse intériorité, éclairant l’architecture contrapuntique comme peu avant lui.

 

 

 

 

 

 

 

 

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CRITIQUE CD, événement – Elsa Moatti, violon : EXILS (1 cd Klarthe, nov 2021) – L’exil est une voie qui structure et façonne, détermine et accomplit plutôt qu’il n’accable et condamne. Le chemin parcouru, la traversée nourrissent ici un destin qui s’avère lumineux. L’exil n’est pas une fatalité c’est une force qui même imposée, enrichit. Il réveille souvenirs, convoque les absents auxquels le violon prête sa voix… Le programme est ainsi conçu comme une remémoration naturelle, l’activité d’une mémoire qui découvre et se re-découvre.

 

 

 

 

 

 

CRITIQUE CD événement. TRIFONOV : BACH : The Art of life (2 cd / 1 Blu-ray – Deutsche Grammophon, oct 2021) – CLAN LUMINEUX : La Famille Bach, père & fils  –  CD1 – D’abord saluons l’agilité et sensibilité dont le jeu liquide, transparent, d’une tendre douceur très articulée et jamais creuse, indique l’essence prémozartienne du premier Bach ici, Johann Christian (1735 – 1782) qui fusionne virtuosité enivrante, élégance racée et sous les doigts inspirés de Daniil Trifonov, délicatesse, flexibilité, sobriété. Beau contraste avec la pudeur mélancolique de la Polonaise de Wilhelm Friedemann(170- 1784). Un pas est franchi avec l’éloquence dramatique, plus nuancée encore avec le Rondo de CPE Carl Philip Emanuel (1714-1788) qui touche davantage par sa profondeur …

 

 

 

 

 

CRITIQUE CD événement. MONTEVERDI : Vespro di Natale (La Cetra / Marcon – 2 cd DG Deutsche Grammophon) – A la mi temps du XVIIè, Venise à l’époque de Monteverdi et de ses contemporains confirment l’attractivité de la cité des doges ; l’élite européenne ne manque aucune des célébrations de Noël à la Basilique Saint-Marc dont Claudio est le maître incontesté. A défaut de l’acoustique si particulière de la Basilique du doge, Andrea Marcon et ses équipes de La Cetra (basés à Bâle, Suisse) entendent reconstituer (ici à Trévise) les plans sonores, la magnificence à la fois détaillée et voluptueuse d’un temps important de la liturgie vénitienne du premier Baroque.

 

 

 

 

 

 

CRITIQUE CD événement. Codex Las Huelgas (Jordi Savall – 1 cd ALIA VOX, 2021) – Enregistré à l’Abbaye de Fontfroide (Narbonne) à l’été 2021, ce nouvel enregistrement bénéficie de l’approche toujours vivace et caractérisée du chef Catalan, ici entouré des chanteurs de la Capella Reial de Catalunya et des instrumentistes d’Hesperion XXI – à travers les très riches polyphonies de ce manuscrit emblématique, dont les pièces sont réunies vers 1325, les interprètes expriment jusqu’à l’ivresse fervente de pièces toujours conservées dans leur lieu originel (- le monastère cistercien près de Burgos, sur le chemin de Compostelle), et dont les sources remontent  3 siècles avant leur recollement. Les 11 morceaux ainsi sélectionnés rendent compte de la diversité du corpus découvert en 1904 (!), un flamboyant réservoir de formes musicales et chorales, de styles et d’effectifs variés qui remontent jusqu’au IIIè siècle en Syrie : il s’agit donc de textes chantés et instrumentalisés qui composent le socle commun de l’Europe croyante, où se précise le culte central à la Vierge (protectrice du couvent de Las Huelgas) ; où règnent les animaux entre autres, en un bestiaire dont le lion, l’aigle, le poisson, la colombe ou le pélican indiquent plusieurs visages de la foi chrétienne, autant de symboles hautement poétiques (exit les « abominables » mouches car démoniaques) qui excitent l’imaginaire et la ferveur. S’affirme aussi dans ce vaste panorama musical, la révolution de l’Ars Nova (plusieurs mélodies indépendantes chantées simultanément) ciselée par l’école de Note-Dame, Philippe de Vitry et Guillaume de Machaut.

Jordi Savall élabore toute une palette d’accents et de nuances exquises qui ressuscitent l’activité parfois brûlante de la prière et des hymnes d’adoration ; aux côtés des voix de femmes (les nonnes du couvent pour l’alternatim monodique), les hommes (les chapelains du chœur dans l’architecture des polyphonies) se répondent d’une pièce à l’autre, et aussi jouent ensemble. Les visions du Prophète Ezechiel reprennent vie ; la figure mariale s’incarne aussi , avec le mystère impénétrable de la Conception (« O Maria stella, Virgo davitica… »), sans omettre le chant de consolation et de compassion des motets réunis dans le programme (entre autres : « Alpha, bovi et leoni »). La texture des voix, la parure restituée des instruments dont les timbres scintillent (flûtes, cloches, harpe, psaltérion…) accréditent la lecture, aussi engagée qu’orfévrée. Plus d’infos sur le site de l’éditeur ALIA VOX :
https://www.alia-vox.com/fr/catalogue/codex-las-huelgas/

 

 

 

 

 

 

CRITIQUE CD. Dvořák: Legends Op. 59, Czech Suite Op. 39 / Cristian Măcelaru, WDR Sinfonieorchester (1 cd LINN)   –   Le label Linn inaugure ainsi un cycle enregistré avec le WDR Sinfonieorchester, phalange basée à Cologne dont on mesure toujours mal l’historique musical et la longue tradition interprétative. L’excellent maestro Cristian Macelaru insuffle aux deux cycles la verve et la vitalité requises, soulignant l’imaginaire gorgé de couleurs d’un Dvorak qui regarde ici beaucoup du côté du Beethoven de la Pastorale (Symph n°6 : développement dramatique, bois et cuivres à la fête, souplesse rubannée des cordes.)… Legendes opus 59 s’impose par sa force rustique, ses contrastes pastoraux dans une version orchestrale conçue par Dvorak après la version originelle pour piano (4 mains).

 

 

 

 

 

CRITIQUE CD événement. SCHUMANN : intégrale des symphonies (1-4). Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboim, Deutsche Grammophon      Voici assurément une nouvelle intégrale Schumann passionnante à divers titres : et peut-être le dernier legs de Barenboim au disque… Flux continu, organiquement actif, clarté des cordes et des bois, somptuosité des cuivres gorgés de rondeur enivrée, majestueuse… le geste de Daniel Barenboim semble renouveler par son lyrisme équilibré, son autorité architecturale la réussite de ses récentes symphonies d’Elgar pour Decca.

 

 

 

CRITIQUE CD. RAMEAU chez La Pompadour : Le retour d’Astrée / Les sybarites (LN Bestion de Camboulas, 1 cd Alpha, Périgueux août 2021)   –   Rameau et La Pompadour : les 2 piliers d’un âge d’or artistique. Tout commence en 1745, quand après sa « guérison miraculeuse » à Metz, Louis XV rencontre pendant les fêtes mariales du Dauphin, sa future maîtresse, Jeanne Poisson, bientôt marquise de Pompadour, favorite et amie pendant 20 ans. C’est elle qui extrait le souverain de sa léthargie mélancolique voire dépressive, grâce aux divertissements et fêtes qu’elle favorise avec la sensibilité et le style idéal que l’on sait. Plus que Mondonville, plus jeune, c’est Rameau, compositeur en titre qui lui livre la musique dont elle rêve : éclatante, raffinée, tendre et spectaculaire…

 

 

 

 

 

CRITIQUE CD, événement. BLANCHE SELVA, transcriptions pour piano (Franck, D’Indy, Séverac) – Christophe Petit, piano. Enregistré en juin 2021 – 1 cd CIAR classicsBlanche Selva, transcriptrice. Voilà un programme qui tout en dévoilant le talent créatif de la compositrice Blanche Selva  (1884-1942), indique dans ses choix les filiations oubliées : Blanche Selva demeure une interprète particulièrement inspirée de D’Indy ; œuvra pour la diffusion de Franck ; s’imposa comme « l’alter ego » de Séverac. A travers ses transcriptions, s’affirme une pianiste virtuose qui a compris les enjeux expressifs et techniques, poétiques voire philosophiques de chaque écriture à sa source; pour chaque pièce transcrite, Selva, parfaite élève de la Schola Cantorum, mesure, commente, sublime

 

 

 

 

 

CRITIQUE CD. MEYERBEER : Robert le diable. M Minkowski – 3 cd Palazzetto Bru Zane  –  En réussissant l’équation grandiose et intimisme, spectaculaire et tendresse pathétique, collectif et individualités, Robert le Diable créé en 1831 (opéra Le Peletier) est un modèle opératique  du « grand opéra » à la française ; la présente lecture unifie cette totalité en apparence éclectique ; elle reprécise le relief des personnalités, comme l’enjeu des ensembles. Dans un contexte de manipulation diabolique, riche en apparitions surnaturelles s’impose évidemment la fameuse pantomime au tombeau de Sainte-Rosalie, peinte par Degas, tableau des nonnes, fermant l’acte III, qui pilotées par Bertram, envoûtent et séduisent littéralement, à coup de bassons sardoniques et grimaçants,… le trop naïf Robert, objet d’une emprise infernale. 

 

 

 

 

CRITIQUE CD, événement. VALENTIN SILVESTROV : Maidan 2014, Kyiv chamber Choir – M Hobdych (1 cd ECM New series, 2016)   –    Après l’attaque des Russes contre l’Ukraine (24 fév 2022), le compositeur ukrainien Valentin Silvestrov, 84 ans, quitte Kyiv, la capitale, le 6 mars avec sa fille, … et une valise remplie de partitions ; il fuit ainsi sa ville natale (où il naquit en 1937) pour Berlin, rejoint après 3 jours d’un périple difficile. Depuis lors, exilé, réfugié, Silvestrov partage le sort de millions d’Ukrainiens.
Le sujet de cet enregistrement réalisé en 2016 en la Cathédrale Saint-Michel) est Maidan, formidable manifestation ukrainienne de fév 2014 (ou révolution ukrainienne) contre le parti pro russe et pour le rapprochement avec l’Union Européenne. Silvestrov depuis lors a réalisé comme une chronique musicale portant témoignage des événements politiques qui bouleversent le destin de la nation ukrainienne …

 

 

 

 

 

CRITIQUE CD événement. INSIEME (ensemble) : Jonas Kaufmann / Ludovic Tézier – A Pappano (1 cd SONY classical – Rome, mai 2021)   –   Les confinements imposés par la pandémie de la covid ont exposé leur engagement pour libérer l’activité des artistes ; ensemble (Insieme) les deux solistes lyriques, chacun champion dans leur catégorie vocale, se sont liés indéfectiblement, en particulière artistiquement comme en témoigne ce somptueux récital à deux voix qui sublime surtout l’écriture verdienne de la Forza del destino et d’Otello

 

 

 

 

 

CRITIQUE CD événement. « SECRET LOVE LETTERS » / Lisa Batiashvili, violon : Franck, Szymanowski, Chausson. Philadelphia Orchestra, Y Nézet-Séguin [1 cd Deutsche Grammophon -2022] – En abordant l’élégantissime et si subtile Sonate pour violon et piano de César Franck (1886), la violoniste Lisa Batiashvili affirme un tempérament artistique aussi ambitieux qu’original. Elle étire une sonorité riche en nuances, soignant l’intensité du chant, sa profondeur, sa grande pudeur élégiaque. En étroite fusion avec son partenaire familier, le pianiste Giorgi Gigashvili, le violon rayonne de souplesse, de couleurs, de nuances… n’écartant ni la puissance mélodique, ni la complexité de l’architecture qui unifie chaque mouvement, les accordant en un continuum organique au souffle souverain, soulignant combien chacun découle du précédent grâce au principe cyclique.

 

 

 

 

 

CRITIQUE CD. OLIVIA GAY : Whisper Me A Tree – Olivia Gay, violoncelle — Orchestre national de Cannes – Benjamin Lévy, direction – 1 cd Fuga Libera – Le parcours de ce programme très équilibré répond idéalement à l’engagement de l’interprète pour la défense de la nature, des arbres, pour la sanctuarisation des forêts… Les motifs et sujets célébrant la nature et le chant du vivant ainsi suggérés se réalisent au fur et à mesure, dans le passage d’une partition à l’autre. D’Elgar, on distingue l’élégance bienheureuse, la nonchalance allégée pour un « matin » d’une sérénité voluptueuse ; le « Papillon » de Fauré entame sa course volubile, prétexte à une séquence souple et active – Dans « Three High Places », Adams joue sur les vibrations et un jeu arachnéen, ciselé, évanescent en phase ou à l’écoute des résonances ténues, du microcosme et des éléments immatériels comme le souffle d’Eole, claire référence au « vent à Maclaren ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CRITIQUE CD événement.  Fauré dramaturge – MUSICA NIGELLA, Takénori Némoto – 1 cd Klarthe records)    Takénori Némoto et son ensemble chambriste Musica Nigella cultivent la transparence, la couleur et les nuances ; une équation qui va idéalement aux pièces de ce programme qui met l’accent sur le Fauré « dramaturge », auteur de musiques pour la scène… Le chef japonais est aussi cor solo, aujourd’hui reconnu ; d’où cette sensibilité instrumentale spécifique qui se manifeste dans des équilibrages sonores ciselés, en parfaite symbiose avec la délicatesse fauréenne, sommet de la suggestion et des harmonies subtiles. 

Dès la Pavanne (portrait de la Comtesse Greffulhe, égérie de Proust et modèle probable de sa Comtesse de Guermantes), la ligne du cor (mais aussi de chaque instrument soliste exposé) se détache avec une clarté enivrante ; voilà la marque de ce cycle raffiné : sa transparence sonore et sa somptueuse sensibilité instrumentale. La Pavane, entre tendresse et mesure, s’impose ; on comprend dès lors qu’elle fut mise en ballet par Leonid Massine pour les Ballets Russes, 30 ans après sa création en 1887 ; que Fauré l’ait intégré dans le cycle « Masques et Bergamasque ». 

Les pièces maîtresses sont ici « Shylock » (1889, dans la version restaurée par Némoto lui-même) et surtout la suite de « Pelléas et Mélisande » (1989, orchestration de Koechlin). S’y joint le cycle inédit du « Voile du bonheur » (1901) enfin de « Masques et Bergamasques » de 1919, qui a l’exception de « Pastorale », recycle des morceaux antérieurs. Commande du Prince de Monaco (Albert Ier), les 4 pièces ainsi enchâssées forment après la guerre, un sommet néoclassique qui célèbre le génie rassurant et ultra poétique de Fauré à l’Entre deux guerres. 

Shylock diffuse une sensualité fleurie que certains trouveront maniérée, « vieille France », mais l’intervention de chaque instrumentiste sculpte une architecture élégantissime où brille le sens de la couleur et du timbre ; où rayonne aussi le timbre clair, vaillant de Cyrille Dubois dans les deux airs (1 et 4, Prélude puis Madrigal). Même ivresse suspendue pour la Chanson de Mélisande où le soprano shakespearien / ophélien (texte en anglais) de Cécile Achille brille comme un diamant précieux. Pour ses phrasés évocateurs, son intelligence sonore, l’originalité des pièces assemblées, le programme est superlatif. D’où notre CLIC de CLASSIQUENEWS automne 2022.

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CRITIQUE CD, événement. Fauré dramaturge – MUSICA NIGELLA, Takénori Némoto. Enregistré en mai 2021 – 1 cd Klarthe records – PLUS D’INFOS sur le site de l’éditeur Klarthe records /  https://www.klarthe.com/index.php/en/records-en/faure-le-dramaturge-detail

 

 

 

 

 

 

 

 

CRITIQUE, CD événement. Muriel CHEMIN : Intégrale BEETHOVEN piano sonatas / sonates pour piano (Odradek records 2022 – 10 cd box)   –   L’approche est d’autant plus juste et engagée que Ludwig est depuis des années, certainement depuis toujours, le compagnon de la pianiste (lauréate du Concours Hennessy-Mozart). Si son maître, Jean Manuel, lui a inculqué le goût des auteurs germaniques et russes, sans compter Wagner, si Maria Tipo lui a fait travaillé Mozart, Haydn et Schumann, c’est pourtant Beethoven que son coeur place au devant de tout et des autres. Celle qui a enseigné en Italie et en Autriche est moins connue en France où l’on semble (re)découvrir des affinités réelles, mystérieuses, irrésistibles avec Beethoven. De fait, chaque gravure de Beethoven lui a valu une reconnaissance unanime, dont celle du maestro Giulini, entre autres, admiratif après l’écoute des 3 dernières Sonates.

 

 

 

 

 

 

 

 

CRITIQUE – CD Livre PROUST / Trio George Sand : Écrits dans une sorte de langue étrangère (2 cd Elstir) – oct 2022.

Pour le centenaire de la mort de Marcel Proust (18 nov 1922), le Trio George Sand réunit un brillant aréopage artistique (entre autres : Belinda Cannone, Elsa Fottorino, Jérôme Prieur,…) pour célébrer l’œuvre Proustienne, l’hypersensibilité de l’ « écrivain musicien », habile à exprimer les vibrations de son époque, en termes autant poétiques que musicaux (on lui doit quand même la construction de la Sonate de Vinteuil, à la fois motif musical et littéraire, emblème de toute un époque / étendard né à la confluence entre musique et littérature…). L’émulation collective dont ce livre est le prolongement s’est initialement cristallisée à l’occasion du centenaire – la figure  fertile de l’auteur de la « Recherche » est ici célébrée à travers des lectures de comédiens, dans le jeu de textes d’écrivains contemporains et de partitions d’aujourd’hui (en liaison avec le festival « Les Journées Musicales Marcel Proust »)… 

A l’écoute ainsi, le Trio n° 7 opus 97 « À l’Archiduc » de Beethoven (Trio George Sand avec Virginie Buscail au violon / Diana Ligeti au violoncelle, en dialogue avec la voix de Loïc Corbery dans un extrait du premier tome de la « Recherche » sur la fameuse Sonate de Vinteuil précitée…CD1) ; comme la remémoration et le travail critique, recréatif sur la mémoire opère son oeuvre fertile dans le cas de Proust, le texte, le verbe Proustien fécondent aussi les auteurs contemporains tel Gérard Pesson… Tout indique dans l’écriture proustienne, son chant naturel, sa musique viscérale. Une évidence pour celui qui organisa l’écoute des derniers Quatuors de Beethoven dans son appartement parisien, ou suivit l ‘écoute de Pelléas et Mélisande à sa création en 1902 grâce au téléphone naissant. 

Le CD2 regroupe plusieurs œuvres engendrées dans l’examen des éléments créatifs chez Proust : la source inspire Jean-Frédéric Neuburger (« Sehr bestimmt » pour violon), Charles Heisser, Philippe Leroux, Noriko Baba, Mauro Lanza, Gabriel Marghieri,- et donc Gérard Pesson (« Portraits de musiciens » inspirés eux-mêmes des portraits de peintres rédigés par Proust et mis en musique par Reynaldo Hahn)… Ici le vertige poétique proustien ne se peut concevoir et mesurer  qu’au carrefour de sensations multiples, dans le dialogue des arts et disciplines divers, croisés, métissés. Vertus et apports de confluences et associations artistiques vivantes. 

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CRITIQUE – CD Livre PROUST / Trio George Sand : Écrits dans une sorte de langue étrangère (2 cd Elstir) – Parution : oct 2022.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

WEINBERG : Symphonie n°3, n°7, Concerto pour flûte –  Mirga Gražinytė-Tyla (1 cd Deutsche Grammophon). De toute évidence, le catalogue de Weinberg est l’apport le plus important depuis les 2 dernières décades, à l’histoire symphonique du XXè. Ce qui s’apparente telle une intégrale en cours chez DG Deutsche Grammophon, comble évidemment un manque évident, qu’il est temps de réparer. D’autant que le compositeur a laissé 27 symphonies. Après ses précédents enregistrements des Symph 1 et 21 (DG, 2019), la cheffe lituanienne Mirga Gražinytė-Tyla (née en 1986) convainc tout autant, dès la Symphonie n°7 qui associe les notes cristallines du clavecin au nuage orchestral, entamant entre les deux, un dialogue sonore des plus captivants (les deux premiers mouvements). Le Scherzo halluciné s’impose…

 

 

 

 

 

 

 

CRITIQUE, DVD BLU RAY. WAGNER : Der Fliegende Holländer, Bayreuth 2021. Zeppenfeld, Grigorian. Oksana Lyniv / Dmitri Tcherniakov. 1 DVD / BLU RAY Deutsche Grammophon  –  Evidemment, fidèle à son principe de réécriture, le metteur en scène révise les relations, réadapte l’intrigue, en particulier la fin (comme il l’a fait pour Carmen et aussi Les Troyens, sans omettre sa relecture de Dialogues des Carmélites qui avait suscité les foudres judiciaires des ayant droits de Poulenc…) ; Ici, le vrai héros c’est la revanche du Hollandais, être maudit qui utilise Senta – l’amour de celle-ci pour obtenir son salut (et la fin de son errance éternelle). Pendant l’ouverture, une nouvelle action théâtrale s’accomplit, éclairant la liaison entre la mère du Hollandais et … Daland qui l’écarte rapidement. Le Hollandais n’aura de cesse d’obtenir vengeance car sa mère s’est suicidée.

 

 

 

 

 

CRITIQUE, CD événement. HANS ROTT : Symph n°1 – Bamberger Symphoniker – Jakub Hrůša (Deutsche Grammophon).  La figure de HANS ROTT (1858–1884) proche de Bruckner et de Mahler, dépressif et mort à.. 25 ans (!),  reste une légende inclassable ; l’âge et un destin fauché empêcheraient une estimation objective ? ; du fait de sa seule symphonie, en l’absence d’un corpus symphonique qui promettait bien d’autres développements, le compositeur disparu trop tôt est banni d’une estimation à la mesur de son talent réel : dans bien des cas, Rott est taxé de suiveur inabouti entre les deux compositeurs précités ; or sa Première Symphonie (composée en 1880 – découverte en 1989) démontre tout l’inverse ; l’activité maîtrisée d’une puissante créativité douée d’un profondeur manifeste

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LIVRES

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LIVRE événement. Offenbach, musicien européen (Actes Sud, Palazzetto Bru Zane)    Textes et contributions témoignent de la diversité des approches et des clés de compréhensions que permet l’étude de la musique et du drame conçus par Offenbach – les 29 textes disent suffisamment  la pertinence et la diversité des essais critiques et thématiques sur l’œuvre offenbachienne ; de quoi renseigner sur la richesse du colloque Offenbach qui s’est tenu à Cologne et à paris en juin 2019 (pour le bicentenaire de la naissance d’Offenbach à Cologne); on y détecte les avancées les plus captivantes de la recherche la plus récente : révision des moments clés de la vie du « plus parisien des compositeurs » ; analyse de certaines partitions devenues emblématiques de la « technique d’écriture »  (Le roi Carotte, La Belle Hélène, Les Contes d’Hoffmann…); regards sur la diffusion des opéras en Europe ; fortune critique d’une œuvre de plus en plus jouée et comprise dans sa complexité poétique et sa richesse dramaturgique ; certains textes semblent plus régénérateurs que d’autres, assumant des comparaisons audacieuses au profit indiscutable (Wagner – et son sens du drame et de la mélodie / Offenbach – dont le génie du rythme et de l’ivresse est distinctement analysé…) ; « osant » même une relecture sulfureuse des origines de l’opérette en relevant des connotations pornographiques (« la naissance de l’opérette dans l’esprit de la pornographie »), sans omettre l’analyse de la passion du chef Klemens Kraus pour le théâtre d’Offenbach dans la Vienne des années 1910 à 1930…  Captivant. 

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Offenbach, musicien européen (Actes Sud, Palazzetto Bru Zane) – PLUS D’INFOS sur le site de l’éditeur Actes Sud : https://www.actes-sud.fr/catalogue/arts/offenbach-musicien-europeen – Co édition [Actes Sud] Beaux-Arts / Palazzetto Bru Zane – Parution : Novembre, 2022
16.40 x 24.00 cm – 516 pages    ISBN : 978-2-330-17132-2 – Prix indicatif : 45€

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Sélection cd, dvd, livres réalisée par la Rédaction de CLASSIQUENEWS

 

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