mercredi 23 avril 2025

CD événement, critique. ANIME AMANTI. Roberta Mameli, soprano. Luca Pianca, luth (1 cd Alpha)

A lire aussi

Roberta mameli anime amanti cd alpha critique review cd par classiquenews clic de classiquenews de novembre 2017 3760014192913_600CD événement, critique. ANIME AMANTI. Roberta Mameli, soprano. Luca Pianca, luth (1 cd Alpha). Voici assurément un récital titre d’une cohérence stylistique aussi intense que cohérente, choisissant son sujet parmi les premiers compositeurs monodiques du début du XVIIè (en particulier florentins), et jusqu’à l’âge d’or de l’opéra vénitien avec Monteverdi (Le Couronnement de Poppée, 1642, dont l’air tragique et sublime d’Ottavia termine le cycle d’environ 1h08mn). En plus de nous révéler la beauté de textes amoureux parmi les plus intenses de la littérature musicale, le récital de janvier 2016, confirme l’exceptionnelle plasticité dramatique du soprano de Roberta Mameli. Dont le chant souple, ductile, incarné, sensuel et juste enivre jusqu’au vertige. Voici une authentique diseuse, respectueuse du poème, servante des sentiments et des affects ainsi collectés et contenus dans chaque épisode.

S’affirme au cours du programme, parfaitement agencé, la déclamation mordante, ivre, hallucinée et toujours languissante, d’une sensualité qui annonce déjà Monteverdi (Amarilli, mia Bella du Florentin Giulio Caccini, le plus poète d’entre tous alors, que la diva sait électriser avec une subtilité étonnante ; avec d’autant plus d’intense ardeur, de vocalità dramatique que la voix se suffit du seul accompagnement au luth (très fin Luca Pianca).
C’est une odyssée monodique a voce sola, vécue, investie comme une introspection au rythme croissant. Le monologue d’une âme en perdition ou accomplissement qui repousse toujours les limites du théâtre musical.
Le tact avec lequel la soprano déclame ensuite le Merula plus âpre, entonné comme une prière (Folle è ben che si crede) confirme les affinités de la diseuse de ce premier baroque italien avec les textes choisis. De textes, il en est essentiellement question, tant la poème prime sur la musique : son articulation, sa vivante déclamation.
Le chant exprime la certitude éprouvée de l’amant, la plainte de l’amoureuse languissante ou trahie. Nous voici bien aux origines du drame lyrique italien, de l’opéra tout court.

Dans cette monodie parsemée d’éclairs, de ravissements, de vertiges qui en une hypnose amoureuse confinant à l’obsession, voisine aussi avec la folie consciente, l’ivresse et la transe émotionnelle. C’est tout d’un coup cette modernité sincère, cette vérité qui saisit jusqu’à l’effroi qui surgissent dans ce chant à la fois incandescent et superbement murmuré, canalisé, ciselé, filigrané. Pareil maîtrise rejoint celle du baryton Marc Mauillon qui lui aussi avait choisi de célébrer la lyre italienne du XVIIè mais sur un thème unique et fédérateur, celui d’Orphée / orfeo. LIRE ici notre critique du cd Li Due Orfei par Marc Mauillon 5 1 cd Arcana, CLIC de Classiquenews d’avril 2016).

CLIC_macaron_2014Ce que réussit la soprano Roberta Mameli atteint le même objectif : une incarnation juste soucieuse du texte. Le dernier air, celui de l’impératrice Ottavia, l’Addio Roma, l’adieu à Rome, car elle est ici répudiée par son époux Néron (qui lui préfère alors Poppea), et mesure l’étendue de son infortune, conclut un cycle de séquences allusives, s’éreintant entre folie, ivresse, hallucination. C’est déjà la folie des Lucia et des Amina… une préfiguration de ce que sera l’âge d’or du bel canto au XIXè sous la plume des Bellini et Donizetti. Sens du phrasé, écoute intérieure des mots, legato préservé, finesse de l’intonation… Roberta Mameli nous offre une leçon de chant à la fois virtuose et remarquablement habité. L’intelligence des nuances, ce sens du repli et de l’anéantissement sont les marques d’une grande … très grande interprète. Celle qui sait dans le chant seul, exprimer toutes les nuances des sentiments les plus ténus. Et s’il existait un premier Belcanto, celui extatique des Italiens du XVIIè ? Roberta Mameli en est l’une des ambassadrices. Magistral récital.

———————————

CD événement, critique. ANIME AMANTI. Roberta Mameli, soprano. Luca Pianca, luth (1 cd Alpha – enregistré en janvier 2016 – CLIC de CLASSIQUENEWS de novembre 2017.

Derniers articles

CRITIQUE, concert. CARACAS, Sala Simon Bolivar, Sistema, Dimanche 13 avril 2025. Orchestre Baroque Simon Bolivar, Bruno Procopio

Dimanche 13 avril 2025, dans la grande Sala Simón Bolívar du Centro Nacional de Acción Social por la Música...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img