CD événement, annonce. STRAVINSKY : Chant funèbre, première par Riccardo Chailly (1 cd Decca). Couplé avec une nouvelle lecture du Sacre du printemps, le Chant funèbre de Stravinsky est enregistré pour la première fois, grâce à la complicité de Riccardo Chailly et de l’orchestre du festival de Lucerne, dont le chef italien prend les rênes peu à peu depuis la disparition de son fondateur, Claudio Abbado. La partition inédite de plus de 10 mn est le point d’orgue de ce nouveau cd édité par Decca. L’opus 5 a été découvert à St-Pétersbourg au printemps 2015. Composé à l’été 1908 en mémoire du maître de Stravinsky, Rimski-Korsakov (décédé en juin précédent), la partition orchestrale a vite disparu après sa création en 1909 alors que le compositeur la tenait pour son œuvre la plus aboutie sur le plan chromatique, et l’une des meilleures « après L’Oiseau de feu ». Le Chant funèbre renseigne sur le style premier de Stravinsky, sa facilité harmonique et rythmique et sa grande versatilité dans les genres et les combinaisons sonores. 5 ans après Le Chant funèbre, Stravinsky conçoit le choc prodigieux du Sacre (enregistré aussi pour le même disque).
CONTEXTE DE LA DECOUVERTE EN 2015… A l’occasion de la restauration de l’ancien bâtiment du Conservatoire de Saint-Pétersbourg, début 2015, nombre de documents ont été transférés pour permettre la réfection des salles. Parmi eux, le personnel découvre une partition (partie pour flûte, intitulée « Pogrebalnaïa pesnia » : le Chant funèbre de 1908, dans sa réalisation pour la création de 1909 au sein des concerts symphoniques russes). L’oeuvre reconstituée a été recréée officiellement le 2 décembre 2016 par Gergiev au Mariinsky.
Riccardo Chailly dans le programme édité par Decca restitue le contexte stylistique du Chant Funèbre. Il prend soin d’enregistrer les oeuvres qui précèdent, très imprégnées du style classique de Korsakov : Scherzo fantastique (1907), Feu d’artifice (1908), sans omettre le cycle pour voix et orchestre d’après Pouchkine, Le faune et la bergère (1906).
Au moment de composer le Chant funèbre, Stravinsky écrit ses plus grandes fresques orchestrales, dans un style de plus en plus direct et sauvage qui préfigure le sommet rythmique du Sacre de 1913 : L’Oiseau de feu (1909), Le Rossignol (1908-1914), Pétrouchka (1910-1911).
Déjà dans le début du Chant funèbre, la fanfare et l’harmonie grave, sombre, voire lugubre (bassons, clarinettes, trombones, tuba…) préfigure le climat inquiétant à l’amorce de L’Oiseau de feu. Chaque instrument dépose sa gerbe sur la tombe du Maître honoré, dans un crescendo à l’ampleur wagnérienne (Parsifal). L’opposition vents / cordes structure l’architecture de la partition lente et progressive. Après 106 ans d’un oubli impardonnable, la partition du Chant Funèbre est enfin ressuscitée, au concert et ici par le disque, dans ce premier enregistrement mondial, jalon désormais essentiel pour comprendre la « comète » Stravinksy, jeune génie issu du Conservatoire de Saint-Pétersbourg, et doué d’une frénésie stylistique époustouflante.
Riccardo Chailly a enregistré en live la partition inédite pour le disque, au Festival de Lucerne 2017 (août 2017). Prochaine grande critique du cd Le Chant Funèbre et le Sacre du Printemps de Stravinsky par Riccardo Chailly dans le mg cd dvd livres de classiquenews.
CD événement, annonce. STRAVINSKY : Chant funèbre, première discographique par Riccardo Chailly (1 cd Decca)
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