Après leur premier cd « La Cité céleste » édité chez Paraty également, l’ensemble fondé par Olivier Spilmont, ALIA MENS signe derechef une superbe lecture individualisée et fervente qui dès la Sinfonia e coro de la BWV 131, énonce sa prière qui vaut humilité et consolation. Le souci du texte, son articulation, le chambrisme électrisé façonnent un Jean-Sébastien Bach à la fois épuré, précis, d’une profondeur régénérée.
L’approche très humanisée privilégie la clarté des lignes, instrumentales comme vocales ; l’assemblée des croyants se précisent à travers les solistes en dialogue, qui doutent, prient, s’enthousiasment.
Le geste musical dit à la fois le dénuement face au mystère divin et aussi l’espérance qu’il fait naître pour le salut autant individuel que collectif. Tout le programme oscille avec délices entre le doute et l’espérance avec une finesse d’intonation et une attention à l’équilibre des timbres qui force l’admiration. Olivier Spilmont a choisi des solistes de premier plan : habités par la nécessité de la délivrance, conscients de la gravité tragique de la condition humaine ; les inflexions de la musique sous la direction du chef claveciniste ne résolvent pas les tensions mais soulignent et articulent l’ambivalence de chaque séquence, entre effroi et volonté de dépassement voire exaltation.
Olivier Spilmont / Alia Mens signent
un Bach miraculeux…
3 cantates magistralement incarnées
De l’ombre du doute à la lumière de l’espérance
De fait contre la mélancolie qui pourrait submerger le croyant égaré, les 3 cantates illustrent bien le titre « Anti-Melancholicus », célébrant l’homme véritable qui sait ressentir l’angoisse comme produire sa propre reconstruction. Elles rassemblent et fédèrent dans un esprit de fraternité consolatrice ; ainsi le sublime aria d’ouverture de la BWV 13 : « Meine Seufzer, meine Tränen… » qui dépasse les 7 mn : ténor, flûtes et hautbois éperdus, extatiques, aux accents intérieurs vertigineux) – chaque soliste exprime l’infini du mystère (percutant et enivré alto William Shelton dans le court récitativo qui suit mais ô combien saisissant « Mein Liebster Gott »), jusqu’à l’accomplissement, retenu, suspendu, énigmatique, porté par les 2 flûtes à bec de la Sonatina qui ouvre avec quel miracle la BWV 106 / Actus tragicus, véritable épiphanie musicale (2mn30 de pure grâce où le divin semble se révéler à nous et avec lui toute la tendresse du Christ miséricordieux) : et dans le Chorus « Es ist der alte Bund », chaque pèlerin arpente le chemin, exprimant son humble prière, solitude à la fois recueillie et démunie…mais viscéralement habitée par la certitude.
L’album est aussi construit comme une marche progressive du doute vers la lumière, jusqu’aux cimes de la « cité céleste », à la fois idéal et vision fugitive, évoquée dans le cd précédent. L’album ANTI MELANCHOLICUS est une superbe réalisation qui affirme ALIA MENS au sein d’un cénacle confidentiel des meilleurs interprètes d’un BACH à la fois humain et transcendant, aussi esthétiquement ciselé, que profond et subtilement incarné. CLIC de CLASSIQUENEWS. Prochaine critique complète à venir, le 10 mars (date de sortie de l’album). Enregistrement réalisé en sept 2021, Montreuil sur Mer.
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AGENDA : Retrouvez Alia Mens et Olivier Spilmont à Boulogne sur Mer, au Théâtre Monsigny, lors du Festival OSTARA, du 17 au 19 mars 2023 : https://www.classiquenews.com/boulogne-sur-mer-festival-ostara-du-7-au-19-mars-2023/
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